vendredi 13 septembre 2019

Le Quickening

Article original de James Howard Kunstler, publié le 2 septembre 2019 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr




Quickening
Un vent mauvais menace de labourer et d’agiter la côte atlantique en cette fête du travail comme une métaphore agissant en direct, ce qui laisse présager un naufrage plus général à venir dans les quatre derniers mois de 2019. Plus que la plupart des années précédentes, ce dernier week-end de vacances semble marquer une frontière entre le passé et le futur, entre les fins et les débuts.



Les secousses du mois d’août semblent marquer la fin d’une période de marché haussier de dix ans, alias « la reprise », une campagne orchestrée par la banque centrale pour prétendre que la croissance économique est infinie sur une planète finie. La magie du crédit – « l’argent » découplé des ressources – a drainé le pouvoir de séduction économique hors du temps pour que nous puissions regarder les vidéos de Miley Cyrus tout en grignotant des chips de pommes de terre « frites avec sauce ranch » de Lay’s. Oui, c’est un produit vraiment en vente – c’est aussi une autre raison pour laquelle l’Amérique se ruine autour des coûts médicaux. Les chaînes des conséquences sont longues et punissantes de nos jours.

L’or et l’argent semblent signaler deux choses : l’inflation à venir et les troubles politiques. L’accumulation de dettes à travers le monde a dépassé le point où même des prières à toutes les divinités connues ne serviront pas à empêcher un emballement horriblement destructeur de prêts qui ne pourront jamais être remboursés. Le défaut sur un crédit fait disparaître l’argent. La réponse, bien sûr, sera d’imprimer plus d’argent sans l’attacher à des choses réelles. Une orgie d’assouplissement quantitatif pourrait facilement faire grimper les marchés boursiers, seuls ces marchés seront indexés sur la perte de valeur de l’argent. Tout cela ressemblera à des conneries métaphysiques pour des citoyens qui ne peuvent pas payer vingt dollars pour une livre de hamburger. Et cela aggraverait considérablement la situation politique à un moment où bon nombre de ces mêmes citoyens lésés chercheront des lampadaires pour y pendre quelques spécimens du 1%.

Admirez la montée en puissance des « redistributeurs », c’est-à-dire les gens qui veulent que le gouvernement détermine qui obtient quoi et où l’obtenir. Ou, dirions-nous, à qui le prendre. Elizabeth Warren mène le peloton pour l’instant – la mamie venant d’Oklahoma, autrefois républicaine, est devenue une adepte de Leon Trotsky. Je lui accorde ceci : c’est une sacrée pom-pom girl. Et elle est énergique pour une vieille branche, se pavanant sur la scène dans son pantalon de yoga en spandex, les bras ballants, la tête toute en vibration. Je me demande, cependant, si les électeurs (ces citoyens susmentionnés) se souviendront qu’elle a promis de donner des soins de santé gratuits aux gens passant illégalement la frontière. Ou qu’elle a fait semblant d’être une Cherokee pour son avancement de carrière à Harvard.

Un accident financier chaotique va surement ternir le MAGA, la marque de Trump. Mais le Golem d’or de la grandeur va-t-il simplement mijoter dans le bureau ovale ou tenter de nouvelles cascades désespérées pour sauver sa carrière politique chimérique ? Et son mariage chancelant avec le Parti républicain va-t-il se transformer en divorce au tribunal, le parti devenant une figure plus stable et plus conventionnelle au cours de la prochaine année électorale ? Ils se feront battre de toute façon à mesure que la dépression économique s’aggravera, mais ils sauveraient la face en cas de défaite. Enfin, si Trump réussit à ne pas déclencher la troisième guerre mondiale entre-temps.

Aussi odieux qu’il soit pour beaucoup, l’histoire enregistrera un effet salutaire de son mandat : le stratagème Russiagate a alerté les Américains qu’il existe vraiment un État profond avec son propre programme auto-porteur. Quelques déambulations dans des couloirs de tribunaux à venir pourraient avoir un effet de châtiment sur les futures créatures des marais qui s’imaginaient un destin plus élevé, comme le dit un James Comey sur la pente glissante, c’est-à-dire qui utilise la puissante machine du gouvernement pour ses propres besoins.

Cependant, il est possible que les élections de 2020 soient un tel gâchis, avec des résultats de sondages contestés dans des États clés, des poursuites judiciaires dans toutes les directions et pas mal de flou dans le collège électoral, qu’elles seront ironiquement laissées au Deep State pour essayer de sauver la république (après leur récente tentative de la détruire). Tels sont mes mauvais pressentiments en politique un an à l’avance, que les deux partis pourraient s’abaisser à n’importe quoi. N’excluez pas une intervention du Pentagone dans la partie pour réparer ce désordre. Contrairement à la Rome classique en 44 av. J.-C., les États-Unis ne sont pas sur le point de devenir un empire, mais ils laissent plutôt derrière eux le sommet de leur puissance. Il fallut encore quatre cents ans pour que Rome s’effondre. L’Amérique pourrait facilement accomplir cela en cinq ou dix ans, compte tenu de la complexité et de l’artificialité de nos arrangements économiques.

Je sens un autre changement dans l’air : la retraite du wokesterisme dans la tente de carnaval intellectuel dont il est sorti en rampant. L’équipe du New York Times pourrait croire qu’elle peut facilement remplacer la logorrhée ratée sur le RussiaGate par une resucée générale de l’Amérique « raciste », mais elle joue déjà trop la carte du racisme. Avec l’effondrement de l’économie, nous aurons assez de problèmes dans ce pays sans guerre raciale, merci, Dean Baquet. Je soupçonne que nous verrons aussi la fin de cette histoire sur les campus, car tout le système d’éducation supérieure commence enfin à détecter qu’il est aspiré vers le néant.

Savourez vos hot-dogs et vos infusions glacées aujourd’hui tout en restant collé à la chaine météo. On saura d’ici vendredi comment Dorian [L’ouragan, NdT] s’en est sorti. Et joyeux automne !

Too much magic : L'Amérique désenchantée 

James Howard Kunstler

Pour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d’abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu’au ciel.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire