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Depuis le début de l’année, je préviens régulièrement que les tarifs commerciaux instaurés par Donald Trump se transformeraient en une véritable guerre commerciale avec la Chine, et peut-être d’autres pays, et que le moment de cette guerre commerciale était plutôt suspect. Suspect comment ? Presque tous les cas d’escalades supplémentaires ont été lancés par Trump au moment exact où la Réserve fédérale a également procédé à une réduction importante de son bilan ou à une hausse des taux d’intérêt. Au lieu de se concentrer sur le fait que l’extrême volatilité est revenue sur les marchés parce que les banques centrales débranchent les systèmes de survie, les médias grand public retiennent la guerre commerciale comme le coupable ultime de l’effondrement qui s’accélère.
En d’autres termes, la guerre commerciale de Trump agit comme une parfaite distraction par rapport à la crise que l’establishment bancaire a maintenant délibérément déclenchée.
La première réponse à ma suggestion faite par une minorité de militants et de sceptiques du mouvement pour la liberté a été le déni catégorique. Certains ont soutenu que la guerre commerciale serait terminée avant même qu’elle ne commence et que la Chine capitulerait immédiatement de peur de perdre le marché de consommation américain. D’autres ont soutenu que la guerre commerciale « avait été déclenchée par les Chinois il y a des années » et que Trump ne faisait que « riposter ».
De toute évidence, la guerre commerciale ne s’estompe pas autant que prévu. Comme je l’avais prédit, elle ne cesse de croître. Et l’idée qu’une guerre commerciale est nécessaire en ce moment pour défendre l’économie américaine semble elle ignorer certaines réalités. Par exemple, le déficit commercial lui-même n’a jamais été « volé » par les Chinois, mais c’est un troc entre les Chinois et le gouvernement américain et les entreprises américaines. En échange de l’utilisation du dollar comme monnaie de réserve mondiale (et de la monnaie pétrolière) par les partenaires commerciaux chinois et autres et de l’achat de la dette du Trésor américain, les élites américaines ont organisé un avantage déficitaire pour la Chine. On pourrait également ajouter à ce troc la main-d’œuvre bon marché et les produits manufacturés à faible coût de la Chine.
Alors que la classe ouvrière américaine n’a pas été avantagée [par ce « deal », NdT], le gouvernement et la cabale des grandes corporations en ont certainement profité.
Maintenant, si Trump avait exercé des pressions sur ces entreprises pour qu’elles ramènent le secteur manufacturier aux États-Unis afin de récolter les fruits de ses fortes réductions d’impôt, les droits de douane après coup auraient peut-être pu avoir un peu plus de sens. Avec le retour de la production sur le sol américain, nous aurions plus de stabilité économique pour faire face aux crises à venir. Au lieu de cela, Trump a accordé aux sociétés une réduction d’impôt pour rien. Et au lieu d’utiliser ces capitaux supplémentaires pour innover ou ajouter de la valeur à l’économie réelle, les entreprises ont utilisé l’argent pour continuer à soutenir artificiellement leurs propres cours boursiers par des rachats d’actions.
Il devrait être évident pour la plupart des gens à ce stade que Trump n’a pas l’intention de « gagner » la guerre commerciale. Comme je l’ai dit juste après la conférence du G-20 et le dîner de négociations avec la Chine :
« Bien sûr, le résultat est présenté par les deux parties comme une ‘victoire’, mais il est clair que l’objectif était de diriger le public vers une mauvaise interprétation de la réalité plutôt que de résoudre les différends commerciaux. Le délai de 90 jours sera-t-il considéré comme ‘bon pour les marchés ?’. C’est possible. Toutefois, les marchés de l’immobilier, de l’automobile et du crédit continueront de s’effondrer comme ils l’ont fait au cours des derniers mois. Je m’attends à ce que ce développement puisse acheter une autre semaine de calme, mais rien d’autre. Alors que la prochaine réunion de la Fed approche ce mois-ci et qu’il devient clair qu’elle a l’intention de continuer à augmenter les taux jusqu’en 2019, le faux optimisme s’estompe. Je m’attends également à ce que les négociations avec la Chine échouent une fois de plus bien avant que le délai de 90 jours ne prenne fin… »La lune de miel du G-20 s’est terminée encore plus vite que je ne l’imaginais.
L’arrestation de la directrice financière chinoise de Huawei Technologies, Mme Meng Wanzhou, a immédiatement détruit toute possibilité de négociations diplomatiques légitimes, et cela semble être intentionnel. La « trêve » de 90 jours établie apparemment par accord verbal au cours du G-20 ne durera probablement que quelques jours après son entrée en vigueur. Le conseiller à la sécurité nationale et John Bolton, la goule du CFR, a admis dans une entrevue avec NPR qu’il savait que le Canada se préparait à arrêter Meng à la demande des États-Unis alors qu’il mangeait du poisson grillé avec les Chinois. L’affirmation selon laquelle Trump n’était pas au courant de la situation me semble absurde.
La détention de Meng et le ciblage de Huawei ont une foule de conséquences potentielles importantes. Premièrement, comme nous l’avons noté, la trêve commerciale est probablement mort-née. Alors que Trump continue de prétendre que des progrès sont réalisés et que le « soja est vendu », nous entendons ce genre de rhétorique depuis plusieurs mois. Ces revendications sont conçues pour produire des manchettes qui créent une soupape de sécurité pour les marchés boursiers, en les faisant baisser lentement au lieu de les faire s’effondrer complètement.
Deuxièmement, la possibilité d’une nouvelle escalade tarifaire est beaucoup plus grande (les agriculteurs américains ne devraient pas s’attendre à un sursis de sitôt, malgré les rumeurs de « progrès »).
Troisièmement, il y a une chance que la Chine riposte en capturant des représentants d’entreprises américaines (beaucoup d’entre eux sont tout aussi, sinon plus, mêlés à des entreprises criminelles). C’est un développement dont je réalise que le militant moyen de la liberté pourrait comprendre, mais l’Américain moyen verra de telles actions comme un affront de la part des Chinois contre les États-Unis dans leur ensemble. Le récit se tourne une fois de plus vers l’idée que la Chine devrait être notre centre d’intérêt plutôt que celui des élites bancaires. Ainsi, le faux paradigme Est/Ouest est encore plus ancré dans la mentalité américaine.
Si cette tendance se poursuit, la guerre commerciale finira par se transformer en une guerre contre le dollar américain lui-même, et quand elle se poursuivra, les États-Unis subiront la pire crise financière de leur histoire. Sans le statut de réserve mondiale du dollar et sans la poursuite des investissements étrangers dans la dette américaine, ce qui reste de notre économie se désintégrera.
L’arrestation de Meng est une « manipulation » délibérément conçue. J’ai beaucoup écrit dans des articles précédents sur la « théorie Linchpin/des dominos » du DARPA, qui est une sorte d’exercice de propagande plus qu’une théorie. Selon la DARPA, des systèmes trop complexes invitent à une instabilité croissante, et comme une chaîne de dominos, la plus petite partie de ce système pourrait être renversée par un événement mineur provoquant une réaction en chaîne qui se termine par un effondrement total.
Bien sûr, il s’agit d’une fausse représentation de la réalité. Les systèmes complexes n’invitent pas à l’instabilité, ils créent de la redondance, rendant le système plus fort et plus résistant aux catastrophes. L’instabilité est en fait causée par une simplification excessive d’un système, c’est-à-dire que la CENTRALISATION est la véritable cause d’une crise à grande échelle. Comme nous l’avons vu à maintes reprises avec la globalisation, plus le monde devient économiquement interdépendant et centralisé, plus chaque nation est vulnérable aux catastrophes des autres nations.
La DARPA aime la centralisation et ne va certainement pas l’accuser d’être la cause de la détresse mondiale. C’est ainsi qu’ils ont créé un bouc émissaire de la décentralisation par le biais de la théorie Linchpin.
La théorie Linchpin affirme également un autre mensonge – le mensonge que la plupart des désastres sont le produit d’un « hasard aléatoire ». Le problème, c’est que la théorie de base ne fonctionne que si les catastrophes sont le fruit d’une conspiration et non d’une coïncidence.
Un système doit être délibérément affaibli au fil du temps au point que toute crise se traduira par un effondrement de l’édifice tout entier. Les banques centrales l’ont fait de façon très experte en recourant à des bulles fondées sur la dette, suivies d’un resserrement budgétaire qui s’est transformé en faiblesse économique. Quand vous construisez une économie comme une grande tour Jenga et que vous commencez à tirer les pièces les plus vitales d’une manière calculée, elle va finir par s’effondrer.
Alors, quelle pièce représente le soi-disant « domino » de notre système aujourd’hui ? N’importe quelle pièce peut faire l’affaire, mais l’arrestation d’un dirigeant d’entreprise chinois (que les Chinois considéreront comme un otage) au tout début d’une trêve commerciale fragile est un excellent catalyseur et aussi une excellente distraction.
Alors que Meng est gardée sous caution en attendant son procès et son extradition éventuelle [vers les USA, NdT], il importe peu qu’elle parte pour la Chine ou qu’elle fasse l’objet de poursuites. Si les Chinois prennent des dispositions pour que Meng échappe à sa surveillance et quitte le Canada, cela sera considéré comme nuisible aux négociations commerciales du côté américain. Si elle reste et qu’elle est retenue dans ce qui sera un procès public très long comme exemple de la méchanceté commerciale chinoise, cela sera considéré comme nuisible aux négociations du côté chinois. Quoi qu’il en soit, les négociations sont mortes.
Mais c’est ici que nous devons poser la question la plus importante parmi toutes les questions : Qui en bénéficie ?
Dans mon article « La bulle de tout : Quand est-ce que ça va enfin s’effondrer ? » publié en septembre, j’avais prédit :
« Les efforts de la Fed en matière de neutralité des taux suggèrent un tournant entre la fin de 2018 et le début de 2019. On s’attend à ce que les réductions du bilan augmentent à ce moment, ce qui accélérerait également l’effondrement des actifs existants sur le marché. La seule question est de savoir combien de temps les entreprises peuvent soutenir les rachats d’actions jusqu’à ce que le fardeau de leur propre dette écrase leurs efforts. Dans le cas de ces entreprises, les taux d’intérêt détermineront la durée de leur résolution. Je crois que deux autres remontées seront leur limite.
Si la Fed continue sur sa trajectoire actuelle, le prochain krach boursier commencerait vers décembre 2018 et se poursuivrait au premier trimestre 2019. »Le moment de l’arrestation de Meng a parfaitement coïncidé avec le renforcement des réductions du bilan de la Fed. La Fed est maintenant passée de 30 milliards de dollars par mois à 50 milliards de dollars par mois en actifs sous-évalués. Bien que Trump et les médias grand public se concentrent beaucoup trop sur les taux d’intérêt, il n’y a que peu ou pas de mention des AUTRES mesures de resserrement budgétaire prises par la Fed.
La Fed est également prête à relever les taux d’intérêt pour atteindre son taux d’inflation neutre ce mois-ci. C’est quelque chose qui ne s’est pas produit depuis des décennies. De plus, les rachats d’actions par les entreprises sont en train de mourir au dernier trimestre de 2018, car le coût des emprunts pour soutenir les actions est maintenant trop élevé. En réaction, les marchés boursiers commencent à plonger, et cette fois-ci, il n’y aura pas de rebond important, car sans les mesures de relance ou les rachats de la Fed, il n’y a plus rien pour maintenir les choses à flot.
Je le répète, la guerre commerciale atteint un point de jonction, un point d’escalade extrême au moment même où les banquiers centraux s’apprêtent à tuer l’économie américaine en resserrant les bilans dans un moment de faiblesse économique. Les médias grand public se serviront de l’emballement autour de Meng pour détourner l’attention du public des activités de la banque centrale et l’orienter vers la guerre commerciale. Tout ce que fait Trump, c’est AIDER les banques à cacher leur culpabilité dans ce crash.
Pourquoi les élites bancaires veulent-elles un crash financier aux États-Unis ? Il y a de nombreuses raisons et de nombreux avantages à en tirer. Pour une explication approfondie, je vous recommande mon article « Explications sur la fin du jeu ». En résumé, les globalistes préparent le terrain pour ce qu’ils appellent souvent le « reset de l’économie mondiale ». Il s’agit essentiellement d’une crise majeure qui sera exploitée par les globalistes pour centraliser encore davantage le système, dans une monnaie mondiale unique et une économie mondiale unique, gouvernée par les élites bancaires à travers des institutions comme le FMI et la BRI.
Pour que cela se produise, il faut que l’économie américaine et le dollar américain soient affaiblis. Et avec les conservateurs censés « contrôler » le gouvernement américain et l’économie américaine au moment du krach, devinez qui est censé être blâmé ? Je vais vous donner un indice : pas les banquiers centraux….
Dans l’intervalle, les globalistes espèrent que la majorité du monde acceptera l’idée fausse de la théorie Linchpin. Ils espèrent que tout le monde blâmera la décentralisation et la « complexité » au lieu de la centralisation et de la simplification excessive du système. Et il est certainement possible que l’arrestation d’un représentant d’une entreprise chinoise soit considéré comme l’un des dominos à l’origine de l’effondrement.
Brandon Smith
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