samedi 30 mars 2019

Mortellement sérieux

Article original de James Howard Kunstler, publié le 18 mars 2019 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr


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La vidéo selfie réalisée par le tireur néo-zélandais Brent Tarrant montre une fois de plus au monde à quel point un acte d’homicide de masse peut être choquant et banal. Il a parcouru les différentes salles de deux mosquées de la banlieue de Christchurch, exterminant les fidèles désarmés et impuissants comme s’il s’agissait de simples points à accumuler dans un jeu vidéo. Ils n’avaient ni personnalité ni histoire. Ce n’étaient que des cibles. Et quand ils gémissaient ou bougeaient, il leur tirait dessus à nouveau pour s’assurer qu’ils étaient définitivement hors-jeu. Le tireur a été arrêté et il est toujours en garde à vue.



Il s’est acquitté de sa tâche avec exactement le genre d’efficacité paramilitaire qui est si admirablement représentée dans les films Mission Impossible ou Fast and Furious, tout est une question de business, aucune émotion. Le manifeste qu’il a laissé sur Internet montre son mobile, clair et détaillé sur ce qu’il n’a pas hésité à qualifier d’« attaque terroriste ». Il était particulièrement intéressé à provoquer un nouveau débat sur le 2ème amendement de la Constitution aux États-Unis, dans l’espoir de provoquer une guerre civile qui diviserait la nation en régions en guerre, divisées par race. Il se dit « éco-nationaliste » parce qu’il considère la surpopulation comme la principale menace pour la planète et que les non-Européens sont les plus féconds et donc responsables de ce problème. Il ira au procès et il dit qu’il a l’intention de plaider innocent. Vous feriez mieux de le prendre au sérieux.

Au moins la moitié de la classe politique américaine ne prend pas la question de l’immigration au sérieux, sauf comme un stratagème pour ce qu’elle pense être un avantage politique. La gauche fait tout ce qui est en son pouvoir pour confondre la question et la mélanger avec des litiges à tous les niveaux, de l’application des lois locales jusqu’au Congrès, en commençant par l’effort de longue date pour brouiller les définitions entre immigration légale et illégale. La droite « conservatrice » n’ose pas faire appel, de peur de perdre des voix hispaniques. C’est donc à la figure maladroite et incendiaire de M. Trump d’exiger des éclaircissements sur ce que sera la politique officielle, y compris l’application des lois existantes, et il a été critiqué pour cela tout au long du processus. Ce n’est pas un bâtisseur de consensus, c’est le moins qu’on puisse dire.

La semaine dernière, coïncidant avec le massacre de la mosquée en Nouvelle-Zélande, M. Trump a déclaré ce qui suit :

« Vous savez, la gauche joue un jeu dur. C’est très drôle. En fait, je pense que les gens à droite sont plus durs, mais ils ne jouent pas dur. O.K. ? Je peux vous dire que j’ai l’appui de la police, l’appui des militaires, l’appui des Motards pour Trump. J’ai les gens durs, mais ils ne jouent pas aux durs – jusqu’à ce qu’ils en arrivent à un certain point, et alors cela va très mal se passer, vraiment très mal. »

Comme d’habitude, sa syntaxe est désastreuse ainsi que son habitude de se placer au centre de chaque problème. Mais, comme d’habitude avec M. Trump, et à cause de sa langue sans filtre, il expose des sujets qui devraient être extrêmement troublants pour tous les Américains : que la terre est pleine d’hommes avec un énorme potentiel de violence – et plus particulièrement d’hommes avec une formation militaire et paramilitaire pour le meurtre et la guerre, qui ont, jusqu’ici, à peine exprimé en action leur mécontentement envers les tactiques de leurs adversaires de gauche. Cette boîte de Pandore de la calamité inclut la récente campagne de la gauche pour dénigrer les hommes comme étant toxiques et sans valeur, en particulier les hommes blancs portant la lettre écarlate « P » pour privilège.

La gauche a intérêt à rester sobre et à se joindre à un débat de bonne foi intelligible sur la politique d’immigration américaine et l’application des lois existantes, sans quoi elle aboutira exactement à ce que Brent Tarrant a exposé et ce à quoi M. Trump a maladroitement fait allusion. Au lieu de cela, bien sûr, il est plus probable que nous commencerons une autre campagne inutile sur les armes à feu. Voici quelques faits clairs à ce sujet. Il y a déjà assez d’armes à feu de toutes sortes dans ce pays pour déclencher une guerre civile et elles ne seront pas rendues par leurs propriétaires. Le vin est tiré, même si la vente d’armes de type militaire devait être interdite. Toute tentative de les confisquer à des personnes qui les possèdent déjà ne fera que provoquer un antagonisme plus ouvert entre les deux pôles de la politique américaine – et conduira probablement exactement au type de violence que les observateurs sobres voient se profiler à l’horizon.

Notre culture commune américaine chancelante et son expression dans le consensus politique devrait commencer par le fondement du contrat social : ne pas s’entretuer. C’est du moins le principe qui devrait être considéré comme allant de soi, sans qu’il soit nécessaire de recourir à l’équivoque par le biais d’arguments autour de la « diversité ». La gauche joue avec le feu avec son approche malhonnête et de mauvaise foi pour débattre de la question de l’immigration, et le débat sur les armes à feu ne fera qu’en détourner l’attention.

Too much magic : L'Amérique désenchantée 

James Howard Kunstler

Pour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d’abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu’au ciel.

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