jeudi 31 mai 2018

Les États-Unis deviennent une menace pour l’économie et la sécurité de l’Europe

Article original de Elijah J Magnier, publié le 22 mai 2018 sur le site ejmagnier.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

L’Iran refuse d’envisager une alternative et pivote vers la Russie et la Chine

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« L’Iran rejettera toute offre de la Communauté européenne et même des États-Unis, de revenir à la table des négociations et de reprendre la rédaction de l’accord nucléaire en échange de garanties de Téhéran d’arrêter de développer son programme de missiles, de se retirer de Syrie en lâchant ses alliés (le Hezbollah au Liban, le Djihad palestinien du Hamas, les Houthis au Yémen) car ce qui est en jeu, c’est la sécurité nationale iranienne, sa constitution et sa doctrine », a déclaré un haut responsable iranien impliqué dans les négociations du programme nucléaire.



Tous les milliards que l’Europe pense pouvoir offrir à l’Iran pour restructurer et modifier l’accord nucléaire ne changeront pas nos vues et nos objectifs. L’Iran sera certainement touché par de nouvelles sanctions, mais il existe des alternatives économiques sur la table. Celles-ci existaient déjà au temps des précédentes sanctions qui ont duré des décennies. Aujourd’hui, l’Iran de 2018 n’est plus l’Iran de 1979. Nous avons des partenaires et des alliés dans le monde entier.

La source était inflexible : « L’Imam Ali Khamenei nous l’a dit clairement : Si les Américains demandent un doigt et que nous le leur donnons, ils demanderont la main, et s’ils prennent la main, ils demanderont le bras et s’ils l’obtiennent, ils demandent le corps. L’objectif est de soumettre Téhéran au contrôle américain et d’éloigner l’Iran de la Russie. Nous ne nous sommes pas soumis au cours des quatre dernières décades depuis que notre révolution islamique a gagné, alors cela ne se produira certainement pas aujourd’hui. »

La question est de soumettre l’Iran : c’est une question de contrôle, pas de fabrication de bombe nucléaire. Il s’agit de frapper les alliés de la Russie qui ont réussi à vaincre les États-Unis sur leur terrain de jeu (le Moyen-Orient) permettant à la Russie de revenir, plus forte que jamais, sur la scène internationale. Cet objectif américain (pas très bien caché !) est en effet clairement manifesté par les 12 conditions impossibles du secrétaire d’État américain Mike Pompeo, un diktat visant à soumettre l’Iran et permettre aux USA de définir les « choix » et les alliés de l’Iran.

Le jour où le président Donald Trump a annoncé le retrait américain de l’accord nucléaire, le président russe a souligné qu’il n’était pas intéressé par la position américaine : « Moscou est engagée dans tous ses accords avec l’Iran ».

L’Iran ne croit pas que Barack Obama ait poussé un accord nucléaire pour satisfaire Téhéran ou le récompenser. Et cette ancienne administration américaine était convaincue que l’Iran ne s’inclinerait pas. Ainsi, elle espérait que Téhéran serait prête à discuter d’autres questions (sa politique du Moyen-Orient, par exemple), et garderait ses distances avec les géants russe et chinois (les concurrents de Washington), prêts à remplacer les États-Unis et l’Europe en Iran pour aider à surmonter les sanctions américaines.

En effet, l’Iran estime que la Russie, la Chine et de nombreux autres pays (comme l’Inde et la Turquie) ne respecteront pas non plus les sanctions américaines. Même si l’Europe se retirait de l’accord nucléaire dans le délai proposé par l’Iran à l’UE (40 à 60 jours) sans donner des garanties suffisantes, l’Iran ne respecterait en aucun cas une proposition américaine.

Lors de la signature de l’accord sur le nucléaire en 2015, l’Iran était divisé en deux clans : un voulait passer des contrats économiques avec l’Europe et un autre voulait se concentrer sur des contrats avec principalement la Chine et la Russie.

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Aujourd’hui, si l’Europe se retire ou ne fournit pas de garanties adéquates à l’Iran, d’autres partenaires (Russie et Chine) sont prêts à intervenir. Par exemple, si Total se retire du champ gazier South Pars, la CNPC chinoise est prête à le remplacer (Total possède 50,1% du gâteau, la CNPC 30% et PetroPars 19,9%). Si Airbus et Boeing se retirent de l’accord en réponse à la volonté et aux sanctions américaines, ils vont perdre 39 milliards de dollars et seront remplacés par des firmes russes.

Cela ne signifie pas que l’Iran ne perdra pas de vrais partenaires en Europe. Cependant, il n’a pas beaucoup gagné jusqu’à présent, car il n’a reçu que 10 des 150 milliards de dollars d’actifs iraniens gelés aux États-Unis. Par conséquent, la « perte réelle » n’a pas eu lieu − parce que l’Amérique n’a pas respecté l’accord mais l’a laissé moisir avant de le transmettre finalement à l’ère Trump.
Trump ne comprend pas que la politique de piraterie et sa conduite avec les pays du Moyen-Orient soient pour eux un cadeau et une forme de chantage qui maintient leurs dirigeants au pouvoir. Trump veut dominer la République islamique et maintenir un « contrôle » mondial unilatéral : Obama a compris qu’il ne pouvait plus prétendre à cela. Trump n’accepte tout simplement pas le retour de la Russie et refuse de partager le pouvoir.

Il est vrai que la Russie s’était aussi engagée dans les sanctions américaines contre l’Iran, alors qu’elle était faible (à partir des années 1990 et jusqu’en 2011). Mais la situation a changé depuis la guerre en Syrie. Les changements dans l’équilibre du pouvoir ont émergé lorsque l’axe de résistance dans la guerre syrienne − avec la Russie (qui n’en fait pas partie, mais le soutien au Levant) − a vaincu les États-Unis et ses alliés européens et moyen-orientaux en prévenant un « changement de régime ». Ainsi, l’Iran − et ses alliés − ne se sentent nullement en position de faiblesse face à l’escalade des positions américaines à leur encontre.

Il y a longtemps que le président Bachar al-Assad a été invité à abandonner la cause palestinienne et les organisations qu’il hébergeait en Syrie et le « Hezbollah » libanais : il a refusé et la guerre a été menée contre son pays. Le Hezbollah a reçu une offre en milliards de dollars pour arrêter d’attaquer Israël et retirer ses armes du sud du Liban : son secrétaire général a rejeté les offres japonaises et américaines répétées. L’Iran a également rejeté ces milliards et la levée des sanctions pour cesser de soutenir la Palestine et le Hezbollah. Lorsque les États-Unis ont découvert que le recours à la force militaire et au changement de régime ne fonctionnait pas au Levant pour écraser les ennemis d’Israël et ceux en dehors de son orbite dominante, ils se sont tournés vers la guerre économique et de nouvelles sanctions.

Aujourd’hui, la Communauté européenne rejoint la ligne de « l’axe de la résistance » contre l’intimidation de Trump. Le vieux continent dominé par l’UE sera le plus touché par les sanctions américaines contre l’Iran et son partenaire américain. Trump se comporte avec ce que l’on suppose être ses partenaires européens de la même manière qu’il traite les pays arabes (une politique d’encouragement et d’intimidation, principalement avec l’Arabie saoudite, Bahreïn et les Émirats).
Ainsi, les États-Unis ont non seulement menacé l’Iran et « l’axe de la résistance », mais ils menacent la sécurité et l’économie des pays européens, alliés historiques. Trump pousse le monde vers le militarisme, et vers la séparation et l’aliénation aux États-Unis, avec sa politique unilatérale débridée qui refuse d’accepter le fait accompli : le temps de l’unilatéralisme est terminé.

Elijah J Magnier

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