Article original de James Howard Kunstler, publié le 26 Juin 2017 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
Quand je pense au Parti démocrate de nos jours, l’image qui me
vient instantanément à l’esprit est celle de la petite Linda Blair qui
joue l’enfant possédé par le démon dans le film d’horreur classique, The Exorcist
(1973), surtout la scène dans laquelle elle vomit un violent jet de
liquide semblable à de la soupe de pois au visage du gentil vieux Max
von Sydow, alors que le père Merrin, le prêtre, vient pour la sauver.
La soupe aux pois est le genre d’idéologie que le Parti démocrate a vomi
au cours des dernières années : un amalgame toxique de politique
d’identité raciale, de mépris pour les hommes, de crises de colère
infantile, de prostitution auprès des corporations et de la recherche
démoniaque d’une guerre contre la Fédération de Russie. Le père Merrin,
le prêtre, représente les hommes américains incorruptibles, qui ont été
finalement exterminés par ce barrage d’idiotie diabolique.
Pouvez-vous penser à une seule figure dans la faction démocratique
qui ose s’opposer à ce non-sens mortel que ce parti a parrainé et
vomit ? Qui sont ses leaders ? Chuck Schumer au Sénat – un pauvre bougre
mendiant à Wall Street ? Nancy Pelosi à la Maison Blanche, qui porte sa
bêtise comme une stratification d’un maquillage à base de pancake. Vous
avez quelqu’un d’autre ? Oncle Joe (Biden), ce richard ? Bernie [Sanders, NdT] ?
(On dirait que sa femme est sur le point d’être accusée de fraude
bancaire pour avoir fait faire faillite à un petit collège du Vermont.
Aïe !).
Qui d’autre avez-vous ? Le gouverneur Andrew Cuomo de New York.
J’habite près d’Albany, la capitale de l’État, et je peux vous assurer
que le gouverneur Cuomo est méprisé et détesté par quiconque a eu des
relations réelles avec lui. Les initiés me disent qu’il a fait
ressembler Nixon à M. Rogers. Et cela sans parler du fait qu’il ne semble avoir aucune conviction.
Je me suis inscrit en tant que démocrate en 1972 – en grande partie
parce que ce bon vieux Nixon était à la hauteur de son pouvoir (juste
avant sa chute, bien sûr), et parce qu’il était précédé en tant que chef
de parti par Barry Goldwater, qui, à l’époque, était un avatar de la John Birch Society
et toutes ses bêtises toxiques. Le Parti démocrate était encore
profondément imprégné de la personnalité de Franklin Roosevelt, avec un
léger glaçage du récent souvenir de John F. Kennedy et de son frère
Bobby, tragique, héroïque et glamour. J’étais assez vieux pour me
souvenir de la magie des conférences de presse de JFK : une sorte de
performance artistique que ni Bill Clinton ni Barack Obama n’ont pu
égaler par l’esprit et l’intelligence – et le charisme de l’authenticité
que Bobby a projeté dans les mois précédents son exécution par une
petite racaille dans la cuisine de l’hôtel Ambassador. Même le lugubre Lyndon Johnson avait eu la qualité héroïque d’un ressortissant du Sud pour abolir le règne des lois Jim Crow.
Dernièrement, les gens se réfèrent à cette époque révolue des années 1960 comme « la montée de l’Amérique »
– et par là, ils ne parlent pas de fumer de la drogue (bien que cela
ait été fréquent en ce temps là), mais plutôt du sommet économique
atteint après la Seconde Guerre mondiale, quand le commerce américain
régnait vraiment sur la planète. Peut-être la force apparente des
dirigeants politiques américains à l’époque était simplement un reflet
du pouvoir économique du pays, qui a été gaspillé et transformé en une
matrice de rackets qu’on appelle la financiarisation – un acte magique
criminel par lequel la richesse est générée sans produire de valeur.
Les dirigeants dans un tel système ne sont pas seulement des hommes
et des femmes amoindris, mais ont quelque chose de moins qu’humain.
Hillary Clinton, par exemple, a perdu les élections de 2016 parce
qu’elle est apparue comme démoniaque, et je veux le dire littéralement.
Pour beaucoup d’Américains, en particulier ceux qui ont été escroqués
par la magie de la financiarisation, elle était la réincarnation de la
petite fille dans The Exorcist. Donald Trump, aussi peu
probable que cela semble, en raison de son apparence vulgaire et
maladroite, a été assigné au rôle d’exorciste. Contrairement au pauvre
père Merrin, il a semblé réussir, même à son propre étonnement. Je dis
une sorte de succès parce que le Parti démocrate est toujours là,
infesté de tous ses démons bavassant, mais il a été réduit politiquement
à l’impuissance et semble susceptible d’être rapidement renversé et de
mourir.
Rien de tout cela ne veut dire que l’autre parti, les Républicains,
ait autre chose qu’une crédibilité ou même une existence assurée dans le
temps. Tout d’abord, il y a le sort évident de Trump en tant que voyou
si on le considère seulement comme chef de parti (ou même un membre).
Ensuite, il y a le fiasco global où ni Trump, ni son parti, ne peuvent
fournir des remèdes pour les maux de notre temps alors qu’il a été élu
pour cela. La raison en est simple : les États-Unis sont entrés en
Enfer, ou au moins quelque chose qui y ressemble beaucoup. Il ne s’agit
pas seulement de quelques personnes ou d’un parti possédé par des
démons. Nous sommes entrés dans un royaume peuplé par des démons – de
notre propre conception, d’ailleurs.
Notre politique est devenue si démoniaque que la sorte d’exorcisme
dont l’Amérique a besoin maintenant ne peut venir que de l’extérieur de
la politique. Et cela vient. C’est sur le chemin. Cela va dégrader notre
situation économique toujours plus bas. C’est un cygne Technicolor, et vous pouvez le voir venir à mille lieues à l’horizon. Attendez-le. Attendez-le.
James Howard Kunstler
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