Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
Note du traducteur
Il y a de quoi s'étrangler en lisant l'histoire racontée par Stratfor, mais elle est destinée aux politiciens de Washington qui baignent dans les bulles narratives des quotidiens pilotés par les différentes factions du Pouvoir à Washington. Il est cependant fort intéressant de constater que ce think tank réactive son dossier datant de mars 2015 au moment ou les USA semblent laisser tomber le dossier syrien.
Est ce une étape pour relancer le dossier ukrainien et obliger les Russes à agir sur deux fronts ? Dans tous les cas, il est révélateur de lire quel genre d'hypothèses sont évoquées, même pour jouer à se faire peur et stimuler les profits des marchands d'armes.
Introduction
Le but des simulations militaires
Les exercices de type Jeu de guerre sont utiles pour déterminer les options militaires et les stratégies par un ou plusieurs acteurs dans un conflit.Les simulations aident à mesurer – et planifier – l'intersection de la volonté politique et les limites des capacités militaires et des coûts potentiels.
Cette présentation implique différents scénarios possibles, ce n'est pas une prévision. L'objectif est de décrire un éventail d'options militaires disponibles pour la Russie et l'évolution de suites potentielles si la Russie ou les puissances de l'Ouest intensifiaient le recours à la force en Ukraine.Au sujet de cette étude
Les scénarios décrits dans cette présentation sont les résultats d'un exercice interne intensif de simulations réalisé par les analystes de Stratfor en mars 2015.
Les conclusions présentées ici décrivent uniquement les opérations militaires et les résultats.
- Certains des scénarios limités présentés pourraient atteindre des résultats politiques acceptables pour la Russie (par exemple, en forçant Kiev à accepter une décentralisation du gouvernement).
- Des objectifs politiques limités pourraient probablement être atteints sans une campagne militaire russe ouverte, comptant plutôt sur des unités séparatistes ukrainiennes et des volontaires russes clandestins.
Contexte : La crise russo-ukrainienne
- Novembre 2013 : Des manifestations politiques ont éclaté après que le Président ukrainien Victor Ianoukovitch avait refusé de signer un accord d'association avec l'Union européenne. Les manifestations pro-UE avaient gagné en force dans les mois précédents.
- Février 2014 : Ianoukovitch, un président pro-russe, a été évincé du pouvoir à Kiev. Des manifestations pro-russes, certaines d'entre elles violentes, ont commencé à surgir dans l'extrême Est de l'Ukraine, une région en grande partie russophone.
- Fin février-mars 2014 : Les troupes russes ont aidé les manifestants à l'Est de l'Ukraine. Séparément, les forces russes ont capturé les sites stratégiques sur la péninsule de Crimée.
- Mars 2014 : Les forces russes ont saisi le Parlement de Crimée. Le gouvernement local a été dissous et un nouveau chef, pro-russe, a été installé en Crimée, ouvrant la voie à une déclaration d'indépendance et à un référendum controversé demandant aux habitants de la Crimée s'ils voulaient rejoindre la Russie en tant que sujets fédéraux. Les puissances de l'Ouest considèrent cette action comme une annexion russe de l'Ukraine, un terme qui a été réfuté par Moscou.
- Mars 2014-février 2015 : De violents affrontements militaires entre les séparatistes penchant pour la Russie et les forces ukrainiennes étaient centrés dans les régions de Donetsk et de Lougansk à l'Est de l'Ukraine. La Russie a fourni un soutien continu aux forces séparatistes.
- Mi 2014-début 2015 : Les négociateurs internationaux se sont engagés dans les pourparlers à Minsk sur des cessez-le-feu fluctuants.
- Février 2015: Les conditions d'un cessez-le-feu ont été acceptées et ont commencé à s'imposer dans l'Est de l'Ukraine. Mais les tensions sont restées élevées.
- L'évaluation de Stratfor : l'Ukraine sera un conflit gelé par la Russie et l'Occident dans un avenir prévisible.
- Les scénarios suivants examinent les résultats potentiels de l'événement si le conflit gelé devrait redevenir chaud.
Jouons une offensive russe
Position de la Russie
Au début de 2015, la position militaire de la Russie en Ukraine a été mise à nu, coûtant cher aux gains politiques limités obtenus par Moscou.- La Crimée, un bastion stratégique, défendable comme une île, mais vulnérable à l'isolement [un pont est en cours d'achèvement, NdT].
- Les séparatistes ukrainiens et les appuis russes, dans l'Est de l'Ukraine, nécessitent des investissements militaires lourds pour sécuriser leurs positions.
- Des conflits entre séparatistes dans l'Est de l'Ukraine n'ont pas aidé la Russie à atteindre un objectif plus vaste en créant des frontières défendables.
- Question : La Russie prendra-t-elle d'autres mesures militaires pour sécuriser ses intérêts en Ukraine ?
Évaluation des options de la Russie
Scénarios et méthodes pour trouver la réponse :- Six options militaires de base que la Russie pourrait envisager.
- Le facteur du coût : le temps probable, le soutien logistique et les forces nécessaires pour effectuer chaque opération.
- Le facteur des capacités à réaliser les objectifs : est-ce que les forces russes ont la capacité d'exécuter chaque opération ?
- Hypothèse sous-jacente :
Les forces russes feraient face au début à la seule opposition des
forces ukrainiennes déjà impliquées dans le conflit. Une opération de
l'Otan/US serait beaucoup plus longue à monter, n'entrant sur le théâtre
qu'après que les Russes auraient atteint des positions défensives.
Trois scénarios de base
Les trois options finales prises en compte sont des variations sur ces thèmes
Scénario 1: l'option du cordon terrestre
Objectif : Créer une liaison terrestre entre la Crimée et les forces séparatistes en Ukraine, assurant ainsi des lignes d'alimentation en Crimée et le renforcement de la péninsule contre son isolement.
Exigences / hypothèses :
- Sécuriser l'approvisionnement primaire en eau de la Crimée, provenant du fleuve Dniepr
- Ancrer des lignes défensives dans la mesure du possible à ce fleuve, le seul élément de terrain défendable dans la région
- Les forces russes avancent de plus de 400 km (250 miles) dans une zone de 46 620 kilomètres carrés [encore une fois, étonnante, l'utilisation des km si la note est prévue pour être lue à Washington, NdT]
- Mettre en place plus de 450 km de nouvelles lignes défensives
- Population assujettie : 2 millions
- Effectifs 24 000 à 36 000
- Six à 14 jours pour la déployer
- L'Otan intervient pour le compte des forces ukrainiennes : la Russie renforce ses troupes, de 40 000 à 55 000, pour tenir le territoire
- Insurrection
locale : la taille des forces de contre-insurrection varie selon les
paramètres régionaux (taille de la population / niveau de résistance
attendue [Euhh, des bisous et des fleurs ?? NdT])
- Population favorable (comme dans la région du Donbass) – 4 200 hommes
- Résistance extrême (en dehors de la région du Donbass) – jusqu'à 42 000 hommes
- Menace extérieure : si elle émerge, une force de contre-insurrection devrait être séparée des forces défensives
Scénario 2 : l'option littoral
Objectif : Prendre la côte sud de l'Ukraine, pour raccorder toutes les forces et les intérêts russes de la Crimée à la Transnistrie (région séparatiste de Moldavie)
- Sécuriser tous les intérêts de la Russie dans la région en un arc unique
- Couper l'Ukraine pro-occidentale d'un accès à la mer Noire
- Mêmes exigences défensives que pour l'option précédente
- Doublement de la taille du territoire et donc des troupes engagées
- Force d'attaque : 40 000 à 60 000
- Force défensive : 80 000 à 112 000
- Les forces russes avancent de près de 645 km (400 miles) pour se saisir de 103 600 kilomètres carrés de territoire
- 23 à 28 jours
- Soumettre une population de 6 millions d'habitants
- Force de 13 200 à 120 000 soldats de contre-insurrection nécessaire
Inconvénients des options 1 et 2
Exposition extrême des positions des troupes :- Positions de défenses sur un terrain plat
- Dispositif coûteux ou indéfendable contre une attaque concertée par une force moderne
- Longues lignes d'approvisionnement dans les deux scénarios
- Dans le scénario 2, ces lignes d'alimentation nécessitent en plus des opérations de pontage sur un grand fleuve (Dniepr)
Scénario 3 : l'option Est de l'Ukraine
Objectif : Prendre tous l'est de l'Ukraine jusqu'au Dniepr, en utilisant le fleuve comme une ligne de front défensive
- Meilleure option pour la défense du territoire conquis
- Opérations de création de ponts difficiles pour les forces d'opposition. Les Russes / séparatistes peuvent se concentrer sur des goulots d'étranglement défensifs
- Ancrage défensif sur un terrain solide
- Opérations militaires massives requises
- Force d'attaque : 91 000 à 135 000
- Force défensive : sensiblement la même chose que pour le scénario 2, avec le renforcement des capacités défensives sur la rivière
- Les forces russes avanceraient sur 402 km (250 miles) pour sécuriser environ 222 740 kilomètres carrés de territoire.
- Durée 11 à 14 jours, avec les troupes avançant le long des voies multiples
- Population soumise : 13 millions
- Force de contre-insurrection nécessaire : 28 000 à 260 000 soldats
- La Russie possède 280 000 troupes au sol
- L'action initiale bloquerait une partie substantielle des militaires russes (la quasi-totalité des unités de combat disponibles)
- Une insurrection intense pourrait menacer les capacités d'occupation de la Russie, même avec toutes ses forces pleinement engagées
- Une mobilisation massive et la réaffectation des forces de sécurité de la Russie seraient impossibles à masquer aux USA et à l'Europe
- La Russie n'a pas la capacité de procéder à une opération de cette ampleur
Scénarios 4 et 5 : variations
Option 4 : conquête limitée de l'Ukraine orientale- La Russie ne prend que la moitié sud de ce territoire
- Nécessite moins de puissance de combat que l'option 3
- Supprime les avantages défensifs fournis par le fleuve Dniepr
- Expose le flanc russe
- Cette option apporte le reste des régions de Donetsk et Lougansk sous contrôle russe
- Ces opérations sont faisables
- Pas de gains militaires ou politiques en pratique
Scénario 6 : opération de diversion
Option 6 : incursions temporaires et limitées [furtives ?, NdT] le long de toute la frontière de l'Ukraine- Menacer des objectifs clés et provoquer l'émiettement des maigres forces ukrainiennes
- Méthode efficace et faisable pour les forces russes
- Réaliser de petits objectifs politiques et de sécurité
- Tactique de la peur contre l'Ukraine
Conclusion sur ces six scénarios
Conclusions cohérentes pour tous les scénarios- Tout ces scénarios, sauf le plus ambitieux, sont techniquement possibles pour les militaires russes
- Tous ont de graves inconvénients
- Contradictions :
- Atteindre des objectifs politiques ou sécuritaire ?
- Utilisation de moyens limités ou importants ?
Ce que l'Occident pourrait faire
Considérant l'opposition
Toute action militaire planifiée en Ukraine par la Russie oblige les planificateurs russes à examiner les possibilités d'une contre-offensive des États-Unis ou de l'Otan.Une opération de la coalition des États-Unis ou de l'Otan serait complexe:
- Utiliser des moyens aériens pour déployer rapidement une puissance de feu sur le théâtre des opérations.
- Des forces terrestres considérables ne seraient probablement pas déployées sans atteindre la supériorité aérienne [vu ce qui ce passe en Syrie avec la capacité des Russes à imposer une couverture aérienne, cela semble déjà compromis, NdT]
L'étude des contre-offensives des Occidentaux repose sur la capacité à déployer une force aérienne considérable en Ukraine pour arrêter ou faire reculer les forces russes
Les planificateurs russes doivent penser et prévoir le pire scénario [ah bon ? Ils seraient pas si cons que ça ?, NdT] :
- Les pays de l'Otan de l'Europe de l'Est ouvriraient leurs bases aériennes pour permettre le déploiement de l'US Air Force et offriraient un soutien logistique
- Les étapes de la contre-offensive de l'Ouest seraient les suivantes :
- Déploiement des moyens sur des aéroports près des emplacements des troupes russes [qui les regarderaient faire et auraient laissé les pistes intactes ..., NdT]
- Un soutien logistique adapté et fourni pour le déploiement
- Des opérations contre les défenses aériennes russes commenceraient [ah oui et comment ? Les S400 russes sont restés à l'usine ? NdT]
- Une campagne terrestre lancée pour réduire les capacités russes en Ukraine
Les défis du déploiement de l'armée de l'air
Une campagne de supériorité aérienne serait difficile pour la coalition occidentale :- Paralyser ou défaire significativement les moyens aériens russes soutenant leur offensive
- Appauvrir les défenses aériennes russes au sol avant une attaque au sol
- Le plus grand nombre possible de soldats professionnels aguerris nécessaire pour atteindre le poids stratégique nécessaire
- Un effort de déploiements à terme des partenaire européens de l'Otan serait nécessaire :
- Limiter le temps de vol vers les objectifs
- Réduire les tensions sur les capacités de ravitaillement en vol
Déploiement de l'US Air Force
Les avions américains seraient déployés sur les bases européennes en 48 heures :- RAF Lakenheath [Grande Bretagne / A l'ouest de Cambridge] – 3 escadrons de F-15
- Base aérienne d'Aviano [Italie / Près de Venise] – 2 escadrons de F-16
- Base aérienne de Spangdahlem [Allemagne / A la frontière du Luxembourg] – un escadron de F-16
- Des déploiements séquentiels
- Depuis diverses bases aériennes américaines
Jouons ce déploiement
A quoi ressemblerait un déploiement américain – meilleur scénario :- 22 escadrons de chasse
- 11 jours
- Deux phases
- Phase 1: dernière génération d'avion de combat avec une supériorité aérienne [Euuh le F35, repeint à neuf ? NdT], aéronefs spécialisée en SEAD (Suppression of Enemy Air Defenses), drones de renseignement
- Phase 2: les A-10, avions d'attaque au sol, peut-être des avions à voilure tournante pour aider à la campagne au sol
- Localisation des bases :
- Plus de 30 bases en Pologne, Slovaquie, Hongrie, Roumanie, Bulgarie
- Bases supplémentaires en Allemagne, Italie
- Porte-avions, probablement dans la mer Égée
- Déploiement possibles jusqu'à 3 porte-avions en 4 semaines [et les sous-marins russes restent au port ? NdT]
Le facteur temps
Déploiement des avions de combat en Europe de l'EstAvant la présence massive d'aviation en Europe de l'Est, les forces de la coalition peuvent :
- Utiliser des missiles air-sol à distance de sécurité [oui, quand même, pas de risque, on simule ! NdT] ou
- Utiliser des missiles de croisière mer-sol pour
- Cibler les défenses aériennes russes, les dépôts d'approvisionnement, éventuellement des aérodromes utilisés en Ukraine orientale
- Défenses mobiles russes en place
- L'attaque initiale de la Russie terminée
- Manœuvres de la coalition visant à dégrader les capacités défensives de la Russie en Ukraine
- Comptez sur les F-16J «Wild Weasel / Belette sauvage [Grrr, Ndt]», avion allié avec des missiles intégrant un radar de recherche
- Destruction des défenses aériennes russes basées au sol
- Ne laisser comme moyen russe que sa flotte d'avions
- Le combat aérien est susceptible d'entraîner des pertes importantes pour les deux parties [Mais que fait John Wayne !!, NdT]
Résultats potentiels
Avantages russes | Inconvénients pour la coalition |
Opération à domicile | Déploiement lointain |
Aviation déployée à partir de ses bases d'accueil | Ligne d'approvisionnement étirée |
Augmentation du nombre de sorties par avion | Menacée par les défenses au sol russes |
Russes survolant leur propre système de défense aérienne au sol | Obligation de transporter des missiles à tête chercheuse et des munitions d'attaque au sol ajoutant du poids et de la traînée |
Charges embarquées limitées à bord |
Avantages de la coalition | Inconvénients russes |
Flotte aérienne substantiellement plus grande | La faible taille de la flotte aérienne |
Nombre total possibles de sorties quotidiennes plus nombreuses que la Russie (pour la totalité des forces de l'Otan) | Basse qualité de furtivité et ISR (Intelligence, Surveillance, and Reconnaissance) [Visiblement ce n'est pas le cas en Syrie, NdT] |
Meilleures capacités de furtivité et d'ISR (Intelligence, Surveillance, and Reconnaissance) | Moins d'expérience dans le déploiement d'un corps expéditionnaire et dans la gestion d'un champ de bataille à haute intensité |
Plus d'expérience dans le déploiement de corps expéditionnaire, interopérabilité |
Résultats
Probable avantage aux forces de l'Otan numériquement et technologiquement supérieuresLes planificateurs russes doivent prudemment prendre en compte :
- L'incertitude de maintenir la supériorité aérienne
- Sans la supériorité aérienne, d'autres gains russes pourraient être intenables
- La supériorité aérienne de l'Otan pourrait ouvrir la voie à une attaque terrestre dévastatrice
- Le facteur temps – plusieurs semaines se sont écoulées au moment où cette phase des opérations se déroule
- Les forces terrestres de l'Otan ont eu le temps de compléter leur déploiement en Europe de l'Est
L'analyse coût-bénéfice de la Russie
En prenant du recul
Les impératifs géopolitiques de la Russie comprennent :- Sécuriser les frontières / points d'ancrage sur un terrain défendable
- Préserver la profondeur stratégique en maintenant une zone tampon contre les puissances européennes de l'Otan à l'Ouest
Très peu des scénarios qui précèdent aideraient la Russie à garantir ou élargir sa profondeur stratégique.
Si on y regarde de plus près en Ukraine
Pourquoi est-ce que l'Ukraine est essentielle à la sécurité de la Russie ?- Elle englobe un vaste territoire dans l'Intermarium (la région entre la mer Noire et la Baltique)
- La péninsule de Crimée – Base pour les forces navales russes
- Espace de transit critique pour les exportations énergétiques russes [Et North Stream et Turkish Stream ? Et tout ce qui va en Extrème-Orient?, NdT]
- Élargissement de l'Otan et de l'influence occidentale en Europe de l'Est considérée comme une menace par la Russie
La Russie et son étranger proche
L'IntermariumJetons un coup d’œil à l'Ukraine
Qu'est ce qui rend la Russie si nerveuse ?- L'Ukraine a oscillé entre un leadership pro-occidental et pro-russe pendant des années
- Suite à l'éviction de M. Ianoukovitch, le gouvernement à Kiev a penché totalement vers l'Ouest
- Est ce que les frontières de l'Otan peuvent approcher à 435 kilomètres (270 miles) de Moscou ?
- Probablement pas – mais la Russie doit tenir compte de tous les risques
- Les sanctions économiques sont des outils plus probables, rendues plus dures par la faiblesse de l'économie russe
De six options à une seule
Seul l'un des six scénarios examinés apporterait des fruits à la Russie | Est ce possible ? | Améliore-t-il la profondeur stratégique? |
Scénario du pont terrestre | OUI | NON |
L'option côtière | OUI | NON |
L'option Est de l'Ukraine | NON | OUI |
Conquête limitée de l'Ukraine orientale | OUI | NON |
Augmenter les lignes séparatistes existantes: | OUI | NON |
Opération d'émiettement: | OUI | NON |
Qu'est ce qui ne fonctionne pas ?
Scénario du pont terrestreAvantages :
- Garantit des réserves d'eau douce pour la Crimée
- Grave préjudice économique à l'Ukraine / Kiev
- L'incapacité financière de Kiev ne garantit pas la sécurité russe
- Peut laisser l'Ukraine dépendante de la protection et de l'aide financière de l'Ouest ? [C'est un inconvénient ça ?, NdT]
Avantages :
- Les lignes actuelles fournissent une certaine profondeur pour Volgograd et Rostov en Russie (régions qui forment la connexion à la frontière sud de la Russie dans le Caucase)
- Une opération qui permettrait d'établir un contrôle séparatiste sur l'ensemble des régions de Donetsk et Lugansk pourrait détruire l'armée ukrainienne, très engagée dans cette zone
- La Russie perd encore le reste de l'Ukraine comme tampon
- Des lacunes importantes dans cette zone tampon autour de l'Ukraine orientale existeraient encore
- Les relations approfondies entre l'Ukraine et l'Ouest restent possibles ou pourraient augmenter
Une option, beaucoup de contraintes
La Russie ferait face à de nombreux défis lors de la prise et du contrôle de l'Est de l'Ukraine.Les besoins en personnel :
- Cela immobiliserait une partie considérable des forces terrestres
- Il faudrait repositionner les forces de sécurité existantes
- Besoin de recrutement et la mobilisation de réserves militaires
- Tenir compte des besoins en dotation militaires dans d'autres parties de la périphérie russe, des menaces sur la sécurité provenant d'autres zones
- La baisse des prix du pétrole a mis la pression sur le budget de la Russie
- Des mobilisations importantes exigeraient des dépenses de défense supplémentaires
- Le succès n'est pas garanti
- L'Otan pourrait paralyser les capacités militaires de la Russie
Un cauchemar russe
Situation hypothétique suivant une invasion russe sur la rivière DnieprLes risques d'escalade
Une intervention US / Otan en Ukraine augmenterait sensiblement les hostilités avec la Russie de sa propre initiative.Une intervention occidentale apporte également d'autres menaces implicites :
- L'option d'escalade pour la Russie : frappe de l'Ouest sur d'autres théâtres
- Les missiles balistiques
- Les missiles de croisière
- Les frappes aériennes
- Les menaces nucléaires de chaque côté – dynamique imprévisible
Menace sur l'escalade russe
- Avantage : elle pourrait servir de dissuasion à l'intervention occidentale
- Inconvénient : elle pourrait stimuler l'Ouest pour fournir des armes ou déployer des forces d'appui à l'Ukraine occidentale
Meilleure option mais pire situation
Stratégie : la Russie conquiert l'Est de l'Ukraine et s'ancre le long du fleuve DnieprLes pires résultats :
- L'Otan/Ouest perçoit ce nouveau rideau de fer le long des rives du Dniepr et recourt à la guerre froide pour y répondre
- Les forces occidentales sont maintenant beaucoup plus proches de la frontière russe qu'avant
- Conquérir l'Ukraine orientale donne environ 320 km de profondeur stratégique supplémentaire à la Russie
- Conquérir l'Ukraine orientale lui fait perdre 800 km de tampon neutre
- Des frontières plus défendables contre l'évaporation d'une zone tampon
Un seul mouvement gagnant
Peu d'options évidentes ressortent pour la Russie :- L'option la plus avantageuse serait également porteuse d'un plus grand coût et d'un risque politique
- Aucune garantie de succès pour aucune option aussi longtemps qu'une réponse militaire des États-Unis ou de l'Otan reste une possibilité
- En l'absence d'une réponse militaire directe, des liens politiques, financiers, des liens de sécurité entre l'Ukraine et l'Occident pourraient saper les gains militaires obtenus par la Russie
Quel est le coup gagnant ?
- Demandez à Joshua, le supercalculateur du film WarGames de 1983
Bonjour
Un jeu étrange
Le seul mouvement gagnant est de ne rien faire
Que diriez-vous d'une bonne partie d'échecs?
Note du traducteur
Ces scénarios semblent le reflet des désirs de guerre de quelques lobbyistes à Washington et semblent déconnectés des réalités du terrain en Ukraine et en Syrie. L'Ukraine est un état en faillite qui est sur le point de s’effondrer. La Russie n'a qu'à attendre pour le voir retomber dans sa zone d'influence. Il semble que l'Ukraine aura du gaz pour cet hiver. Suffisamment pour que les Ukrainiens sachent qu'il vient de Russie, mais pas de quoi relancer les mafias au pouvoir à Kiev. La Russie pourrait même laisser certaines régions à l'Ouest s'auto-déterminer comme la Crimée pour rejoindre la Pologne, la Hongrie ou la Roumanie et même lâcher la Galicie avec ses foyers ultra-nationalistes qui deviendrait une plaie pour l'Europe et/ou une zone sous influence allemande et polonaise. Ça ferait basculer le centre de gravité d'une Ukraine amputée définitivement à l'Est.
La Russie a semble-t-il parfaitement intégré les codes occidentaux et les moyens de Guerre de 4e génération sans soldats. La seule chose qui pourrait provoquer une réelle opération militaire serait le massacre des populations russophones autour de Kharkov ou Odessa, mais les milices genre Pravy Sektor sont trop peu nombreuses et l'armée Ukrainienne régulière ne le fera sans doute pas, voire se retournerait contre Kiev. Ces diapositives semblent donc de la pure communication mais restent intéressantes pour comprendre la psychologie, les manipulations en cours et l'aveuglement à Washington. En même temps, le fait de les détailler en montre les failles, les faiblesses voire l'impossibilité de réaliser le début de ce qu'il faudrait faire. La seule option serait de déployer massivement l'armée américaine à partir de l'Allemagne, puis de provoquer une guerre totale en espérant que les Russes ne coulent pas cette armada au milieu de l'Atlantique – sans parler d'un conflit nucléaire. Ces rodomontades confinent un peu au délire.
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