Article original de James Howard Kunstler, publié le 15 Aout 2016 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
Il y a une nouvelle fonctionnalité à l’économie
tout-va-et-rien-ne-compte : rien-ne-se-crée. Les magiciens qui
prétendent mesurer la croissance du PIB (produit intérieur brut, soit la
valeur monétaire de tous les biens et services finis) ont sorti un
chiffre ajusté pour le deuxième trimestre de 1,2%. Cela doit être
interprété par quiconque est familier avec les statistiques économiques
de base comme parfaitement lamentable. Et pourtant, le Bureau of Labor Statistics a sorti un brillant rapport de 255 000 embauches non agricole pour juillet, bien au-dessus des prévisions de 180 000.
Il y a tellement de façons de truquer le nombre d’emplois – entre les
personnes forcées de travailler pour un emploi de merde et le modèle naissance / décès
notoirement utilisé pour faire dire tout ce qu’on veut aux anciens
chiffres à des fins politiques – que personne ne peut prendre cette
information au sérieux. Quoi qu’il en soit, le chiffre du PIB a été
instantanément oublié et celui de l’emploi a lancé les marchés boursiers
vers une altitude record précédemment inexplorée.
C’est la bonne époque de l’année pour les boys des hedge funds, avec leur testostérone partant en vrille, pour commencer à brûler leurs contrats de locations de maison dans les Hamptons [Lieu de vacances ultra-chic près de New-York, NdT].
Et c’est aussi le bon moment de l’année pour descendre en flammes un
système financier de plus en plus stressé. Et, bien sûr, c’est une
saison d’élection présidentielle. Même pour un allergique aux théories
du complot, il n’est pas exagéré d’imaginer un effort coordonné par les
banques centrales – sous la direction du gouvernement – pour générer de
l’argent Out-Of-Thin-Air [argent sorti de nulle part, cf. Quantitative Easing, NdT] dans le but de permettre aux flux de liquidités d’inonder les marchés boursiers et obligataires américains afin de peindre une fausse image de sauvetage,
de manière à assurer l’élection d’Hillary Clinton. Je pense que c’est
exactement l’idée derrière les récentes activités d’impression monétaire
par les banques centrales européenne, japonaise et la Banque
d’Angleterre.
Pourquoi cet argent finirait-il sur les marchés américains ? À cause
des obligations, parce que les rendements souverains de la zone Euro et
les obligations japonaises sont en territoires négatifs et que la Banque
d’Angleterre a juste coupé son taux préférentiel pour le passer en
dessous du taux préférentiel de la Réserve fédérale des États-Unis [qui n’est ni réserve, ni fédérale, NdT] ;
et pour les actions, parce que la valeur des trois autres monnaies
glisse vers le bas et que le dollar a augmenté – donc, quittez votre
devise en perte de vitesse pour le dollar qui monte et venez vous coller
au pot de confiture de la hausse des actions US. Cela va marcher
jusqu’à ce que cela s’arrête.
Pourquoi faire cela pour Hillary ? Parce qu’elle représente la
continuité de tous les rackets actuels utilisés pour soutenir la
croyance dans le modèle d’affaires en perdition de la civilisation
occidentale. Si elle n’est pas propulsée à la Maison Blanche, il n’y
aura aucun appui aux banques insolvables et aux gouvernements en
faillite et un message TILT apparaîtra dans le ciel. Ce message
est susceptible d’apparaître quand même parce que, rappelez-vous, les
autorités n’ont que la prétention de pouvoir gérer les événements. En
fait, l’ensemble de leurs stratégies et manigances de gestion
assure seulement la poursuite de la distorsion du système d’exploitation
de base, qui est déjà hors de tout contrôle après les vingt ans
d’efforts de gestion précédents alors que rien dans les marchés
bancaires ne fonctionne plus vraiment.
Les entreprises ne gagnent pas d’argent, en dépit de la hausse des
prix des actions. Personne doué de bon sens n’achète des obligations
avec des rendements négatifs – qui promettent de rembourser moins que le
capital au fil du temps – et ce sont les gouvernements qui doivent
faire semblant de les acheter. En fait, ils ne le font que par des jeux
d’écriture avec les trésors nationaux. Et, bien sûr, la masse des gens
dans toutes ces nations – y compris les gogo américains – s’enfoncent toujours plus profondément dans la misère chaque mois qui passe.
Le relâchement de la tension accumulée se fait sentir dans le jeu
politique, où les candidats outsiders ici et à l’étranger sont en hausse
et surfent sur une vague de colère et de ressentiment.
L’irresponsabilité et la bêtise des élites a été épique, sacrifiant tout
pour maintenir l’illusion de la normalité. Rien n’est normal et le peuple
s’en rend enfin compte. Malheureusement, il semble que la politique et
la finance vont plonger simultanément.
Les banques trop grandes pour
faire faillite enchaînées les unes aux autres sont déjà en train
d’étouffer avec leur suicide aux produits dérivés. Les marchés d’actions
sont à un accident d’algorithme près de plonger. Les marchés
obligataires sont une blague. Et Hillary peut gagner le prix de
consolation de présider l’épave fumante de tout ce bordel. Quand
cela arrivera, elle n’aura aucune idée de ce qu’il faut faire.
James Howard Kunstler
Note du traducteur
Beaucoup de mots pour dire que la pression monte du côté financier et que les élections américaines devraient être chaudes. Kunstler semble être passé à côté des DTS et de la dé-dollarisation... On verra avec les évènements comment il perçoit l'évolution de la société américaine, qui reste le gros morceau de l'Empire.
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