Article original de Brandon Smith, publié le 19 juillet 2017 sur le site alt-market.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
Bien que les marchés boursiers en général soient dénués de sens
et n’indiquent rien en termes de santé de l’économie, ils fonctionnent
toujours comme une forme d’hypnose ou une sorte de mécanisme pavlovien.
C’est un outil que les banquiers centraux peuvent utiliser pour
maintenir une population servile et salivante au son d’une cloche. Comme
je l’ai mentionné dans le passé, les deux seuls éléments de l’économie
auxquels une personne moyenne prête un minimum d’attention sont le taux
de chômage et le Dow Jones.
Tant que le premier est en baisse et que le second est en hausse,
personne ne va jeter un regard plus approfondi sur la santé de notre
système financier.
Les historiens et les économistes s’interrogent souvent sur le fait que tant d’« experts » et d’autres personnes n’ont pas pu voir les lumières rouges clignotantes
qui mènent aux implosions du marché comme celles qui se sont produites
en 2008. Et bien, c’est exactement cela. Dans n’importe quel casino, il
existe un biais intrinsèque menant à de faux espoirs. En d’autres
termes, de nombreuses personnes ignoreront invariablement tous les
facteurs négatifs et l’expérience passée, car le positivisme est plus
agréable. Les banquiers centraux sont désireux de profiter de ce biais.
En observant de l’extérieur, cette attitude semble désespérante. Les
investisseurs, sans aucune donnée fondamentale positive venant de
l’économie, sont maintenant rendus à scruter les communiqués de presse
et les discours pour TOUTE indication que la banque centrale pourrait ne
pas jeter le bol de punch par la fenêtre comme ils l’ont fait lentement
au cours des dernières années. En fait, dans la plupart des cas, les
données négatives ont effectivement déclenché des pics au niveau des
actions parce que l’hypothèse des investisseurs est que de mauvaises
données entraîneraient la Fed à retenir ses politiques de réduction des stimuli.
De cette façon, les banquiers centraux peuvent, au moins pour
l’instant, manipuler les investisseurs sur un simple mot ou phrase
libérée de manière stratégique.
Un exemple de cela s’est produit la semaine dernière alors que la
présidente de la Fed, Janet Yellen, a jeté aux investisseurs et aux
opérateurs commerciaux un os en admettant (enfin) que l’inflation (comme
la Fed le mesure) pourrait ne pas être aussi forte que la Fed l’avait
espéré. Les investisseurs ont applaudi. Leur hypothèse est maintenant
que la Fed ne continuera pas ses augmentations régulières de taux
d’intérêt. Mais, si on examine le comportement passé de la banque
centrale, c’est une hypothèse stupide.
La Fed continuera effectivement ses hausses de taux d’intérêt sans relâche, et voici pourquoi…
Le ton de la banque centrale au sujet des taux d’intérêt a été massivement « hawkish »
au cours des six derniers mois. Le procès-verbal de la réunion de la
Fed en juin mentionne une préoccupation quant à l’existence d’un marché
action « trop haut » et à une potentialité de « risque de marché ».
Les fonctionnaires de la Fed soulèvent également des inquiétudes quant
au fait que les marchés ont ignoré les hausses de taux dans une
exubérance aveugle. La Fed a poursuivi ses hausses de taux en 2017
malgré un barrage constant de données négatives, ce qui a entrainé la
confusion dans le monde financier.
J’ai couvert des éléments de ce déluge de mauvaises données dans mon article intitulé Le Peak de l’illusion économique signale une crise en approche.
Tout d’abord, il est important de comprendre que tout ce que la Fed
fait et dit publiquement est très calculé. Quand il y a une confusion
autour de la rhétorique de la Fed, elle est souvent stratégique, pas
aléatoire. L’admission de Yellen devant le Comité des services
financiers de la Chambre des représentants des États-Unis selon laquelle
la faible inflation est une préoccupation en conflit avec de nombreuses
déclarations de la Fed faites précédemment.
Par exemple, le mois dernier, Yellen a surpris les analystes en affirmant qu’elle « n’attend aucune nouvelle crise pour la durée de nos vies ». C’est un sentiment de confiance extrême et « hawkish »
en plus de nombreux autres arguments en faveur de la hausse des taux
d’intérêt, peu importe la faiblesse de l’inflation. Et quelques semaines
plus tard, l’inflation est soudainement préoccupante ?
Les investisseurs ont immédiatement interprété la mention de Yellen
concernant l’inflation faible pour signifier que la Fed s’écartait de sa
position inflexible sur les hausses de taux, ainsi que sa poursuite de
réductions dans son bilan. Ce qu’ils ont complètement ignoré, c’est que
Yellen a également répété devant le même comité des services financiers
que l’intention de la Fed était de CONTINUER les hausses de taux au rythme actuel.
La Fed a déjà utilisé cette méthode de messages mixtes. Au cours de
la mise en œuvre de l’atténuation de l’assouplissement quantitatif, les
banquiers centraux ont envoyé des messages mitigés au monde de
l’investissement, ce qui a amené chacun à croire que cette atténuation était un no-go.
Les investisseurs, bien sûr, ont célébré cette information, alors que
de nombreux analystes alternatifs se tapaient sur le dos au sujet leur
prédiction que la Fed n’allait jamais « rétrécir le QE ».
Au milieu de la potentielle augmentation des taux d’intérêt, la Fed a
de nouveau réussi à jouer un bon tour aux analystes. En parlant de ses
préoccupations de croissance, Yellen a roulé les économistes
traditionnels et les économistes alternatifs, semant les graines du
doute selon lequel les hausses de taux allaient rester en rade.
Dans chaque cas, la Fed a insinué qu’elle avait « des doutes »,
tout en déclarant que l’élimination des stimuli va continuer à aller de
l’avant. Cette fois-ci ne sera pas différent. Les taux d’intérêt
augmentent et la seule question est : combien de temps cela prendra-t-il
avant que les investisseurs de marché l’acceptent comme la réalité et
que les actions baissent en réponse ?
Je crois que la dernière déclaration de Yellen sur « aucune nouvelle crise durant notre vie »
est un signal que ce renversement de la bulle des actions aura lieu
très prochainement. Je me souviens immédiatement de ces citations de
noms éminents dans le monde économique juste avant l’accident de 1929 :
John Maynard Keynes en 1927 : « Nous n’aurons plus de crash de notre temps ».
HH Simmons, président du New York Stock Exchange, le 12 janvier 1928 :
« Je ne peux pas m’empêcher d’émettre une voix dissidente à des
déclarations que nous vivons dans un paradis d’idiots et que la
prospérité dans ce pays doit nécessairement diminuer et reculer dans un
futur proche. »
Irving Fisher, économiste américain de premier plan, The New York Times, le 5 septembre 1929 : « Il se peut qu’il y ait une récession du prix des actions, mais rien de la nature d’un crash. » Et le 17 septembre 1929 :
« Les prix des actions ont atteint ce qui ressemble à un plateau élevé
permanent. Je ne pense pas qu’il y ait bientôt une rupture de 50 ou 60
points depuis les niveaux actuels, tels que (les bears) l’ont prédit. Je m’attends à voir le marché boursier beaucoup plus haut dans quelques mois. »
McNeel, analyste de marché, cité dans le New York Herald Tribune, le 30 octobre 1929 : « C’est
le moment d’acheter des actions. C’est le moment de se rappeler les
paroles de JP Morgan (…) que tout homme qui est baissier sur l’Amérique
va boire la tasse. Sous quelques jours, il est plus probable qu’il y ait
une panique baissière plutôt qu’une panique haussière. La plupart de
ces prix bas à la suite de cette vente hystérique ne seront probablement
pas revu avant plusieurs années. »
Harvard Economic Society, 10 novembre 1929 : « …
une dépression grave semble improbable ; [nous nous attendons] à la
reprise des affaires au printemps prochain, avec une amélioration
supplémentaire à l’automne ».
Yellen semble faire écho à la rhétorique étonnante de la catastrophe
économique passée : offrir des prophéties qu’elle sait fausses tout en
augmentant de manière volontaire l’instabilité grâce à des hausses de
taux d’intérêt. Comme je l’ai noté à maintes reprises, c’est le mode de
fonctionnement classique de la Fed. La Fed augmente les taux en période
de déclin économique et ignore toutes les preuves qu’elle va faire
éclater une bulle qu’elle a elle-même conçue – c’est ce qu’elle fait.
Au cours des conditions de récession en 1927, la Fed a augmenté de
manière exponentielle l’offre monétaire par le biais d’achats sur le
marché libre et de réduction des taux de remise, ce que de nombreux
économistes font valoir comme étant le catalyseur principal de la
liquidité artificielle qui a créé la bulle boursière de 1929. Une fois
l’accident survenu et la dépression, la Fed a augmenté ses taux et aggravé les choses (aussi ouvertement admis par Ben Bernanke
des décennies plus tard en 2002). La Fed a ainsi prolongé la dépression
pendant des années au-delà du cycle déflationniste normal.
En utilisant l’histoire comme guide, les banquiers centraux aiment
évoquer un environnement de dangers budgétaires, ils mettent en garde
contre ces dangers trop peu trop tard, puis réclament l’ignorance de
leurs propres activités après le crash.
Rien de nouveau sous le soleil. L’ancien président de la Fed, Alan Greenspan, a admis publiquement
dans une interview que la banque centrale savait qu’une bulle
irrationnelle s’était formée, mais a prétendu qu’elle supposait que les
facteurs négatifs allaient être « balayés ».
Une fois qu’ils sont prêts à permettre à leur implosion planifiée de
se réaliser, les banquiers centraux sont plus qu’heureux de jeter les
investisseurs aux loups. C’est-à-dire que l’optimisme du monde des
investissements n’est utile pour la Fed que pendant un certain temps. Si
la rhétorique et les comportements antérieurs à l’accident de 1929 sont
une référence, aujourd’hui, nous ne sommes que quelques petits mois
avant un événement similaire. Pour plus d’explications, je décris en
détail les raisons pour lesquelles les globalistes susciteraient une
crise financière dans mon article La Réserve fédérale fait du sabotage – Et les experts sont inconscients.
Je soupçonne que les banques centrales et les mondialistes qui les
contrôlent attendent leur heure pour finaliser un accident du marché des
actions en prévision d’un événement géopolitique – une distraction
assez massive pour détourner l’attention loin des banquiers et de leur
culpabilité pour toute catastrophe économique. Ils ne permettront
certainement pas aux actions de baisser dans le vide.
En conclusion, j’aimerais laisser aux lecteurs une citation du
président de la Réserve fédérale, Roy Young. Peut-être que les
investisseurs devraient considérer qu’ils sont dupés par des stratagèmes
de la banque centrale et qu’ils sont des idiots utiles dans un jeu
conçu pour garder le public sous contrôle avec des marchés frauduleux
jusqu’à ce que la Fed soit prête à tirer la prise. Lorsque le crash aura
lieu, la Fed trouvera un moyen de s’en tirer à bon compte. En
attendant, ne vous méprenez pas, les hausses des taux d’intérêt se
poursuivront l’année prochaine et le bilan de la Fed va se réduire.
S’adressant à l’Indiana Bankers Association, avant le crash du marché boursier de 1929, le président de la Fed, Roy Young, avait ceci à dire :
« Beaucoup de gens en Amérique semblent être plus
préoccupés par la situation actuelle que par le système de la Réserve
fédérale. Si des pratiques de crédit irrégulières se sont développées,
ces pratiques se corrigeront à temps et si certaines des personnes trop
gâtées sont ‘brûlées’ pendant la période de correction, elles ne devront
s’en prendre qu’à elles-mêmes et ne pas tenter de charger quelqu’un
d’autre. »
Brandon Smith
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