mercredi 25 avril 2018

Les graphiques économiques les plus importants …

Article original de Chris Hamilton, publié le 8 mars 2018 sur le site Econimica
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

… ne sont pas des graphiques économiques
Résultat de recherche d'images pour "démographie"L’économie mondiale est la somme de sa production de biens et de services par rapport à sa capacité à les consommer. Cet article soulignera l’inadéquation entre cette capacité de production en croissance rapide et la décélération de la capacité de consommation.

 

Pour la capacité de production, la mécanisation, l’innovation, la technologie et la dette bon marché ont contribué à accélérer son potentiel. À l’avenir, une foule de progrès, y compris l’IA, les robots et les véhicules autonomes, font partie des nombreux facteurs qui augmenteront encore cette capacité de production.

En ce qui concerne la capacité potentielle à consommer, chaque personne est essentiellement une unité de consommation multipliée par ses revenus, son épargne et son accès au crédit. Mais je veux vraiment me concentrer sur la population en âge de procréer (de 15 à 45 ans) et sur les naissances pour montrer ce qui se met en place et ce qui est à venir. Dans les graphiques ci-dessous, j’exclus l’Afrique parce qu’elle n’a pas les salaires, l’épargne ou l’accès au crédit pour être autre chose qu’une très petite erreur d’arrondi d’un point de vue macro-économique… mais elle représente une grande partie de la croissance de la population mondiale, au point de fausser les données. De même, les Africains représentent une très petite partie de l’immigration mondiale (détaillée ICI).

Population mondiale en âge de procréer (hors-Afrique)

Dans le premier tableau ci-dessous, les colonnes indiquent le changement annuel de la population en âge de procréer et la ligne bleue la population totale en âge de procréer. La croissance annuelle culmine en 1988 à +46 millions par an… actuellement en baisse de plus de 90% à tout juste +4 millions).

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Ci-dessous, le changement annuel de la population fertile (en pourcentage de la population totale hors-Afrique… colonnes rouges) par rapport à la population totale fertile (ligne bleue) et en ajoutant le taux de la Fed (ligne noire) et la dette mondiale (ligne rouge). Fait révélateur, le taux de la Fed (qui se rapproche de celui de l’inflation) a culminé simultanément avec le pic de la croissance annuelle de la population en âge de procréer. Cette hausse, ce pic et maintenant la décélération de la population annuelle en âge de procréer ont essentiellement été le moteur de la hausse, du pic et de la croissance actuelle de la demande. La substitution d’une dette en croissance rapide par une croissance de la population en décélération est évidente. L’augmentation légère de la variation de la population en âge de procréer au cours des cinq prochaines années correspond à la fin de la croissance… et à partir de là, il n’y aura que des baisses probables qui iront de pair avec des taux d’intérêt négatifs et la création d’une dette exponentielle.

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La Réserve fédérale et les banques centrales du monde entier réduisent leurs taux d’intérêt pour contrer la baisse de croissance. Cela favorise la création de nouvelles capacités importantes. Ces nouvelles capacités ne peuvent être soutenues que par des réductions encore plus importantes de taux, des déficits publics, plus des achats d’actifs par la banque centrale. En outre, les bulles d’actifs et l’inflation de ces politiques sans croissance des salaires semblent ralentir davantage la formation des familles. Cela crée une spirale descendante dirigée par la Réserve fédérale car ce sont les jeunes qui stimulent la croissance. Le graphique ci-dessous montre le revenu et les dépenses des États-Unis selon l’âge du chef de famille… Les 45-54 ans ont des revenus et dépensent deux fois plus que ceux de moins de 25 ans ou de plus de 75 ans. Ceci est probablement encore plus prononcé globalement.

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Les naissances mondiales (hors Afrique) continuent de diminuer

Enfouis profondément dans les tréfonds d’Internet, les histoires et les détails de l’effondrement des naissances sont arrivés à maturité. Quelques exemples :
  • Le taux de natalité atteint son plus bas niveau en 10 ans en Russie (ICI) ;
  • La bombe à retardement démographique de la Corée du Sud est plus rapide que prévue (ICI) ;
  • La fin de la politique de l’enfant unique de la Chine… beaucoup de bruit pour  rien du tout (ICI) ;
  • Chute des naissances au Brésil en 2016 , maintenant, on atteint à peine les 2/3 du pic du début des années 1980 (ICI) ;
  • Les taux de natalité aux États-Unis sont à leur plus bas, le nombre total de naissances est inférieur de 8% à celui de 1950 (ICI).
La croissance de la population mondiale en âge de procréer (ligne rouge dans le graphique ci-dessous, hors Afrique) plafonne mais le nombre de naissances par période de cinq ans (colonnes bleues, hors Afrique) est en baisse depuis des décennies. Le total des naissances a atteint un sommet vers 1988 et diminue depuis malgré la croissance de la population en âge de procréer.

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Cependant, le pic de population en âge de procréer (hors Afrique) aura lieu en 2030, avant un déclin indéfini, combiné à des taux de natalité déjà négatifs, qui pourraient faire plonger les naissances significativement plus que la variante moyenne de l’ONU (graphique ci-dessous).

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Point Zéro du dépeuplement en Asie de l’Est

L’Asie de l’Est comprend la Chine (+ HK, Macao, Taiwan), le Japon, les deux Corées et la Mongolie. Le nombre total de naissances a presque diminué de moitié, en baisse constante depuis le pic de 1965-1970. Mais depuis 2005, la boucle de rétroaction de la dépopulation est en train d’augmenter tandis que la cohorte des enfants diminue et que les taux de natalité négatifs se combinent entre les pays avec une émigration nette. La population en âge de procréer est en train de rétrécir rapidement, déjà en baisse de 120 millions, soit environ 15% de moins de personnes en âge de procréer. D’ici 2035, cette population sera réduite d’environ 215 millions, soit une réduction de 27% de ceux capables de se reproduire et des naissances proches d’un déclin de 2/3.

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En ce qui concerne l’Europe, les naissances ont atteint un sommet encore plus précocement qu’en Asie de l’Est, en baisse depuis la fin des années 1960 et la population en âge de procréer a commencé à décliner au début des années 1990 mais l’immigration nette a ralenti la boucle de dépopulation.

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Quant à la population et aux naissances cumulées des États-Unis, du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande… jamais les naissances n’ont de nouveau égalé le pic observé à la fin des années 1950 malgré le quasi doublement de la population féconde. Même des taux d’immigration élevés n’ont pas entraîné une augmentation nette des naissances.

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Conclusion

L’économie mondiale devrait continuer à accroître sa capacité à produire plus et plus efficacement. Cependant, en excluant l’Afrique, les populations fécondes et leur progéniture subissent un déclin accéléré… et la consommation mondiale résultante est désespérément trop faible par rapport à la surcapacité significative ainsi créée. La dépopulation significative des jeunes populations est une donnée acquise alors que les populations âgées continuent à exploser. Ce n’est que par ce biais que l’on peut comprendre les vrais problèmes auxquels est confronté un système économique fondé sur une croissance infinie. Nous sommes à la fin d’une époque et, espérons-le, au début d’une autre… la confusion dans l’intervalle et les tentatives désordonnées pour soutenir l’ancien système ne devraient pas nous surprendre, bien que ces tentatives n’aient aucune chance de réussir.

Pour ceux qui sont intéressés, vous pouvez aussi lire les textes suivants :

Crédit supplémentaire

Afrique…

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Inde…

L’Inde a connu un recul du nombre des naissances il y a plus de 15 ans et continue de faire la culbute. L’Inde qui a vu son taux de fécondité passer de près de 5 à 2,3 en 2017 (2,1 pour une croissance nulle)… la même Inde où toute la croissance démographique se passe dans les régions les plus pauvres du Nord avec des revenus aux mêmes niveaux que ceux de l’Afrique subsaharienne (parmi les personnes qui ne migrent pas ailleurs pour des raisons culturelles et religieuses) tandis que certaines régions méridionales relativement plus riches ont des taux de fécondité inférieurs à ceux de la Chine et du Japon.

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Chris Hamilton
 
Note du traducteur

Pour la Russie, Stratpol propose un article récent et une interview d'Alexandre Latsa sur ce sujet de la démographie Russe.


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