lundi 15 juin 2015

Les frontières de sang


Article original de Ralph Peters publié le 1er Juin 2015 sur le site armedforcesjourtnal
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr/ 


Préambule


Curieusement, cet article n'a jamais été traduit alors qu'il continue d'être disponible sur le site http://www.armedforcesjournal.com/blood-borders qui est un des organes de communication informel de l'armée américaine. On peut donc supposer qu'il reste d'actualité, ce qui explique sa popularité dans nombre d'articles traitant de la géopolitique du Moyen-Orient. L'actualité au Yémen, en Irak et en Syrie donne un éclairage particulier à cet article publié en 2006. L'auteur Ralph Peters est toujours vivant et continue de s'activer comme en témoigne les 30 modifications en 2015 sur sa page Wikipedia.


A quoi ressemblerait un meilleur Moyen-Orient ?


Peters’ “Blood borders” map


samedi 13 juin 2015

Le PetroYuan est né


Article original de Tyler Durden publié le 9 Juin 2015 sur le site http://zerohedge.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr/ 


Gazprom règle maintenant toutes ses ventes de brut à la Chine en yuan

Les deux sujets que nous avons jugés très importants pour une compréhension approfondie de la finance mondiale, mais aussi le glissement du paysage géopolitique, sont la mort du pétrodollar et l’idée de l’hégémonie du yuan.

En novembre dernier, dans l’article How The Petrodollar Quietly Died And No One Noticed, nous avons dit la chose suivante au sujet de la disparition au ralenti du système qui a servi à perpétuer des décennies de domination du dollar :

Il y a deux ans, à voix basse au début, puis de plus en plus fortement, le monde financier a commencé à discuter de ce qui ne sera jamais débattu publiquement – la fin du système qui selon beaucoup a encadré et facilité le statut de monnaie de réserve du dollar américain : le pétrodollar, ou le monde dans lequel les pays exportant du pétrole devaient recycler les dollars qu’ils avaient reçus en échange de leurs exportations de pétrole, par l’achat d’actifs libellés en dollar US, augmentant la solidité financière de la monnaie de réserve, et conduisant à des prix encore plus élevés des actifs et encore plus d’achats libellés en dollars US, et ainsi de suite, dans un cercle vertueux (surtout si l’on détenait des actifs libellés en dollars américains et en monnaie US imprimée).



La principale poussée pour cet éloignement du dollar, lancée dans les médias non traditionnels, venait de la Russie et de la Chine, ainsi que du reste des pays des BRICs, qui cherchaient de plus en plus à se distancier du leadership US, du statu quo du monde développé mené par le FMI. Ces pays aspirent à un commerce mondial qui aurait lieu de plus en plus grâce à des accords bilatéraux qui contournent entièrement le (petro-) dollar. Et bien sûr, cela a certainement eu lieu, avec d’abord la Russie et la Chine, puis l’Iran, et de plus en plus de pays en développement, qui traitent entre eux, en contournant entièrement le dollar US, et s’engagent dans des accords commerciaux bilatéraux.

La chute des prix du pétrole brut a servi à accélérer la disparition du pétrodollar et, en 2014, les pays de l’OPEP ont drainé des liquidités depuis les marchés financiers pour la première fois en près de deux décennies :



Goldman Sachs estime qu’un nouveau prix du pétrole à l’équilibre (soit un ralentissement durable) pourrait entraîner une fuite nette de pétrodollars de $24 Mds par mois soit près de $900 Mds d’ici à 2018. Les implications, comme le note Bank of America, sont considérables : «… la fin de la chaîne de recyclage des pétrodollars va avoir un impact sur tous les sujets, de la géopolitique russe, à la liquidité globale du marché des capitaux, à la demande de refuge pour les bons du trésor, aux tensions sociales dans les pays en développement, à la stratégie de sortie de la Fed.»

En se projetant vers l’idée de l’hégémonie du yuan, la Chine pousse de façon agressive son fonds d’investissement de la Route de la Soie et la Banque asiatique d’investissement.

Ce fonds de $40 Mds est soutenu par China’s FX reserves, par la Banque Export-Import de Chine et la Banque de développement de Chine et cherche à augmenter le ROIC [Retour sur investissement du capital] pour les entreprises publiques chinoises en investissant dans des projets d’infrastructure à travers le monde en développement, tandis que les $50 Mds de l’AIIB sont financés par les 57 pays membres fondateurs (les États-Unis et le Japon n’ont pas adhéré) et serviront à bouleverser les institutions multilatérales occidentales [FMI, entre autres] traditionnellement dominantes qui ont échoué à répondre à l’influence économique croissante de leurs membres. La Chine va pousser pour que le yuan joue un rôle de premier plan dans le règlement des transactions de l’AIIB et pourrait chercher à établir des réserves spéciales, tant dans l’AIIB que dans le fonds pour la Route de la Soie pour émettre des emprunts libellés en yuans.

Si on revient à début novembre, les données SWIFT ont montré que 15 nouveaux pays ont rejoint la liste des nations réglant plus de 10% de leurs accords commerciaux avec la Chine en yuans. «C’est un bon signe pour l’adoption du yuan à l’international. En particulier, l’usage du yuan  pour les paiements au Canada, qui a considérablement augmenté au cours de cette période, est très intéressant alors que nous n’avons pas vu une forte adoption du yuan en Amérique du Nord à ce jour», a dit Astrid Thorsen, qui dirige le bureau d’investigation de SWIFT.

Plus tôt ce mois-ci, la Chine et la Russie ont indiqué qu’à l’avenir, une part plus importante du commerce entre les deux pays serait réglé en yuan. Sur Reuters, en novembre dernier :

La Russie et la Chine ont l’intention d’augmenter le montant des échanges établis en yuans, a déclaré le président Vladimir Poutine dans un discours qui a été accueilli favorablement par les autorités chinoises, qui veulent utiliser leur monnaie plus largement dans le monde entier.

Sous l’impulsion de leurs relations souvent tendues avec les États-Unis, la Russie et la Chine ont longtemps préconisé la réduction du rôle du dollar dans le commerce international.

Restreindre l’influence du dollar cadre bien avec les ambitions de la Chine d’augmenter l’influence du yuan et, finalement, de le transformer en une monnaie de réserve mondiale. Avec 32% de ses $4 000 Mds de réserves de change investies dans la dette du gouvernement américain, la Chine veut réduire les risques d’investissement en dollar.

La quête pour limiter la domination du dollar est devenue plus urgente pour Moscou cette année, alors que les États-Unis et les gouvernements européens ont imposé des sanctions à la Russie pour son soutien aux rebelles séparatistes en Ukraine.

«Dans le cadre de notre coopération avec ce pays (la Chine), nous avons l’intention d’utiliser les monnaies nationales dans les transactions mutuelles. Les contrats à base de roubles et de yuans se mettent en place. Je tiens à souligner que nous sommes prêts à étendre ces possibilités dans nos transactions commerciales concernant les ressources énergétiques», a déclaré M. Poutine à l’époque, ce qui suggère qu’à l’avenir, la Russie pourrait chercher à régler les ventes de pétrole en yuan.

Effectivement, Gazprom a confirmé que depuis le début de l’année, toutes les ventes de pétrole vers la Chine ont été réglées en yuan. Voici un commentaire publié sur le Financial Times:

Le troisième plus grand producteur de pétrole de la Russie a maintenant libellé l’ensemble de ses ventes de brut vers la Chine en yuan, comme le signe le plus clair que les sanctions occidentales ont entraîné une augmentation de l’utilisation de la monnaie chinoise par des sociétés russes.

Les dirigeants russes ont parlé de la possibilité d’un passage de la devise américaine au yuan alors que le Kremlin a lancé une politique étrangère de pivot vers l’Asie en partie en réponse aux sanctions occidentales contre Moscou quant à son intervention en Ukraine, mais jusqu’à maintenant, il y avait peu de visibilité sur l’ampleur du commerce qui serait réglé dans la monnaie chinoise.
Gazprom Neft, le bras armé pétrolier du géant gazier d’état Gazprom, a déclaré vendredi que depuis le début de 2015, il avait vendu tout son pétrole exporté vers la Chine en yuans, à travers le pipeline East Siberia Pacific Ocean.

Les exportations de brut des entreprises russes ont été largement faites en dollars jusqu’à l’été dernier, quand les États-Unis et l’Europe ont imposé des sanctions sur le secteur russe de l’énergie à la suite de la crise en Ukraine …
Gazprom Neft a réagi plus rapidement que la plupart, Alexander Dyukov, chef de la direction, annonçant en avril de l’année dernière que la compagnie avait obtenu un accord de 95 % de ses clients pour régler des transactions en euros plutôt qu’en dollars, si le besoin s’en faisait sentir.

M. Dyukov a déclaré plus tard que la compagnie avait commencé à vendre du pétrole à l’exportation en roubles et yuans, mais il n’a pas précisé le volume des ventes.

Selon les résultats de Gazprom Neft du premier trimestre publiés le mois dernier, l’oléoduc East Siberian Pacific Ocean représentait 37,2 % des exportations de pétrole brut de la société avec 1,6 million de tonnes pour le premier trimestre.

Avec cela, le PetroYuan est officiellement né et tandis que le Financial Times notait que «d’autres groupes énergétiques russes ont été plus réticents à abandonner le dollar pour le règlement des ventes de pétrole», le fait que les producteurs russes envisagent maintenant ouvertement un changement, en même temps que les officiels aux États-Unis et en Europe discutent ouvertement de l’intensification des sanctions économiques, suggère que les règlements en yuan vont devenir plus courants à l’avenir.

Pour comprendre pourquoi et dans quelle mesure c’est important dans le contexte actuel, considérons l’information suivante parue sur WSJ
Les officiels de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), qui ont refusé de réduire la production de pétrole l’an dernier, ont estimé que le maintien des niveaux de production élevés permettrait de protéger leurs parts de marché dans les achats des grands pays importateurs.

Mais les données des douanes chinoises publiées vendredi montrent que les importations chinoises de brut en provenance de certains grands pays de l’OPEP ont chuté, tandis que les importations en provenance de la Russie ont bondi de 36% en 2014. Pendant ce temps, les importations en provenance d’Arabie saoudite ont chuté de 8% et celles du Venezuela ont chuté de 11%.



Pour résumer : les sanctions économiques occidentales contre la Russie ont poussé les producteurs de pétrole locaux à régler leurs exportations de pétrole brut vers la Chine en yuan juste au moment ou le pétrole russe est à la hausse en pourcentage du total des importations chinoises de pétrole brut. Pendant ce temps, l’effondrement des prix du brut a conduit à la première sortie nette de pétrodollars sur les marchés financiers depuis 18 ans, et si les projections de Goldman Sachs se révèlent exactes, l’offre nette de pétrodollars pourrait baisser de près de $900 Mds sur les trois prochaines années. Tout cela arrive alors que par ailleurs la Chine fait un effort concerté pour mettre en place les prêts alloués par ses fonds d’infrastructure nouvellement créés en yuan.

Pour résumer, le PetroYuan est le point d’intersection d’un pétrodollar mourant et d’un yuan ascendant.

Taylor Durden

Note du traducteur

Il faut aussi se souvenir que, dans le cadre des sanctions trans-nationales, ne pas traiter en dollar permet d’échapper à la justice américaine et à son racket, les États-Unis ayant développé une notion d’extraterritorialité judiciaire pour quiconque commerce en dollar.
Liens

Le Petro-Yuan est né : Gazprom effectue désormais toutes les ventes de brut à la Chine en yuan !

vendredi 12 juin 2015

La Tyrannie, ça me gonfle !


Par Brandon Smith – Le 3 juin 2015 – Source : alt-market



La tyrannie n’est pas une condition entièrement définissable. Il existe de nombreuses formes de tyrannie et de nombreux niveaux de contrôle qui existent dans une société donnée à un moment donné. En fait, les formes les plus abjectes de la tyrannie sont souvent les plus subtiles ; les types de tyrannie dans lesquelles les opprimés sont trompés en pensant qu’ils ont le choix, ce qui les rend nécessairement libres. La tyrannie dans son essence même n’est pas toujours la suppression des choix, mais le filtrage de ces choix – l’effacement d’options ne laissant que les choix les plus bénéfiques pour le système et ses contrôleurs.


jeudi 11 juin 2015

La grande séparation - Hervé Juvin

Hervé Juvin - La grande séparation. Pour une écologie des civilisations, aux éditions Gallimard


"Est il venu le temps de l'homme de nulle part ?". C'est ainsi que s'ouvre le livre d'Hervé Juvin. On va balayer ensemble ce livre qui donne le monde à voir tel que les médias ne veulent surtout plus qu'on l'admire, un monde d'une diversité enracinée, de peuples millénaires, de traditions qui ne prennent sens que si l'on s'arrête pour les écouter, pour les ressentir, pour finalement s'interroger sur notre propre cheminement et notre avenir.

A l'aube de crises systémiques profondes, voila un voyage pas banal pour un livre qui  m'est tombé dessus un peu par hasard sur la foi d'un interview sur ma préoccupation de ce jour-là, le transhumanisme.

lundi 1 juin 2015

Cuba : Comprendre les pièces du puzzle

Article original de Gail Tverberg publié le 26 Mai 2015 sur le site http://ourfiniteworld.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr/

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Cuba est un pays inhabituel pour quelques bonnes raisons :

  • Les États-Unis ont mis en place un embargo contre Cuba depuis 1960, mais ils ont récemment annoncé la normalisation des relations diplomatiques.
  • Le leader de Cuba entre 1959 et 2008 était Fidel Castro. Fidel Castro est un personnage controversé, que certains voient comme un dictateur qui a nationalisé les biens des citoyens étrangers sans compensation. Les citoyens de Cuba semblent le considérer plutôt comme un Robin des Bois, qui a aidé les pauvres en apportant des soins de santé et l’éducation pour tous, l’égalisation des salaires, et la construction de nombreuses maisons en dur pour les personnes qui avaient vécu dans des cabanes précédemment.
  • Si nous comparons Cuba à ses voisins les plus proches, Haïti et la République dominicaine (qui étaient tous deux également d’anciennes colonies produisant du sucre pour les pays européens), nous constatons que Cuba fait nettement mieux que les deux autres. Si on regarde l’IPC [Indice des prix à la consommation, NdT] par habitant en parité de pouvoir d’achat, en 2011, la moyenne était de $18 796 à Cuba, tandis que Haïti était à $1 578, et la République dominicaine à $11 263. En termes d’indice de développement humain (qui mesure des choses telles que l’espérance de vie et l’alphabétisation), en 2013, Cuba a reçu une note de 0,815, qui est considéré comme très élevée. La République dominicaine a reçu une note de 0,700, ce qui est considéré comme élevée. Haïti a reçu une note de 0,471, ce qui est considéré comme faible.
  • Cuba est connue pour ses programmes de permaculture (une forme de jardinage biologique), qui ont contribué à augmenter la production cubaine de fruits et légumes dans les années 1990 et au début des années 2000.
  • En dépit de tous ces bons résultats apparents de l’expérimentation cubaine avec le partage équitable des richesses, au cours des dernières années, Cuba semble sortir du modèle d’économie planifiée. Au lieu de cela, il se déplace plus vers une économie mixte, avec davantage d’entrepreneuriat encouragé.
  • Depuis 1993, Cuba possède un système à deux devises. Les biens que les gens ordinaires pouvaient acheter étaient disponibles dans un ensemble de magasins, et étaient négociés dans une devise. D’autres biens étaient négociés internationalement ou étaient disponibles pour les étrangers visitant Cuba. Ils étaient échangés dans une autre devise. Ce système est progressivement supprimé. Les marchandises sont maintenant indiquées dans les deux monnaies et les limitations sur les endroits où les Cubains peuvent acheter sont retirées. Je ne suis pas certain d’avoir des explications pour toutes les choses qui sont en cours, mais je pense avoir quelques idées sur ce qui se passe, sur la base de plusieurs sources :
  • Ma récente visite à Cuba lors d’un programme d’éducation de peuple à peuple autorisé par le gouvernement des États-Unis ;
  • Mon travail précédent sur l’épuisement des ressources et ses impacts sur les économies ailleurs ;
  • Autres données publiées au sujet de Cuba.