jeudi 19 septembre 2019

Météo incertaine

Article original de James Howard Kunstler, publié le 6 septembre 2019 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr


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Après avoir laissé quelques morts derrière lui dans les Bahamas, l’ouragan Dorian a à peine frôlé le continent américain en route vers les hauts-fonds canadiens de l’oubli, sauvant peut-être l’industrie américaine de l’assurance. Mais la côte ouest humide de l’Afrique lance une cavalcade de remplaçants alors que la haute saison des tempêtes de l’Atlantique commence, alors mieux vaut garder les plaques de contreplaqué à portée de main. Beaucoup de choses semblent orageuses dans le monde en ce moment : les nations, les marchés, la politique – tout sauf les trois divisions de la Ligue américaine… bâillement…



Le monde est dans un état de nervosité ces jours-ci. Les États-Unis sont quelque chose comme la vieille tante folle du monde, que tout le monde aimerait enfermer dans le grenier. Sauf qu’il se trouve qu’elle berce un bazooka, alors ils vont continuer à essayer de l’ignorer encore un peu, en espérant qu’elle ne tire pas de roquettes sur les voisins.

La Grande-Bretagne court vers le chaos dans sa tentative d’éviter le dilemme du Brexit, qui lui-même semble promettre une bonne dose de chaos alors que des milliers de questions commerciales non résolues menacent l’avenir économique du pays en l’éloignant de l’Europe. La majorité de ceux qui ont voté pour le Brexit estiment que l’UE les écrase déjà sous le joug bureaucratique et les quotas d’immigration. Le nouveau Premier ministre Bo-Jo a essayé un stratagème après l’autre dans sa quête pour atteindre la rampe du Brexit pour Halloween. Tout le monde se ligue contre lui, même son propre frère, Jo Johnson, qui a quitté le Cabinet et abandonne son siège au Parlement. Bo-Jo veut déclencher des élections parce qu’il n’y a personne d’autre pour prendre sa place, et beaucoup de ceux qui le pilonnent détestent aussi le chef du parti travailliste de l’opposition, Jeremy Corbyn. Les événements dépassent la capacité de tout le monde à voir ce qui se passera ensuite. La violence de rue n’est pas exclue.

Ce qui est en jeu derrière tous ces va-et-vient, c’est la question de la souveraineté nationale. Est-ce que ça a encore de l’importance ? Je soupçonne qu’elle importera de plus en plus pour tout le monde dans de nombreux pays, et à une échelle de plus en plus réduite de divisions politiques, de sorte que, par exemple, la Grande-Bretagne elle-même devra renoncer à sa domination sur l’Écosse et l’Irlande du Nord. C’est ce qui se passe dans l’air du temps depuis que l’Union soviétique et la Yougoslavie se sont effondrées, il y a un certain temps. Même les États-Unis sont de plus en plus désunis et il n’est pas inconcevable qu’avant la fin du siècle, certaines régions puissent suivre leur propre voie. Les Texans en parlent depuis des années, et la Californie agit déjà comme si elle avait entamé une procédure de divorce.

La Chine, quant à elle, fouette Hong Kong son quasi-vassal comme un chien parce que Xi Jinping n’est pas en mesure de se mettre Donald Trump à dos et Xi doit s’en prendre à quelqu’un. Tout semblait si rose pour la Chine alors qu’elle sortait de son cocon médiéval pour atteindre l’âge adulte industriel, et maintenant Trump est en train de ruiner les arrangements mondiaux qui ont fait de ce vieux fantôme du passé un super-dragon mondial. Ils se sont bien éclatés sur la route du capitalisme – même s’ils sont gouvernés par des communistes – mais une tempête de mauvaises créances les guette et arrive par derrière, et si elle les rattrape, la balade sera terminée et une sorte d’effroyable crack aura lieu.

Toute la normalité constante des soixante-dix dernières années est en train de s’effriter. La modernité cède enfin le pas à quoi ? Personne ne le sait. Et cela n’est nulle part plus évident que dans le domaine de l’argent et de l’économie. Au-delà de toutes les autres querelles des temps modernes – la démocratie contre le communisme, l’islam contre l’Occident, le Nord riche contre le Sud pauvre – une chose est restée assez stable : le flux du pétrole dans les moteurs de l’économie. Il s’est avéré que le monde n’avait pas besoin de manquer de pétrole pour que cette normalité s’effiloche ; il fallait juste que le pétrole devienne marginalement inabordable, et voilà ! C’est difficile pour les gens de piger, surtout ici aux États-Unis avec une production de pétrole tellement supérieure à l’ancien pic des années 1970 que cette déclaration semble absurde.

Mais il en est ainsi. Les compagnies à la recherche de pétrole de schiste l’ont fait avec des tonnes d’argent emprunté, et maintenant qu’elles ont démontré que ce n’est pas une entreprise rentable, les investisseurs leur remontent les bretelles et elles ne peuvent plus obtenir de nouveaux prêts. Une contagion de faillites est en cours parmi elles et cela va s’aggraver car le modèle économique du pétrole de schiste est une plaisanterie.

Mais le modèle d’affaires pour les nations du monde est aussi une plaisanterie : empruntez autant que possible sur votre propre avenir et priez pour une fin heureuse. Cela rend le monde entier fou. C’est exactement la raison pour laquelle les Américains pensent que c’est une bonne idée pour les transsexuels qui ont un casier judiciaire de lire des histoires aux enfants de six ans. Ces illusions et les voyages financiers qui les engendrent s’aggraveront également à mesure que les nations du monde s’enfonceront dans l’univers alternatif du financement sans intérêt et des simulacres à la Ponzi. Sans ce pétrole bon marché, la croissance est impossible, et sans croissance, le crack est inévitable.

Too much magic : L'Amérique désenchantée 

James Howard Kunstler

Pour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d’abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu’au ciel.

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