mardi 8 décembre 2015

La chute de l’Amérique signale la montée du Nouvel Ordre Mondial

Article original de Brandon Smith, publié le 2 Décembre 2015 sur le site alt-market
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr





«La quête contemporaine pour l’ordre du monde va requérir une stratégie cohérente pour établir un concept d’ordre dans les différentes régions et relier ces ordres régionaux à un autre.» – Henry Kissinger, lors de l’assemblée du Nouvel Ordre Mondial

«Une partie de la préoccupation des gens est tout simplement la conscience que partout dans le monde, l’ordre ancien ne tient pas et que nous ne sommes pas encore tout à fait là où nous devrions être concernant ce nouvel ordre qui est basé sur un ensemble différent de principes, sur un sens commun de l’humanité et sur des économies qui fonctionnent pour tous les peuples.» – Barack Obama



«Nous réitérons notre engagement fort pour les Nations Unies (ONU), en tant qu’instance multilatérale, avant tout chargée d’apporter l’espoir, la paix, l’ordre et le développement durable dans le monde. L’ONU jouit d’une adhésion universelle, elle est au centre de la gouvernance mondiale et le multilatéralisme. » – Déclaration du cinquième Sommet des BRICS

«Nous soutenons la réforme et l’amélioration du système monétaire international, avec un système de monnaie de réserve international à grande échelle assurant la stabilité et la certitude. Nous nous félicitons de la discussion sur le rôle des DTS dans le système monétaire international actuel, y compris la composition du panier de monnaies des DTS. Nous soutenons le FMI pour rendre son cadre de surveillance plus intégré et équilibré.» – Déclaration du cinquième Sommet des BRICS

Voici où de nombreux analystes politiques et économiques pêchent terriblement dans leur examen des paradigmes mondiaux actuels : ils ont tendance à croire aveuglément la narration dominante plutôt que de prendre en compte les déclarations et les actions contradictoires des dirigeants politiques et financiers. Même dans le mouvement de la Liberté, composé de certaines des personnes les plus sceptiques et les plus épargnées par les médias sur la planète Terre, les cancers des suppositions et des préjugés prennent souvent le dessus.

Certains partisans de la Liberté sont plus qu’heureux de croire dans certaines dynamiques particulières des médias traditionnels. Ils sont heureux de croire, par exemple, que le conflit croissant entre l’Est et l’Ouest est légitime plutôt que monté de toutes pièces.

Vous pouvez lister citation après citation et action politique après action politique prouvant que les gouvernements de l’Est, dont la Chine et la Russie, travaillent main dans la main avec les institutions mondialistes comme le Fonds monétaire international, la Banque des règlements internationaux, la Banque mondiale et l’ONU vers l’objectif de la gouvernance mondiale et de la centralisation économique mondiale. Mais ces gens ne vont tout simplement pas écouter. Ils doivent croire que les États-Unis est le méchant couronné, et que l’Est est dans l’opposition héroïque. Ils sont tellement prêts à tout pour un avant-goût de l’espoir qu’ils sont prêts à consommer le poison des fausses dichotomies.

Le mouvement de la Liberté est entiché de la supposition que le gouvernement américain et les élites bancaires les entourant sont au sommet de la nouvelle pyramide de l’ordre mondial et qu’ils «se battent pour leur survie» alors que l’économie américaine se désagrège derrière la façade d’un faux gouvernement et de fausses statistiques de la Banque Centrale. Combien de fois avons-nous entendu au cours de la seule année écoulée que la Réserve fédérale s’est «elle-même acculée dans un coin» ou s’est elle-même mise «entre le marteau et l’enclume» ?

Je dois rire de l’absurdité d’un tel point de vue, car les banquiers centraux et les internationalistes ont toujours utilisé l’instabilité économique comme un moyen d’obtenir un avantage politique et social. La consolidation de la puissance mondiale bancaire après la Grande Dépression est un témoignage de ce fait. Et même l’ancien président de la Fed, Ben Bernanke, a admis – au moins dans une certaine mesure – que la Réserve fédérale était responsable de cette terrible implosion, une implosion qui a idéalement servi les intérêts des cartels de banques internationales comme JP Morgan.

Mais la Réserve fédérale n’est rien de plus qu’un appendice d’un système plus vaste ; elle n’est pas le cerveau de l’opération.

Dans son livre «La tragédie et l’espoir», Carroll Quigley, membre du CFR et mentor de Bill Clinton, a déclaré:

«Il ne faut pas croire que les dirigeants des banques centrales principales du monde ont eux-mêmes des pouvoirs substantiels dans la finance mondiale. Ils ne les ont pas. Au contraire, ils ne sont que les techniciens et les agents des banquiers d’investissement dominants de leurs propres pays, qui les ont élevés à leur place et sont parfaitement capables de les renvoyer. Les pouvoirs financiers du monde sont dans les mains de ces banquiers d’investissement (aussi appelés des banquiers internationaux ou marchands) qui sont restés en grande partie dans les coulisses de leurs propres banques privées non constituées en société. Ceux-ci forment un système de coopération internationale et de domination nationale qui est plus privé, plus puissant et plus secret que celui de leurs agents dans les banques centrales.»

Dans Gouverner le monde de l’argent, le Harper’s Magazine établit ce que Quigley a admis dans La tragédie et l’espoir, que le contrôle de la politique économique mondiale et, par extension, de la politique politicienne est dominé par un petit nombre d’élites, notamment à travers le cadre institutionnel obscur de la BRI.

Les États-Unis et la Réserve fédérale ne sont que des tentacules des grands vampire des abysses qu’est le Nouvel Ordre Mondial. Et il est possible de sacrifier un tentacule, dans une certaine mesure, si l’échange se traduit par une plus grande centralisation du pouvoir.

L’illusion de certaines personnes au sein du mouvement de la Liberté, est que la chute de l’Amérique se traduira par la chute du Nouvel Ordre Mondial. En réalité, la chute de l’Amérique est une étape nécessaire vers la montée du nouvel ordre mondial. Le magasine financier The Economist appartenant à la famille Rothschild a réaffirmé cette tendance à l’harmonisation économique dans son article de 1988, Préparez-vous à une monnaie mondiale en 2018, qui décrit la création d’une monnaie mondiale appelée Phoenix sur trois décennies:

«La zone Phoenix imposerait des contraintes serrées sur les gouvernements nationaux. Il n’y aurait plus, par exemple, de politique monétaire nationale. La création du Phoenix mondial serait gérée par une nouvelle banque centrale, peut-être une émanation du FMI. Le taux d’inflation dans le monde et, par conséquent – avec des amplitudes faibles – chaque taux d’inflation national, serait à sa charge. Chaque pays pourrait utiliser les impôts et les dépenses publiques pour compenser les chutes temporaires de la demande, mais il aurait à emprunter plutôt qu’à imprimer de l’argent pour financer son déficit budgétaire. En l’absence de recours à une taxe inflationniste, les gouvernements et leurs créanciers seraient obligés d’étudier leurs plans d’emprunt et de prêt de bien plus près qu’ils ne le font aujourd’hui. Cela signifie une grande perte de souveraineté économique, mais les tendances qui rendent le Phoenix si attrayant l’emportent sur cette souveraineté dans tous les cas.»

«… Le Poenix serait probablement, au début, comme un cocktail de monnaies nationales, tout comme les droits de tirage spéciaux (DTS) le sont aujourd’hui. Avec le temps, cependant, sa valeur par rapport aux monnaies nationales cesserait d’avoir de l’importance, parce que les gens le choisiraient pour sa commodité et la stabilité de son pouvoir d’achat.»

Nous sommes maintenant sur le point de voir se réaliser la prédiction dont a parlé The Economist, il y a plus de 27 ans. Les nations des BRICS, y compris la Russie de Vladimir Poutine, ont tous constamment appelé à la formation d’un système mondial de monnaie de réserve sous le contrôle direct du FMI et fondé sur la méthode du panier de DTS. Ce nouveau système mondial, comme The Economist l’a suggéré, exige la marginalisation des structures de pouvoir existantes et la fin du contrôle économique souverain. Les gouvernements à travers le monde, y compris aux États-Unis seraient à la merci fiscale des nouveaux grands prêtres financiers grâce à l’utilisation de la dette en fonction des incitations insidieuses accordées ou non selon le bon vouloir du FMI.

La Chine est appelée à être intronisée dans le panier des DTS en 2015, avec des changements économiques spécifiques à effectuer avant septembre 2016, un développement sur lequel je vous ai mis en garde depuis des années. Le vote a eu lieu et la décision a été finalisée. Alors que certains dans les médias traditionnels minimisent la montée du yuan comme insignifiante, à la tête du FMI, Christine Lagarde présente ce changement comme un événement majeur, pas pour la Chine, mais pour le FMI et les DTS dont elle parle avec fierté comme la monnaie de monnaies.

L’ajout de la Chine au panier de DTS, je crois, est le prochain événement déclencheur sur le chemin de l’élimination du dollar en tant que monnaie de réserve mondiale. Le décalage monétaire peut exploser à grande vitesse si l’Arabie saoudite suit [les USA, NdT] avec un possible plan de dépréciation du dollar, mettant ainsi fin au statut du pétrodollar qui a tant réussi aux États-Unis depuis des décennies.

Ceci est, bien sûr, le même système des DTS contrôlé par le FMI que Poutine et le Kremlin ont appelé de leur vœux, malgré le fantasme courant sur Poutine qui serait en quelque sorte un adversaire des mondialistes.

Poutine continue d’appuyer sur la narrative, «les États-Unis sont les méchants maladroits», tandis que dans le même temps il soutient les institutions mondialistes et l’internationalisation de la gouvernance économique et politique. Alors que beaucoup de gens étaient trop concentrés sur son «cri de guerre» concernant les États-Unis et leur implication dans la création d’ISIS dans son récent discours à l’ONU, ils semblent avoir complètement négligé son adoration pour l’Organisation des Nations Unies et le développement d’une gouvernance mondiale constituée. Poutine parle souvent avec des sous-entendus comme Barack Obama le fait – un moment supportant la souveraineté et la liberté, puis appelant à la centralisation mondiale :

«La Russie est prête à collaborer avec ses partenaires pour développer l’ONU sur la base d’un large consensus, mais nous considérons toutes les tentatives visant à saper la légitimité de l’Organisation des Nations Unies comme extrêmement dangereuses. Ils peuvent entraîner l’effondrement de l’ensemble de l’architecture des relations internationales, et alors en effet il n’y aura pas de règles en réserve, sauf la règle de la force. »

«Chers collègues, assurer la paix et la stabilité mondiale et régionale demeure une tâche essentielle pour la communauté internationale guidée par les Nations Unies. Nous croyons que cela signifie la création d’un environnement de sécurité égal et indivisible qui ne servirait pas quelques privilégiés, mais tout le monde.»

M. Poutine a également proclamé son soutien à la lutte de l’ONU contre le changement climatique, le même changement de climat que le secrétaire d’État John Kerry a fait valoir comme étant un facteur dans la crise en Syrie et la montée d’ISIS. J’ai écrit par le passé sur la fraude du changement climatique anthropique (réchauffement global) et je ne vais pas entrer dans ce débat ici maintenant, mais il reste que Poutine est entièrement à bord avec ladite fraude comme tous les autres politiciens marionnettes du monde entier :

Note du traducteur
A ce sujet, je vous conseille le point de vue plus nuancé de Dmitry Orlov et sa série sur la technosphère qui commence par analyser le discours à l'ONU de Valdimir Poutine.

«… Une autre question qui affectera l’avenir de l’humanité tout entière est le changement climatique. Il est dans notre intérêt de faire en sorte que la prochaine Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques qui aura lieu à Paris en Décembre de cette année, aboutissent à des résultats tangibles. Dans le cadre de notre contribution nationale, nous prévoyons de limiter les émissions de gaz à effet de serre à 70-75% des niveaux de 1990 d’ici l’an 2030.»

«C’est en effet un défi d’ampleur mondiale. Et je suis convaincu que l’humanité a la capacité intellectuelle nécessaire pour y répondre. Nous devons unir nos efforts, et principalement l’engagement des pays qui possèdent des capacités de recherche et de développement solides, et ont fait des progrès significatifs dans la recherche fondamentale. Nous proposons la convocation d’un forum spécial sous les auspices de l’ONU pour aborder de façon globale les questions liées à l’épuisement des ressources naturelles, la destruction de l’habitat et le changement climatique. La Russie est prête à co-parrainer un tel forum.»

En effet, il est dans l’intention de Poutine de soutenir totalement et défendre le cadre internationaliste tout en participant en même temps au faux paradigme Est/Ouest théâtralisé :

«Dans le cadre des BRICS, nous voyons coïncider un ensemble d’intérêts stratégiques.
Tout d’abord, il y a une intention commune de réformer le système monétaire et financier international. Sous sa forme actuelle, il est injuste envers les BRICS et les nouvelles économies en général. Nous devrions prendre une part plus active dans le FMI et le système de prise de décision de la Banque mondiale. Le système monétaire international lui-même dépend beaucoup du dollar américain, ou, pour être précis, de la politique monétaire et financière des autorités américaines. Les pays des BRICS veulent changer cette situation.»

Les Chinois soutiennent le même agenda d’un monde économique géré par le FMI :

La crise économique mondiale montre les «vulnérabilités inhérentes et les risques systémiques du système monétaire international actuel», a déclaré le gouverneur Zhou Xiaochuan dans un essai publié lundi par la banque. Il a recommandé la création d’une monnaie constituée d’un panier de devises mondiales et contrôlée par le Fond monétaire international et il a déclaré qu’il aiderait «à atteindre l’objectif de sauvegarde de la stabilité économique et financière mondiale.»

Il est assez intéressant de voir comment les désirs des BRICS semblent coïncider directement avec les conceptions des banquiers internationaux. Cette dialectique hégélienne est peut-être la distraction du public la plus élaborée de tous les temps, avec une solution ultime au problème conçue artificiellement, un système économique mondial et de gouvernement du monde multilatéral mais centralisé, à savoir le Nouvel Ordre Mondial.

Encore une fois, les mondialistes de la BRI et du FMI exigent un dollar américain affaibli, une forte réduction du niveau de vie américain et une empreinte géopolitique beaucoup plus petite des États-Unis avant de pouvoir établir et finaliser une seule oligarchie mondiale élitiste publiquement acceptée.

Si vous ne pouvez pas comprendre pourquoi il semble que la Réserve fédérale et le gouvernement des États-Unis semblent vouloir mordicus leur auto-destruction, alors peut-être devriez vous considérer les faits et les motivations à portée de main. Ensuite, vous vous rendrez compte que c’est leur travail de détruire l’Amérique, pas de la sauver. Lorsque vous serez enfin prêt à accepter cette réalité, chaque évolution désastreuse depuis la création de la FED il y a un siècle, ainsi que tout ce qui est sur le point de se produire dans les prochaines années, prendra tout son sens.

Cela ne veut pas dire que la finalité ultime du Nouvel Ordre Mondial se traduira par une victoire. Mais les preuves concrètes, froides, tangibles montrent que les internationalistes ont un plan ; ils mettent en œuvre ce plan systématiquement ; et tous les gouvernements majeurs à travers le monde participent à ce plan. Ce plan implique l’effondrement inévitable et la réforme de l’Amérique en une enclave du Tiers-Monde, un objectif qui est presque achevé, comme je vais le décrire dans mon prochain article.

Lorsque que les États-Unis seront déstabilisés, nous n’échapperons pas à l’emprise de la Réserve fédérale, mais nous échangerons seulement un modèle de gestion totalitaire pour un autre. Il est absolument vital que le mouvement de la Liberté en particulier embrasse enfin pleinement cette réalité. Si nous ne le faisons pas, alors il n’y aura vraiment aucun obstacle à la réussite d’un tel plan et pas de fin à la tyrannie de l’ancien monde ou du nouveau monde.

Brandon Smith


Note du traducteur

Pour la partie de transfert du pouvoir, les analyses de Brandon se concrétisent et renforcent son point de vue, me semble-t-il. Pour le rôle de la Russie dans la promotion du NOM [Nouvel Ordre Mondial], c’est plus discutable car certes la Russie et la Chine renforcent le rôle du FMI qui est une place forte visible de ce NOM, mais cela se fait au détriment des USA et de leur armée qui reste un danger existentiel pour ces pays. Et il n’est pas exclu qu’ils changent de direction à un certain point.

Concernant l’ONU, c’est aussi ambigu car la promotion de l’ONU comme outil de dialogue n’engage à rien de bien concret. Il reste que l’ONU est bel et bien un vecteur du développement au sens ou l’entendent les corporations et les mondialistes en Guerre contre le modèle de civilisation Russe, la promotion des marchés, la privatisation du droit et de la guerre, qui font des ravages dans les pays les plus faibles.

La question reste ouverte sur une troisième voie des BRICS, collaborer à minima pour affaiblir l’adversaire sans se faire prendre dans un filet monétaire ou institutionnel.

Pour Brandon, il faut aussi comprendre qu’il est citoyen américain et que la fin de l’Amérique va secouer son environnement immédiat. Comme chacun, il voit aussi le monde au travers de ses lunettes. Et la situation de 100 millions d’Américains, un tiers de la population, exclus du système donnent un avant-goût de ce qui peut nous attendre.

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