jeudi 24 août 2017

Folie de Russie

Article original de James Howard Kunstler, publié le 4 Août 2017 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

Résultats de recherche d'images pour « folie russe »
L’hystérie au sujet de la Russie est devenue une psychose nationale totale à un moment de l’histoire où un éventail complet de problèmes représente une menace réelle pour le bien-être de l’Amérique. La plupart d’entre eux ont à voir avec l’image d’un cygne symbolisant le pays, plongeant vers la faillite, mais les affronter honnêtement forcerait à des choix inconfortables pour les initiés et les lâches du Congrès. Pendant ce temps, le département du Trésor brûle ses réserves de trésorerie qui diminuent, et toutes les activités gouvernementales feront face à un blocage à la fin de l’été, à moins que le Congrès ne vote pour augmenter le plafond de la dette – ce qui pourrait être beaucoup plus difficile que de passer la loi stupide sur les sanctions contre la Russie.



Ce projet de loi, vaillamment appelé The Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act, ne fera qu’exploser au visage de l’Amérique. Le commerce réel de ce pays avec la Russie est négligeable, mais le projet de loi vise à interrompre et à punir le commerce des Européens, en se concentrant sur le pétrole et le gaz naturel dont ils ont désespérément besoin. Principalement, le projet de loi américain vise à interrompre un gazoduc sous la mer Baltique qui contournerait plusieurs pays baltes actuellement utilisés par l’Amérique – sous la bannière de l’OTAN – comme lieux de rassemblement pour des jeux de guerre inutiles et provocants sur les frontières russes.

L’Allemagne ne va pas rester sans rien faire, et qu’on l’aime ou pas, c’est la paille qui remue la boisson européenne. Les sanctions prévoient d’isoler la Russie, mais l’effet sera seulement d’isoler les États-Unis. L’Europe se moquera de la mesure qui influe sur leurs prérogatives souveraines pour commercer comme bon lui semble. Et la Russie peut se retourner et vendre tout le gaz naturel qu’elle souhaite à ses clients en Asie. Le rôle caché de l’industrie américaine du gaz est laissé dans l’ombre par ses crétins de médias américains. Cette industrie pousse les sanctions afin qu’elle puisse vendre du gaz liquéfié à l’étranger – ce qui aura pour conséquence d’augmenter le prix du gaz pour les clients américains qui doivent chauffer leurs maisons.

Cette loi stupide prétend être un levier pour améliorer les relations entre les États-Unis et la Russie, mais elle est en fait conçue pour rendre les relations bien pires. Dans l’intervalle, la matrice du Deep State militaire et des services de renseignement des États-Unis génère de nouvelles crises et confrontations sans aucune raison dans l’absolu. Il s’agit par exemple de fourguer des armes à l’Ukraine afin de pouvoir intensifier les conflits dans la région orientale, le Donbass, en bordure de la Russie. Le projet de loi sur les sanctions rendra également impossible aux États-Unis et à la Russie de coordonner la fin du conflit en Syrie. Quoi qu’il en soit, les stratèges de l’État profond des départements d’État, de la Défense et des service de renseignement sont tacitement déterminés à créer un autre État défaillant en y assurant un chaos continu.

Une autre conséquence intéressante imprévue du projet de loi sur les sanctions est que cela ne fera qu’intensifier les efforts de la Russie, déjà bien avancés, pour produire elle-même de nombreux biens qu’elle importe actuellement. Le remplacement des importations, comme on appelle ce processus, est en fait la même dynamique qui a conduit à la montée des États-Unis comme grande puissance industrielle au XIXe siècle, de sorte que le projet de loi ne sert qu’à inciter la Russie à diversifier et renforcer son économie.

Alors, qu’est-ce que M. Trump pensait exactement quand il a signé le projet de loi sur les sanctions russes « profondément imparfait » (ses mots), vomi comme une boule de poils par le Congrès ? C’est une loi ridicule quel que soit l’angle. Cela limite les prérogatives établies par le président pour négocier avec des nations étrangères (probablement inconstitutionnellement) et cela ne va seulement provoquer que des conflits économiques (au minimum) contre les États-Unis qui peuvent facilement déboucher sur le bouleversement des relations commerciales mondiales. Certains observateurs disent qu’il a dû le signer parce que le vote du Congrès était tellement écrasant (419 à 3) qu’un veto de Trump aurait été balayé. Mais le veto aurait eu, du moins, une valeur symbolique dans l’esprit jacksonien que Trump a prétendu vouloir imiter au début de son mandat. Peut-être voit-il la fin du jeu mené par l’État profond et qu’il est fatigué de résister.

Sur le front intérieur, la paranoïa anti-Russie est au centre de l’enquête approfondie de Robert Mueller sur Trump et ses associés politiques alors qu’il appelle un grand jury fédéral pour entendre des témoignages – ce qui implique qu’il est prêt. Cela ouvre toutes sortes de possibilités pour poursuivre tous les méfaits, comme par exemple, chaque opération commerciale faite par Trump comme citoyen privé avant de se précipiter pour devenir le président, et forcer les intimes de Trump à négocier une immunité en échange de témoignages, réels ou préparés, pour permettre la réalisation de l’objectif ultime de l’establishment, virer Trump.

L’histoire de « l’ingérence russe dans notre élection » n’a pas produit de preuve crédible après une année complète – et parler aux diplomates étrangers n’est pas un crime – mais l’histoire de l’ingérence de la Russie se déroule parfaitement bien et peut accomplir son objectif sans avoir de preuves. Le seul fait de répéter « ingérence russe » cinq mille fois sur CNN a certainement incité de nombreux citoyens mal informés à croire que la Russie a changé les chiffres dans les machines de vote américaines bien que, en fait, les machines à voter ne soient pas connectées à Internet.
Tout ce comportement politique psychotique prépare la montée d’un nouveau parti, ou plus, composé d’hommes et de femmes qui n’ont pas perdu leur esprit. Je suis sûr qu’ils sont là-bas. Beaucoup de traces sur Internet témoignent de l’existence d’une conscience politique supérieure et meilleure dans ce pays. Elle n’a tout simplement pas trouvé le moyen de se cristalliser. Pas encore.

James Howard Kunstler

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire