samedi 23 mars 2019

Un endroit à vous

Article original de James Howard Kunstler, publié le 8 Mars 2019 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

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Tu sais où est ta place ? En ces jours de Wokesterisme [La faction de gauche qui se bat pour la « justice sociale » s’appelle elle-même « woke », qui est un idiome américain noir anglais signifiant « éveillé ». L’auteur les appelle, les Wokesters et leur religion le « Wokesterism. », NdT] hystérique, la question provoquerait certainement une émeute encadrée par des Antifas au son des cloches de vache pendues à leur cou, des évanouissements dans le caucus noir du Congrès, et des éditoriaux gravement équivoques de David Brooks du New York Times. Pourtant, c’est un dilemme central et non reconnu de notre époque que tant d’Américains n’ont pas leur place et en souffrent terriblement.




Les êtres humains ont besoin d’une place dans l’ordre social, dans l’ordre économique et dans la géographie actuelle afin de fonctionner de manière optimale dans une vie pleine de défis et de difficultés que la réalité vous présente de manière habituelle. Prenons ces endroits dans l’ordre inverse.

C’est un fait que la plupart des Américains vivent dans des environnements quotidiens qui, au mieux, ne valent pas la peine d’être pris en compte et, au pire, détruisent activement la neurologie humaine. Avez-vous bien regardé le paysage urbain américain dernièrement ? Comment vous sentez-vous en vous aventurant sur les boulevards commerciaux à six voies bordés d’architecture de dessins animés ? Je dirais anxieux ou engourdi. Ou dans une rue principale bordée de magasins vides ? Ou une avenue de grattes-ciel en verre, despotique et écrasante ? Ou une vaste subdivision de McHouses identiques où le bison errait autrefois ? Faut-il s’étonner que les Américains aient besoin de plus d’antidépresseurs que les habitants d’autres pays ? Ou qu’à défaut de trouver un traitement, ils s’auto-médicamentent avec de l’alcool, des opiacés, des collations sucrées et tout ce qui les éloigne de la réalité écrasante de leur environnement.

Je ne pense pas que l’on puisse exagérer les dommages que nous nous sommes infligés dans l’arrangement matériel de notre vie nationale. Il y a dix ans, j’ai participé à de nombreuses réunions du conseil de zonage appelées à approuver de nouveaux Walmarts et d’autres chaînes de magasins dans ma région du nord de l’État de New York et du sud du Vermont. Inévitablement, les compagnies ont organisé et entassé une brochette de locaux dans la salle de réunion – elle-même une pièce au plafond bas et déprimante faite de parpaings et d’éclairage fluorescent – pour remplir les sièges et crier en faveur du « shopping à prix réduit ».

C’était une sacrée bonne affaire qu’ils ont faite. Les chaînes de magasins ont été approuvées et les rues principales sont mortes, mais ce n’était pas la fin. Cette dynamique a également détruit les réseaux qui donnaient aux citoyens locaux une place économique et sociale. Les commerçants locaux étaient les gardiens de la ville. Ils prenaient soin de deux bâtiments – leur magasin et leur maison. Ils siégeaient à des conseils d’administration de bibliothèques, d’écoles et d’hôpitaux et donnaient de l’argent pour le fonctionnement d’institutions locales. Ils employaient des gens qui vivaient en ville et il y avait des conséquences à les traiter bien ou mal. Il fut même un temps dans ce pays où les commerçant du coin n’osaient pas ériger un bâtiment d’une laideur insultante.

Une grande partie de ce comportement économique a produit les perversions sociales de notre époque. L’extermination d’une classe entière de commerçants locaux a éliminé le cœur de la classe moyenne américaine et a concentré de façon grotesque la richesse de la nation parmi les léviathans des corporations qui représentent un pour cent de la population. Elle a également éliminé l’endroit où les jeunes apprenaient à faire des affaires, à se préparer à monter leurs propres entreprises et à se faire une place dans le monde.

Quelle est votre place maintenant ? Une cabine dans le département marketing de Old Navy ? Une allée dans un Home Depot ? Une place dans le bureau de la diversité et de l’inclusion d’une université d’État, poussant à trier la population étudiante en catégories raciales et sexuelles parce que toutes les autres façons d’appartenir à la société ont disparu ? Ou occupez-vous dix pieds carrés de trottoir avec une bâche et un chariot ? Aucun de ces endroits n’est susceptible de donner le sentiment personnel que la vie vaut la peine d’être vécue.

Ceux d’entre vous qui réclament encore sincèrement le « changement » pourraient commencer à se demander si vous avez la moindre idée où trouver un endroit digne d’intérêt dans ce pays et ce qu’il faudrait faire pour en créer un, y compris la révision d’un grand nombre d’idées dans votre tête que vous prenez pour acquises. Indice : si vous cherchez dans la direction politique actuelle, vous perdez probablement votre temps et votre énergie. Si vous cherchez dans une identité de groupe, vous ne découvrirez peut-être jamais la puissance de votre propre capacité individuelle à faire des choix pour vous-même.

Too much magic : L'Amérique désenchantée

James Howard Kunstler

Pour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d’abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu’au ciel.

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