lundi 22 mai 2017

Jeux sanglants

Article original de James Howard Kunstler, publié le 12 Mai 2017 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr 



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Ce que vous voyez, dans les miasmes politiques du « RussiaGate », est un exercice de nostalgie. En dehors de l’exploit symbolique d’avoir obtenu un président « noir » élu librement en 2008 (rappelez-vous, M. Obama est également à moitié blanc), le Parti démocrate n’a pas connu un seul triomphe politique en un demi-siècle correspondant à l’extravagance du Watergate de 1972 à 1974, qui a abouti au départ de M. Nixon, grimé en Prince des Ténèbres lors de ses vieux jours. Le Watergate avait eu une fin plus satisfaisante que La fiancée de Dracula.


Ainsi, dans son triste état actuel, dépourvu d’idées politiques utiles, centré autour de conflits de race et de genre, le plus souvent préfabriqués, psychologiquement paralysé par la défaite électorale d’un candidat misérable face au Golem d’or de la Grandeur à Nouveau, le Parti démocrate revient en force avec un gambit qui a si bien fonctionné il y a des années : combattre le diable avec une enquête au Congrès.

Avec le président Trump (ouah… quel concept !), ils ont une cible beaucoup plus juteuse que le Vieux Nixie. Ce n’était pas pour rien qu’ils l’appelaient « Dick le tordu ». Il est revenu d’une mort politique, deux fois dans sa carrière. La première fois, alors qu’il concourait comme vice-président de Dwight Eisenhower, il a été accusé d’avoir accepté en cadeau un manteau en peau de vigogne pour sa femme, Pat, et d’autres émoluments secrets en espèces. Il a vaincu ce sort, lors d’une des premières représentations épiques de l’âge de la télévision, le « Checkers Speech » – Checkers étant le cocker de la famille, que Nixon avait invoqué comme représentant de sa propre naïve innocence. Cela a vraiment bien marché.

La deuxième quasi-mort a été sa défaite dans la course pour l’élection de gouverneur de Californie de 1962, suite à sa défaite à l’élection présidentielle de 1960 face à John F. Kennedy. « Vous n’aurez plus Nixon pour faire un croche pied… » dit-il à la presse. Mais il est sorti de sa tombe en 1968 – après avoir fortifié son compte bancaire en pratiquant le droit à Wall Street – alors que la guerre du Vietnam déchirait le pays (et détruisait le Parti démocrate de Lyndon Johnson et Hubert Humphrey).
On a un peu oublié que, lors de son premier mandat, Nixon a fonctionné comme un exécutif très compétent, présidant à l’adoption d’une législation sociale et environnementale qui serait considérée comme progressiste aujourd’hui – bien qu’il soit encore mêlé au problème sans fin du Vietnam. Mais alors que, pendant la campagne de réélection de 1972, il a été un peu trop mignon – ou, au moins, ses soutiens de campagne le furent, embauchant un paquet de garçons de courses ex-CIA pour quadriller les bureaux de la DNC, qui ont ensuite été pris au piège sur la scène du crime, le sous-sol du complexe d’appartements du Watergate… et le reste, c’est l’Histoire.

Quelle fabuleuse inquisition a été le Watergate ! Quels personnages de casting colorés : le vieux et vilain « avocat marron », le sénateur Sam Ervin, l’incroyable inquisiteur, le Professeur Sam Dash, les chevaliers républicains déchaînés, Elliot Richardson et Archibald Cox, John Dean, le solitaire et héroïque fuitant Gorge Profonde ! Et beaucoup d’autres. Les audiences de Watergate à la télévision étaient plus passionnantes que l’émission Downtown Abby. Une fois que le vieux Nixie eut fait le choix de la non-coopération et de la dérobade – on parle d’une dérobade dont il n’avait peut-être même pas eu vent à l’époque – c’était de la viande morte.

Je me souviens de cette douce journée d’août, quand il a jeté l’éponge. (J’étais un jeune journaliste, quand les journaux comptaient encore.) Ce fut quasiment comme un orgasme national. « NIXON SE RETIRE ! » ont crié les titres. Un instant plus tard, il était sur la passerelle de son hélicoptère pour la dernière fois. Et voyez, sortant des coulisses, le génial Gerald Ford

Pardonnez-moi d’être pris de nostalgie, au point de me faire du mal. Et maintenant, nous sommes dans les premiers mois de la Trumptopia, sur le point d’appuyer sur le bouton replay pour une nouvelle inquisition télévisée. À mon humble avis, Donald Trump est une personnalité beaucoup plus troublante que ne l’a jamais été Dick le tordu, infantile, narcissique, parfois avec une pointe psychotique, mais l’histoire du RussiaGate est plutôt fragile. À ce stade, après environ dix mois d’enquête NSA-FBI, rien de concluant n’a révélé que les hommes de Trump auraient eu une quelconque « collusion » avec la Russie pour en tirer un avantage injuste, lors des élections contre qui-vous-savez. L’ancien chef de la NSA, James Clapper, a déclaré publiquement deux fois, en termes clairs, qu’il n’y avait aucune preuve à l’appui des allégations (jusqu’à présent).

Et il ne reste que le spectre du contenu actuel de la « collusion » – commodément ignoré par la soi-disant « Résistance » et ses porteurs d’eau du New York Times – les courriels piratés qui illustrent toutes sortes de comportements réels de l’ancienne secrétaire d’État Hillary Clinton et de la direction nationale du Parti démocrate. L’épisode du général Mike Flynn semble particulièrement léger, car il est du devoir des nouveaux responsables du corps des affaires étrangères d’entrer en contact avec les ambassadeurs à Washington. Pourquoi pensez-vous que les pays envoient des ambassadeurs dans d’autres pays ?

Le résultat de tout cela sera un cirque politique pour le reste de l’année et l’abandon de toute entreprise réelle par le gouvernement, à un moment de l’Histoire où des cygnes noirs très lourds volent au-dessus des nuages, ​​en attendant de nous tomber dessus. Amusez-vous de ces histrions si vous osez, et ne faites pas attention à l’économie en panne, dont les effets continuent à se développer.

James Howrad Kunstler

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