samedi 20 avril 2019

Anxiété biblique


Article original de James Howard Kunstler, publié le 1er avril 2019 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

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Les gens rongés et aigris de ce pays peuvent être bons et en avoir marre de la politique, du RussiaGate et des conflits sociaux inspirés par Trump, mais ils pourraient bientôt avoir quelque chose de plus terre-à-terre à craindre : Les inondations et les fléaux bibliques.




L’hystérie médiatique entourant le rapport Mueller a presque éclipsé les nouvelles d’inondations historiques dans le Midwest qui ont déjà causé 3 milliards de dollars de dommages aux fermes, aux maisons, au bétail et aux infrastructures. Avec des précipitations printanières déjà à 200% des niveaux normaux, la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) a publié fin mars une déclaration dans laquelle elle déclarait : « La saison des inondations s’annonce comme une saison sans précédent, avec plus de 200 millions de personnes exposées aux inondations dans leurs communautés  ».

Plus précisément, deux grands barrages à l’Ouest du pays montrent des signes inquiétants d’effondrement potentiel qui pourraient entraîner des catastrophes sans précédent. Le barrage d’Oroville sur la Feather River au nord de Sacramento – le plus haut barrage construit en terre des États-Unis – a failli s’ouvrir en deux en février 2017 lorsque des pluies record ont endommagé le déversoir principal, menaçant d’envoyer un mur de 10 mètres d’eau en aval vers la capitale de l’État et les villes de la Californie sur le chemin. Lorsque l’évacuateur de crues a été fermé pour évaluer les dommages, qui étaient importants, l’évacuateur de crues secondaire d’urgence a été ouvert pour la première fois depuis que le barrage a été construit en 1968. Il a aussi commencé à se désintégrer et, peu de temps après, le lac Oroville a commencé à s’écouler par le haut du barrage lui-même. L’État a dû ordonner l’évacuation de 188 000 personnes dans trois comtés. Les efforts frénétiques pour larguer des sacs de sable des hélicoptères ont stabilisé les dégâts et, heureusement, la pluie s’est arrêtée.

Des poursuites judiciaires subséquentes contre le ministère des Ressources en eau de l’État ont révélé un mauvais entretien, le vol d’équipement et une mauvaise tenue des dossiers. Maintenant, deux ans plus tard, de nouvelles fissures sont apparues dans l’évacuateur de crues principal « réparé » du barrage d’Oroville. Le manteau neigeux de la Sierra Nevada se situe à 153% au-dessus de la moyenne, et le Service météorologique national prévoit que les faibles conditions d’El Niño et les températures supérieures à la moyenne dans l’océan Pacifique produiront probablement des précipitations supérieures à la moyenne ce printemps avec la fonte du manteau de neige.

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Le barrage de Fort Peck, sur le cours supérieur du Missouri, au Montana, est également un sujet d’inquiétude pour les experts qui observent une accumulation de neige record dans les Rocheuses. C’est aussi un barrage en terre – le plus grand au monde en volume – qui est un terrassement de boues hydrauliques. Parce qu’il est situé sur les hautes plaines plates, le barrage est extrêmement long, s’étendant sur 6,4 km. Derrière lui se trouve un réservoir qui est le cinquième plus grand lac artificiel du pays.

L’inquiétude augmente parce que la fonte des neiges coïncide avec une activité sismique inhabituellement active autour de la caldeira de Yellowstone, l’un des super-volcans du monde. La construction à base d’un remblai du barrage provoque une tendance à se liquéfier lorsque le sol tremble. La rupture du barrage de Fort Peck entraînerait l’équivalent d’une année entière de débit de la rivière Missouri en aval dans un déversement qui pourrait potentiellement emporter les cinq autres barrages en aval du réseau de réservoirs principaux de la rivière Missouri, ainsi que chaque pont du Montana à St. Louis, une quantité inimaginable d’infrastructures agricoles et urbaines et plusieurs installations nucléaires. Ce serait la plus grande catastrophe nationale de l’histoire des États-Unis. Je dis ça comme ça.

Un timide correspondant scientifique écrit : « Les épidémiologistes pensent qu’une inondation dans les steppes d’Asie centrale a déclenché l’épidémie de peste eurasiatique de 1347. Des rumeurs de mortalité humaine massive en Inde ont atteint l’Europe au milieu des années 1340. Les Mongols assiégeant la ville côtière de Trebizond sur le rivage de la mer Noire ont catapulté des cadavres infestés de peste par dessus les murs de la ville et les navires marchands italiens fuyant Trebizond ont transporté l’infestation à Gênes, qui a permis à l’équipage mourant d’accoster … Les rongeurs infestés par les puces qui propagent la peste habitent généralement les régions arides des prairies, comme les grandes plaines d’Amérique et les semi-déserts de la Californie et du Nouveau-Mexique. Les inondations actuelles du Midwest américain et le déversement massif de blé, de maïs et de soja contaminés au milieu des inondations provoqueront probablement une explosion de la population de rongeurs dans la région, ce qui, dans le contexte de la prolifération de rats dans les campements de sans-abri, pourrait se répéter en Amérique du Nord dans les années 2020. Ce qui s’est déjà passé peut se reproduire. »

Les camps de sans-abri autour de Los Angeles ont fait apparaître des cas de maladies de type médiéval, typiques des colonies humaines avant que l’assainissement public ne devienne une caractéristique standard de la vie civilisée : Beaucoup se propagent par les matières fécales (ainsi que par la consommation de drogues) : hépatite A, typhus, shigellose (ou fièvre des tranchées, transmise par les poux du corps) et tuberculose. Dieu sait ce qui franchit la frontière pour entrer dans le premier « État sanctuaire » d’Amérique [Californie, NdT]. Attendez qu’il se passe quelque chose. Je dis ça comme ça.


Too much magic : L'Amérique désenchantée

James Howard Kunstler

Pour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d’abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu’au ciel.

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