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samedi 16 mai 2020

Effondrement : Le Coronavirus n’est pas une cause, c’est un déclencheur

Article original de Ugo Bardi , publié le 16 Avril 2020 sur le site CassandraLegacy
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

L’épidémie va-t-elle provoquer l’effondrement de la civilisation ? Elle peut se produire pour de bonnes raisons



Ceci est une version de l’article que j’ai publié sur la version anglaise d’« Al Arabiya«  le 26 mars 2020. Ce n’est pas le même texte que celui que j’y ai publié – mais j’ai gardé la merveilleuse illustration de Steven Castelluccia. Elle traduit parfaitement le concept de « Falaise de Sénèque« .

lundi 4 juin 2018

Ces Italiens sont étranges : pensent-ils vraiment que l’Italie est un État souverain ?

Article original de Ugo Bardi, publié le 28 mai 2018 sur le site CassandraLegacy
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

Commentaire sur le récent échec de la formation d’un nouveau gouvernement



Voici en vidéo, l’histoire politique de l’Europe au cours des 5 derniers siècles. Notez comment les États-nations se sont cristallisés sous leur forme actuelle surtout au cours du XIXe siècle. Ces entités se sont révélées extrêmement résistantes et ont survécu à deux grandes guerres mondiales et à toutes sortes de catastrophes. Les États-nations sont beaucoup moins importants aujourd’hui à l’ère de l’empire globalisé, mais ils sont toujours vivants. Les événements récents en Italie, la tentative de créer un gouvernement national plus indépendant s’est heurtée aux impératifs politiques internationaux. Cela fait partie d’une tendance générale qui peut conduire à la désagrégation de la zone euro et, peut-être, à un effondrement de Sénèque pour les économies européennes les plus faibles, y compris l’italienne.

samedi 26 mai 2018

Cinq choses que vous devriez savoir sur l’effondrement

Article original de Ugo Bardi, publié le 17 avril 2018 sur le site CassandraLegacy
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

Par Ugo Bardi – Le 15 mai 2018 – Source CassandraLegacy


Ce serait une consolation pour notre faiblesse et nos œuvres, si toutes choses périssaient aussi lentement qu’elles naissent ; mais si les augmentations sont de croissance lente, le chemin de la ruine est rapide. Lucius Annaeus Seneca. 4 BC – 45 AD
Le philosophe romain Lucius Annaeus Seneca fut peut-être le premier dans l’histoire à identifier et discuter de l’effondrement et à noter que « le chemin de la ruine est rapide ». À partir de l’idée de Sénèque, j’ai inventé le terme d’« effet Sénèque » pour décrire tous les cas où les choses tournent mal très vite et j’ai utilisé la science moderne des systèmes complexes pour comprendre pourquoi et comment les effondrements se produisent. Ci-dessus : la pyramide égyptienne de Meidoum, peut-être le premier grand édifice de l’histoire à connaître l’effondrement.

mardi 13 février 2018

Trump et Berlusconi : signes avant-coureurs de la prochaine falaise de Sénèque

Article original de Ugo Bardi, publié le 20 Janvier 2018 sur le site CassandraLegacy
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr




Donald Trump et Silvio Berlusconi ont de nombreux points communs comme leaders nationaux. Je soutiens ici qu’ils sont le symptôme d’une transition politique majeure qui inverse des tendances qui ont débuté il y a plus de deux siècles avec la Révolution française. Les droits de l’homme ont un coût et jusqu’à présent, ce coût a été payé par des combustibles fossiles (nos « esclaves énergétiques »). Maintenant que nos esclaves de l’ombre nous quittent, qui paiera ? Ce n’est pas un petit problème et le résultat semble être une « transition de type Sénèque » en cours qui va nous catapulter dans un monde nouveau et différent.

samedi 9 décembre 2017

Le paradoxe de Sénèque

Article original de Ugo Bardi, publié le 8 novembre 2017 sur le site CassandraLegacy
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

Si l’épuisement minéral est un problème, comment se fait-il que nous n’en voyions pas les effets ?

 

Les prix du pétrole restant bas et la production apparemment plus que suffisante pour satisfaire la demande, la plupart des gens ont sauté à la conclusion que toutes les ressources minérales sont abondantes et ne sont pas une préoccupation dans un avenir prévisible. Pourtant, le problème demeure : les ressources minérales ne sont pas infinies. La solution au problème peut être dans « l’effet Sénèque ». C’est un effet insidieux qui masque les risques futurs d’une croissance apparemment sûre et robuste.

samedi 2 décembre 2017

Le ventre mou de l’industrie pétrolière : un effondrement de Sénèque est-il à venir ?


Article original de Ugo Bardi, publié le 19 Novembre 2017 sur le site CassandraLegacy
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr


Ugo Bardi
Ugo Bardi explique son idée d’un « effondrement de Sénèque » imminent de l’industrie pétrolière mondiale à la session sur le changement climatique de la réunion du Club de Rome à Vienne, le 10 novembre 2017. Ce qui suit ne sont pas ses mots exacts mais un texte qui reprend l’essentiel de ce bref commentaire. Il est axé sur le concept que l’industrie pétrolière a un « ventre mou » dû au fait qu’elle produit principalement du carburant pour les moteurs utilisés pour le transport. Si ce marché était réduit par l’introduction de véhicules électriques et d’autres innovations en matière de transport, toute cette industrie pourrait s’effondrer. Ce serait une bonne chose pour l’écosystème terrestre et pour l’humanité en général.

jeudi 3 août 2017

La chute de l’Empire de l’Ouest

Article original de Ugo Bardi, publié le 19 Juin 2017 sur le site CassandraLegacy
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr


L’effondrement n’est pas un bug, c’est une caractéristique.
Esset aliquod inbecillitatis nostrae solacium rerumque nostrarum si tam tarde percient cuncta quam fiunt: nunc increa lente exeunt, festinatur dans damnum. Lucius Anneaus Seneca (4 BCE-65 CE)


Dans mon livre L’effet Sénèque, le premier chapitre s’intitule : L’effondrement n’est pas un bug, c’est une caractéristique. L’idée est que l’évolution des systèmes complexes est discontinue, ils évoluent en fluctuant et en s’effondrant. C’est une règle de base du fonctionnement de l’univers et s’il n’y avait pas d’effondrement, rien ne changerait jamais. C’est une règle qui s’applique aux systèmes politiques et elle est décrite ci-dessous avec une grande clarté par Alastair Crooke

Ugo Bardi

lundi 12 juin 2017

La falaise de Sénèque à venir de l’industrie automobile

Article original de Ugo Bardi, publié le 24 Mai 2017 sur le site CassandraLegacy
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr


L’effet de convergence des technologies perturbatrices et des facteurs sociaux
 


Ce graphique montre la disparition projetée de la propriété de l’automobile individuelle aux États-Unis, selon « RethinkX ». Cela entraînera la disparition de l’industrie automobile, comme nous la connaissons, car un nombre beaucoup plus réduit de voitures sera nécessaire. Si ce n’est pas un effondrement de Sénèque, qu’est-ce que c’est ?

mercredi 7 décembre 2016

L’illusion Tiffany : la tarte minérale se rétrécit, il en reste surtout des promesses en l’air

Article original de Ugo Bardi, publié le 27 Novembre 2016 sur le site CassandraLegacy
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

Audrey Hepburn dans le film de 1961 Petit déjeuner chez Tiffany’s.
Du titre du film, je tire le concept de «l’illusion Tiffany» : il ne suffit pas de voir des bijoux de l’autre côté de la fenêtre pour les avoir. Vous devez payer pour eux. Il en va de même pour les ressources minérales. Il peut y avoir beaucoup de réserves de pétrole sur le papier, mais si vous les voulez, vous devez payer pour leur extraction. Ce qui suit est un extrait légèrement modifié de mon prochain livre L’effet Sénèque.

lundi 11 avril 2016

Donald Trump et l’effondrement de l’Empire d’Occident

Article original de Ugo Bardi, publié le 1er Avril 2016 sur le site Cassandra Legacy
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr 



https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjpxwAxJnqCBSBdIZjFvGasetXMK_et_7xbUw9xMaleRgMEauN9eaSJQNN-cgn5qcsujhYXpaiKK2D5hJHJ4RQtAlHMEiWeXBPxBJEd8t8qLGn1Kv1iRrj4FgFHO8_ByPN7zwTk0V3-u98/s320/economist-trump.jpg

Dans ce post, je soutiens que la montée de Donald Trump dans la course présidentielle américaine est un symptôme de la décomposition en cours de la société, à son tour, causée par la perte de contrôle générée par l’épuisement des ressources. Au bas de ce post, vous trouverez un modèle simple de la dynamique du système décrivant la situation et générant un autre exemple de falaise de Sénèque.

vendredi 21 novembre 2014

Production mondiale de pétrole - Où allons-nous?

Article original de Gail Tverberg, publié le 23 Juillet 2014 sur le site http://ourfiniteworld.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

La méthode standard pour faire des prévisions de presque tout est d'examiner les tendances récentes et supposer que cette tendance va se poursuivre, au moins pour les prochaines années. Pour la production mondiale de pétrole, la tendance semble assez bénigne, avec une tendance légèrement à la hausse (figure 1).

Figure 1. Quarterly crude and condensate oil production, based on EIA data.
Figure 1. Production trimestrielle de pétrole brut et de condensat, basée sur les données de l'EIA.



Si on regarde la situation de plus près, cependant, nous voyons que nous avons affaire à une situation instable. Les dix premiers pays producteurs de pétrole brut font face à une grande variété de problèmes (Figure 2). Les producteurs du Moyen-Orient sont particulièrement exposés à risque d'instabilité, grâce aux progrès de ISIS et le grand nombre de réfugiés qui se déplacent d'un pays à l'autre.

Figure 2. Top ten crude oil and condensate producers during first quarter of 2014, based on EIA data.
Figure 2. Le top 10 des producteurs de pétrole brut et de condensat au cours du premier trimestre de 2014, selon les données de l'EIA.


Les prix relativement bas du pétrole sont ainsi une partie du problème. Le coût de production de pétrole augmente beaucoup plus rapidement que son prix de vente, comme expliqué dans mon post Début de la fin ? Les compagnies pétrolières réduisent les dépenses. En fait, le prix de vente du pétrole n'a pas vraiment augmenté depuis 2011 (figure 3), parce que les citoyens ne peuvent pas se permettre des prix plus élevés du pétrole avec leurs salaires stagnants.

Figure 3. Average weekly oil prices, based on EIA data.
Figure 3. Prix moyen hebdomadaires du pétrole, selon les données de l'EIA.



Le fait que le prix de vente du pétrole reste stable tend à conduire à l'instabilité politique dans les pays exportateurs de pétrole, car ils ne peuvent pas percevoir les taxes nécessaires pour offrir des programmes sociaux nécessaires pour apaiser leur peuple (subventions alimentaires et du carburant, de l'eau fournie par le dessalement, les programmes d'emplois, etc ) sans un prix très élevé du pétrole. Les bas prix du pétrole empire également la situation des pays exportateurs de pétrole avec le déclin de la production de pétrole, incluant la Russie, le Mexique et le Venezuela.

Quand on regarde l'offre future de pétrole, beaucoup de gens  se préoccupe de la quantité de réserves (ou de ressources) restant, ou peut-être de retour énergétique sur investissement énergétique (EROEI). Aucun de ceux-ci n'est vraiment la bonne limite. Le facteur limitant est combien de temps notre système économique actuel en réseau peut tenir ensemble. Il reste beaucoup de réserves de pétrole, et l' EROEI de pétrole du Moyen-Orient est généralement assez élevé (c'est-à-favorable). Mais l'instabilité pourrait encore arrêter le système. Ainsi pourrait éclater la bulle de l'approvisionnement en pétrole des États-Unis grâce à des taux d'intérêt plus élevés ou des règles de prêt plus strictes.

Le Top 2 des producteurs de pétrole brut: la Russie et l'Arabie Saoudite


Quand on regarde la production trimestrielle de pétrole brut (y compris les condensats, en utilisant les données de l'EIA), nous voyons que la production de pétrole brut de la Russie a tendance à être beaucoup plus lisse que l'Arabie Saoudite (Figure 4). Nous voyons aussi que depuis le troisième trimestre de 2006, la production de pétrole brut de la Russie tend à être plus élevé que l'Arabie saoudite.

Figure 4.  Comparison of quarterly oil production for Russia and Saudi Arabia, based on EIA data.
Figure 4. Comparaison de la production pétrolière trimestrielle (brut + condensat) pour la Russie et l'Arabie saoudite, sur la base de données de l'EIA.


La Russie et l'Arabie Saoudite se dirigent maintenant vers les problèmes. Le ministre des Finances de Russie a récemment annoncé que sa production de pétrole a frappé un maximum, et on s'attend à la voir tomber, provoquant des difficultés financières. En fait, si l'on regarde les données mensuelles de l'EIA, on constate que Novembre 2013 est le mois le plus élevé de la production, et que chaque mois de production depuis cette date a été en dessous de ce niveau. Jusqu'à présent, la baisse de la production de pétrole a été relativement faible, mais quand un exportateur de pétrole dépend des recettes fiscales du pétrole pour financer des programmes gouvernementaux, même une petite baisse de la production (sans un prix du pétrole plus élevé) est un problème financier.

Nous voyons dans la figure 4 ci-dessus que la production pétrolière trimestrielle de l'Arabie Saoudite est assez erratique, par rapport à la production de pétrole de la Russie. Une partie de la raison pour laquelle la production de pétrole de l'Arabie Saoudite est si erratique est qu'il prolonge la vie de ses champs en réduisant périodiquement leur production. Il réagit également aux changements du prix du pétrole, si le prix du pétrole est trop faible, comme dans la dernière partie de 2008 et en 2009, la production saoudienne baisse. La tendance à modifier la production de pétrole donne l'illusion que l'Arabie Saoudite a une capacité de production de réserve. On peut douter en ce moment qu'ils aient une vraie grande capacité de réserve. Ca fait une bonne histoire, que les médias sont prêts à répéter sans cesse.

L'Arabie Saoudite n'a pas été en mesure d'augmenter les exportations de pétrole depuis des années (figure 5). Il a gagné une réputation pour ses exportations de pétrole à la fin des années 1970 et au début des années 1980, et depuis il se repose sur ses lauriers. Ses hauts "réserves prouvées" (qui n'ont jamais été vérifiés, et sont mis en doute par beaucoup) ajoute à l'illusion qu'il peut produire n'importe quelle quantité quand il veut.

Figure 5. Comparison of Russian and Saudi Arabian oil exports, based on BP Statistical Review of World Energy 2014 data. Pre-1985 Russian amounts estimated based on Former Soviet Union amounts.
Figure 5. Comparaison des exportations russes de pétrole et l'Arabie saoudite, sur la base BP Statistical Review de données mondial de l'énergie 2014 (la production de pétrole, moins la consommation de pétrole). Avant 1985 les montants russes estimés sur la base des montant de l'ex-Union soviétique.



En 2013, les exportations de pétrole en provenance de Russie étaient égales à 88% des exportations de pétrole saoudien. Le monde est très près d'être aussi dépendante des exportations de pétrole russe qu'il l'est des exportations de pétrole saoudien. La plupart des gens ne réalisent pas cette relation.

L'instabilité actuelle du Moyen-Orient n'a pas encore frappé l'Arabie Saoudite, mais il y a une augmentation des combats tout autour. L'Arabie Saoudite n'est pas à l'abri des problèmes des autres pays. Selon la BBC, il y a déjà un soulèvement caché qui aura eu lieu dans l'est de l'Arabie saoudite.

La production de pétrole des États-Unis est une bulle du pétrole très léger


Les États-Unis est le troisième producteur mondial de brut et de condensat. La production récente de pétrole brut des États-Unis montre une "pointe" dans la production de pétrole de schiste, production utilisant la fracturation hydraulique, généralement dans des formations de schistes (figure 6).

Figure 6. US crude oil production split between tight oil (from shale formations), Alaska, and all other, based on EIA data. Shale is from  AEO 2014 Early Release Overview.
Figure 6. États-Unis partage de production de pétrole brut entre le pétrole de schiste , l'Alaska, et tous les autres, sur la base de données de l'EIA. Le schiste est de AEO 2014 Début Présentation de la version.


Si l'on regarde les données récentes sur une base trimestrielle, la tendance de la production est également très favorable.

Figure 7. US Crude and condensate production by quarter, based on EIA data.
Figure 7. États-Unis brut et la production de condensats par trimestre, sur la base de données de l'EIA.


Le nouveau brut est beaucoup plus léger que le brut traditionnel. Selon le Wall Street Journal, la répartition prévue de brut léger américain est la suivante:
Figure 8. Wall Street Journal image illustrating the expected mix of US crude oil.
Figure 8. L'image du Wall Street Journal illustrant le mélange prévu de pétrole brut des États-Unis.


Il y a beaucoup de problèmes avec la production de ce nouveau «pétrole»:

  • La nouvelle production de pétrole est si "léger" qu'une partie de celui-ci n'est pas utilisable pour alimenter nos voitures et camions. Le partie "condensat" très légère (semblable aux liquides de gaz naturel) est surtout un problème.
  • Les raffineries de pétrole ne sont pas nécessairement équipée pour gérer du brut avec ce mixte de  matériaux tellement volatils. Un tel brut tend à exploser, s'il n'est pas manipulé correctement.
  • Ces carburants très légers ne sont pas très souples, comme le sont les carburants lourds. Avec l'utilisation de «craquage» des installations, il est possible de faire de l'huile lourde à partir d'huile moyenne (pour l'essence et le diesel). Mais l'utilisation de produits pétroliers très légers pour faire du plus lourds est une opération très coûteuse, nécessitant des installations "gaz-to-liquid».
  • En raison de la production croissante de produits très légers, le prix de condensat a baissé au cours des trois dernières années. Si la production de pétrole de schiste augmente, les prix disponibles pour ce condensat sont susceptibles de tomber encore plus bas. Pour cette raison, il peut être judicieux d'exporter la partie "condensat" du pétrole de schiste dans d'autres parties du monde où les prix sont susceptibles d'être plus élevés. Sinon, il sera difficile de maintenir le prix de vente combiné du pétrole de réservoirs de schiste (pétrole brut + condensat) suffisamment élevé pour encourager plus de production de pétrole de schiste.

L'autre problème avec la production de pétrole de schiste est que sa production semble être une «bulle». L'augmentation importante de la production de pétrole (figure 6) est venu depuis 2009, lorsque les prix du pétrole étaient élevés et les taux d'intérêt très bas. Les flux de trésorerie de ces opérations ont tendance à être négatif. Si les taux d'intérêt devaient augmenter, ou si le prix du pétrole devaient baisser, le système est susceptible de frapper une limite. Un autre problème potentiel est de voir les compagnies pétrolières frapper leur limite d'emprunt, de sorte qu'ils ne puissent pas ajouter d'autres puits.

Sans la production de pétrole des États-Unis, la production mondiale de pétrole brut aurait été sur un plateau depuis 2005.

Figure 9. World crude and condensate, excluding US  production, based on EIA data.
Figure 9. Brut mondial et de condensat, à l'exclusion de la production américaine, basée sur les données de l'EIA.



La production de pétrole au Canada

Figure 10. Canadian quarterly crude oil (and condensate) production based on EIA data.
Figure 10. Pétrole brut trimestriel (et condensat) de la production canadienne basée sur les données de l'EIA.

L'autre succès récent à l'égard de la production de pétrole est le Canada, le cinquième producteur mondial de brut et de condensat. Merci aux sables bitumineux, la production canadienne de pétrole a plus que doublé depuis le début de 1994 (figure 10).

Bien sûr, il y a des questions d'environnement dans le domaine du pétrole à partir des sables bitumineux et du pétrole de schiste US. Quand nous arrivons au «fond du baril», nous nous retrouvons avec les types de pétrole les moins désirables au sens environnemental. Cela fait parti de notre problème actuel, et une des raisons pour lesquelles nous atteignons les limites.

Production de pétrole en Chine, l'Irak et l'Iran


Au premier trimestre de 2014, la Chine était le quatrième plus grand producteur de pétrole brut. Irak était sixième, et l'Iran était septième (sur la base de la figure 2 ci-dessus). Voyons d'abord production de pétrole de la Chine et de l'Iran.

Figure 11. China and Iran crude and condensate production by quarter based on EIA data.
Figure 11. Production de brut et de condensat de la Chine et l'Iran par trimestre sur la base de données de l'EIA.
Figure 12. Quarterly crude oil and condensate production for Iran, China, and Iraq, based on EIA data.
Figure 12. Production trimestrielle de pétrole brut et de condensat pour l'Iran, la Chine et l'Irak, sur la base de données de l'EIA.

En 2010, l'Iran était le quatrième plus grand producteur de pétrole brut dans le monde. L'Iran a eu tant de sanctions contre lui qu'il est difficile de déterminer une période d'avant les sanctions. Si l'on compare le premier trimestre 2014 de production de pétrole de l'Iran à son plus récent maximum de production au deuxième trimestre de 2010, la production de pétrole est maintenant en baisse d'environ 870 000 barils par jour. Si les sanctions sont supprimées et que la guerre ne provoque pas trop de problèmes, la production de pétrole pourrait théoriquement augmenter d'environ de ce montant. [Ndt : Il faut cependant compter avec la dégradation des installations]

La Chine a une production de pétrole relativement plus stable que celle de l'Iran. Une préoccupation maintenant est que la production de pétrole de la Chine ne progresse plus beaucoup. La production de pétrole pour le quatrième trimestre de 2013 est environ identique à celle du quatrième trimestre de 2012. Le dernier trimestre de production de pétrole est même en légère en baisse. Il n'est pas clair si la Chine sera en mesure de maintenir son niveau actuel de production, raison pour laquelle je mentionne la possibilité d'une baisse de la production de pétrole dans la figure 2.

L'absence de croissance dans l'approvisionnement en pétrole de la Chine peut être à l'origine de les récentes tensions avec le Vietnam et le Japon. Ce n'est pas seulement les exportateurs qui sont perturbés quand l'approvisionnement en pétrole ne sont pas à leur goût. Les importateurs de pétrole sont également gênés, parce que les réserves de pétrole sont vitales pour l'économie de toutes les nations.

Maintenant, nous allons ajouter l'Irak à l'organigramme de production de pétrole de l'Iran et de la Chine.

Merci à l'amélioration de la production de pétrole en Irak, et aux sanctions contre l'Iran, la production pétrolière de l'Irak dépasse légèrement celle de l'Iran au le premier trimestre 2014. Toutefois, étant donné l'instabilité passé de l'Irak dans la production de pétrole, et ses problèmes actuels avec l'ISIS et avec le Kurdistan, il est difficile de s'attendre à ce que l'Irak soit un producteur de pétrole fiable dans l'avenir. En théorie, la production de pétrole de l'Irak peut augmenter de quelques millions de barils par jour au cours des 10 ou 20 prochaines années, mais on ne peut guère compter sur cela.

Le problème du prix du pétrole qui ajoute à l'instabilité

Figure 3. Comparison of oil price per barrel needed (Brent) with ability to pay. Amounts based on judgement of author.
Figure 13. Comparaison des prix du baril de pétrole nécessaire pour les producteurs (Brent) avec la capacité de payer. Ces montants sont fondés sur le jugement de l'auteur.
Figure 4. Big credit related drop in oil prices that occurred in late 2008 is now being mitigated by Quantitative Easing and very low interest rates.
Figure 14 Forte baisse des prix du pétrole qui ont eu lieu à la fin de 2008. Du crédit lié est maintenant atténué par l'assouplissement quantitatif et les taux d'intérêt très bas.

La figure 13 montre mon point de vue de l'inadéquation entre (1) le prix dont on t besoin les producteurs de pétrole pour extraire leur pétrole et (2) le prix que les consommateurs peuvent supporter. Le coût de l'extraction (au sens large taxes exigées par les gouvernements, y compris) ne cesse d'augmenter tandis que la «capacité de payer» est resté stable depuis 2007. L'incapacité des consommateurs à payer des prix élevés pour le pétrole (parce que les salaires n'augmentent pas beaucoup) explique que les prix du pétrole sont restés relativement stables en Figure 3 (près du haut de ce post), alors même que l'on se bat dans le Moyen-Orient.

Lorsque le prix de vente est inférieur au coût de production (y compris le coût de l'investissement dans de nouveaux puits et le versement des dividendes aux actionnaires), la tendance est de réduire la production, d'une façon ou d'une autre. Cette réduction peut être volontaire, sous la forme d'une société cotée en bourse qui rachète ses actions ou qui vend ses actifs.

Sinon, les coupes peuvent être involontaires, indirectement causées par l'instabilité politique. Cela arrive parce que la production de pétrole est généralement taxée dans les pays exportateurs de pétrole. Si le prix du pétrole reste trop faible, les impôts perçus ont tendance à être trop faible, ce qui rend impossible le financement des programmes tels que les subventions alimentaires et du carburant, les usines de dessalement, et les programmes d'emplois. Sans des programmes adéquats, on a tendance à voir des soulèvements et des troubles civils.

Si une personne regarde de près la figure 13, il est clair que, en 2014, nous sommes sur le territoire de "Wile E. Coyote". Le coût au sens large de l'extraction de pétrole (y compris les taxes requises par les exportateurs) dépasse désormais la capacité des consommateurs à payer pour le pétrole. En conséquence, le prix du pétrole peine à crever le plafond, même quand il y a des perturbations majeures du Moyen-Orient (figure 3, ci-dessus).

La raison pour laquelle la situation Wile E. Coyote peut avoir lieu à tout moment vient du temps qu'il faut pour que l'écart entre les coûts et les prix fasse son chemin à travers le système. Les compagnies pétrolières indépendantes peuvent décider de vendre des actifs et de rachat d'actions, mais il faut un certain temps pour que ces actions aient effectivement lieu. En outre, l'écart entre les prix du pétrole nécessaires et des prix pétroliers pratiqués tend à s'aggraver avec le temps pour les exportateurs de pétrole. Ce projet jette les bases d'une opposition croissante au sein de ces pays.

Avec les prix du pétrole demeurant relativement stables, les importateurs deviennent complaisants parce qu'ils ne comprennent pas ce qui se passe. Il semble que nous n'aillons pas de problèmes, alors qu'en fait, il y a vraiment un assez gros problème, qui se cache derrière les coulisses.

Pour aggraver les choses, il devient de plus en plus difficile de continuer l'assouplissement quantitatif, un programme qui tend à maintenir bas les taux d'intérêt à long terme. On s'attend à ce que le programme soit abandonné après Octobre 2014. La raison pour laquelle le prix du pétrole est resté aussi élevé au cours des dernières années provient des effets de l'assouplissement quantitatif et des taux d'intérêt ultra faibles. Si ce n'était pas le cas, les prix du pétrole baisseraient, parce que les consommateurs devraient payer beaucoup plus pour les biens achetés à crédit, en laissant moins de place à l'achat de produits pétroliers. Voir mon post récent, le lien entre les prix du pétrole, la dette et les taux d'intérêt.

En raison de l'attente que l'assouplissement quantitatif se terminera après Octobre 2014 et de la pression pour resserrer les conditions de crédit, je m'attends à ce que le prix abordable du pétrole va commencer à tomber à la fin de 2014, comme le montre la Figure 13. L'écart croissant entre ce que les consommateurs peuvent se permettre et ce que les producteurs ont besoin tend à rendre les conditions d'un overshoot à la "Wile E. Coyote" encore pire. Il est susceptible de conduire à plus de problèmes avec l'instabilité au Moyen-Orient, et un effondrement de la bulle de la production de pétrole des États-Unis.

Conclusion


J'ai déjà expliqué plus tôt que nous vivons dans une économie en réseau, et de ce fait modifie la façon dont les modèles économiques travaillent. Beaucoup de gens ont développé des modèles de production future de pétrole en supposant que le modèle approprié est une «courbe en cloche», basée sur les taux d'épuisement du pétrole et de l'incapacité à extraire géologiquement plus de pétrole. Malheureusement, ce n'est pas le bon modèle.

La situation est beaucoup plus complexe que ce que les modèles de déclin géologiques simples ne supposent. Il existe plusieurs limites impliquées - prix nécessaires par les producteurs de pétrole, des prix abordables pour les importateurs de pétrole, et les prix des autres produits, tels que l'eau et la nourriture. Les taux d'intérêt sont également importants. Il y a des décalages entre le moment impliquant le début de la situation Wile E. Coyote, et que les actions pour corriger cette inadéquation aient lieu. C'est ce décalage qui tend à rendre les chutes très raides.

Le fait que nous avons affaire à l'instabilité politique signifie que plusieurs carburants sont susceptibles d'être affectés à la fois. Clairement les exportations de gaz naturel du Moyen-Orient seront touchés en même temps que les exportations de pétrole. Beaucoup d'autres retombées sont susceptibles de se produire ainsi. Sans pétrole, les entreprises américaines devront réduire leurs opérations. Cela conduira à des licenciements et une consommation d'électricité réduite. Avec une plus faible demande d'électricité, les prix de l'électricité ainsi que ceux du charbon et du gaz naturel ont tendance à baisser. Les compagnies d'électricité vont de plus en plus faire face à des risques de faillite, et les fournisseurs de carburant devront réduire les opérations.

Ainsi, nous ne pouvons pas attendre que le déclin suive une courbe en cloche. Le vrai modèle de la consommation future d'énergie traverse de nombreuses disciplines à la fois, ce qui rend la situation difficile à modéliser. Les Réserve / Production actuelle modèles donnent une indication nettement trop élevée de la production future, pour une variété de raisons, la hausse du coût de l'extraction en raison des rendements décroissants, le besoin de prix élevés et des taxes pour soutenir les opérations des exportateurs, et le défaut de considérer les taux d'intérêt .

Le modèle de "Retour de l'énergie sur l'énergie investie" se rapproche d'un ratio énergie utilisable acquis à la «tête de puits», par rapport à l'énergie dépensée à la «tête de puits» sans tenir compte de choses, y compris les taxes, les frais de main-d'œuvre, le coût d'emprunt, et des dividendes exigées par les actionnaires pour maintenir le système. Tous ces autres éléments représentent également une répartition de l'énergie disponible. Un multiplicateur peut théoriquement être ajusté à l'ensemble de ces besoins, mais ce multiplicateur tend à changer avec le temps, et il a tendance à différer d'un source d'énergie à une autre.

Le ratio EROEI est probablement suffisant pour comparer deux "produits similaires"- disons du pétrole schiste produit dans le Dakota du Nord vs du pétrole schiste produit au Texas, ou un changement sur dix ans dans des ratios de l'énergie du Dakota du Nord, mais il ne fonctionne pas bien lorsque l'on compare des types différents d'énergie. En particulier, le modèle a tendance à être très trompeur lorsque l'on compare une source d'énergie qui nécessite des subventions à une source d'énergie qui finance des recettes fiscales énormes pour soutenir les gouvernements locaux.

Quand il y a plusieurs limites qui y sont rencontrées, c'est le système financier qui apporte toutes les limites ensemble. En outre, ce sont les gouvernements qui sont en risque d'échouer, si on ne produit pas suffisamment de surplus d'énergie. Il est très difficile de construire des modèles qui traversent les domaines académiques, nous avons tendance à trouver des modèles qui reflètent un «silo» de pensée d'une spécialité académique particulière. Ces modèles peuvent offrir un aperçu, mais il est facile de supposer qu'ils ont plus une valeur prédictive que ce qu'ils font.

Malheureusement, les limites que nous atteignons semblent être d'ordre financières et politiques. Si ce sont des limites réelles, nous semblons ne pas être loin de la baisse simultanée de la production de nombreux produits de l'énergie. Ce type de limite donne une baisse beaucoup plus forte hors de la symétrique fréquemment citée dite «courbe en cloche de la production de pétrole." La forme de la goutte correspond à (1) un type de déclin connu par les civilisations antérieures quand elles se sont effondrés, (2) au type de déclin que j'ai prévu pour la consommation mondiale d'énergie, et (3) à la falaise de Sénèque d'Ugo Bardi. Le livre de 1972 "Limite à la croissance" par Donella Meadows et al. dit (page 125), "Le mode de comportement du système représenté dans la figure 35 est clairement celui d'un overshoot et d'un effondrement», on a tendance à venir à la même conclusion.

L'effet Sénèque : Pourquoi le déclin est il plus rapide que la croissance ?

Article original de Ugo Bardi, publié le 29 Aout 2011 sur le site http://cassandralegacy.blogspot.fr
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr


"Ce serait une consolation pour la faiblesse de nous-mêmes et de nos travaux si toutes les choses devaient périr aussi lentement qu'elles viennent à être, mais tel qu'il en est, les augmentations se font lentement, mais le chemin de la ruine est rapide." Lucius Anneaus Sénèque, Lettres à Lucilius, n. 91

N'avez-vous pas trébuché, parfois, sur quelque chose qui semble faire beaucoup de sens, sans que vous puissiez dire exactement pourquoi? Pendant longtemps, j'ai eu à l'esprit l'idée que lorsque les choses commencent à aller mal, ils ont tendance à aller mal rapidement. Nous pourrions appeler cette tendance «effet Sénèque» ou la «falaise Sénèque," de Lucius Anneaus Sénèque qui a écrit que "la croissance se fait lentement, mais le chemin de la ruine est rapide."

Se pourrait-il que la falaise de Sénèque est ce à quoi nous sommes confrontés en ce moment? Si c'est le cas, alors nous sommes en difficulté. Avec un pic de production de pétrole maintenant ou un pic à venir, il est difficile de penser que nous allons voir une douce pente de descente de l'économie. Au contraire, nous pourrions voir une baisse si rapide que nous ne pourrons que l'appeler «effondrement». Les symptômes sont tous là, mais comment prouver que c'est ce qui est réellement en magasin pour nous? Il ne suffit pas de citer un philosophe romain qui a vécu il y a deux mille ans. Nous devons comprendre les facteurs qui pourraient nous amener à tomber beaucoup plus vite que nous avons grandi jusqu'à présent. Pour cela, nous avons besoin de faire un modèle et voir comment les différents éléments du système économique peuvent interagir les uns avec les autres pour produire l'effondrement.

J'ai travaillé sur cette idée pendant un certain temps et maintenant je pense que je peux faire un tel modèle. C'est ce que le reste de cet article va développer. Nous verrons qu'une falaise de Sénèque peut en effet faire partie de notre avenir si nous continuons à agir comme nous avons agi jusqu'ici (et comme nous le ferons probablement). Mais entrons dans les détails.

Les modèles de croissance et de déclin


Le paradigme de tous les modèles de croissance et de déclin est le modèle de Hubbert. Voici comment il est apparu pour la première fois, dans un article publié par Marion King Hubbert en 1956 où il a montré sa prédiction pour la production de pétrole brut des États-Unis dans les 48 états inférieurs.


Si vous êtes intéressé par ce sujet, vous avez probablement vu cette parcelle de nombreuses fois et vous savez aussi que cela a fonctionné très bien comme une prédiction. La production de pétrole aux États-Unis a atteint un pic comme Hubbert l'avait dit , en 1970. Le modèle de Hubbert a été montré pour être une bonne description de nombreux cas historiques de régions productrices de pétrole, comme indiqué, par exemple, par Adam Brandt dans son document de 2007. "Test de Hubbert". Il travaille non seulement pour le pétrole, également pour d'autres ressources minérales et des ressources biologiques renouvelables lentement, comme les baleines (Bardi, 2007).

Nous pouvons prendre le modèle de Hubbert comme une première étape pour la description d'un système économique fondé sur l'exploitation d'une ressource non renouvelable. L'idée qui sous-tend le modèle est que l'exploitation commence avec les meilleurs ressources celle avec le retour sur investissement le plus élevés. Puis l'épuisement force lentement l'industrie à se déplacer vers des ressources au rendement plus faible. Les bénéfices tombent et la capacité de l'industrie à investir dans de nouvelles extraction tombe en conséquence. Cela ralentit la croissance et, à terme, provoque la diminution de la production (Bardi et al. 2010). Ainsi, c'est un modèle très général qui pourrait décrire non seulement les cas régionaux, mais des civilisations entières. La plupart des civilisations agraires du passé ont été basées sur une ressource épuisable, sol fertile, comme je l'ai dans un précédent post en 2009.

Cependant, le modèle de Hubbert ne génère pas l'effet Sénèque. Non seulement la courbe de production est normalement supposé être symétrique, mais il y a plusieurs cas historiques où elle est biaisé vers l'arrière; quelque chose que nous pourrions appeler l'effet «anti-Sénèque". La prévalence de ces cas dans la production de pétrole a conduit Brandt (2007) pour affirmer que (p. 27) ".... il n'y a tout simplement aucune preuve dans les données historiques que les taux de déclin seront généralement plus forts que les taux de croissance. Cela devrait être considérées comme une nouvelle réconfortante pour ceux qui s'inquiètent de ce que la baisse rapide de la production entraînant une perturbation supplémentaire à celle déjà prévue par le passage du pétrole conventionnel à ses substitus".

Très bien, mais il y a un problème. Les résultats présentés par Brandt sont tous des cas régionaux et il ne pouvait pas en être autrement. Mais, dans un cas régional, lorsque les coûts d'extraction augmentent, les opérateurs se déplacent tout simplement vers des régions où les coûts sont moins élevés. Qu'est-ce qui se passe quand il n'y a pas de nouvelle région vers où déménager? Qu'est ce qui arrive quand vous examinez la tendance mondiale? Est ce que les gens abandonnent tout simplement l'extraction, comme c'est implicitement supposé dans le modèle de Hubbert, ou vont-ils essayer plus fort? Et dans ce dernier cas, que se passe-t-il?

Bien sûr, nous ne disposons pas de données historiques pour l'ensemble du cycle de production de pétrole, dans le monde entier. Mais il existe des modèles qui sont plus sophistiqués que le modèle de Hubbert et qui peuvent nous en dire plus sur les tendances à travers le monde. L'un est le modèle "World3" utilisé pour l'étude "Les limites de la croissance", d'abord publié en 1972. Ce modèle est basé sur des hypothèses contrairement à celles à la base du modèle de Hubbert (voir mon billet comparant les deux modèles), mais il estime que l'économie mondiale dans son ensemble. Voici les résultats des scénario de base de la version 2004.



Ici, nous voyons clairement que les courbes de la production alimentaire et la production industrielle sont biaisés vers l'avant. C'est l'effet Sénèque; quelque chose qui semble être une tendance générale de ces modèles. Pour une vue encore plus clair de cette tendance, voici un graphique tiré de la couverture de l'édition 2004 de "Les limites de la croissance".



Maintenant, qu'est ce qui crée l'effet Sénèque dans un modèle complexe comme "World3" mais pas dans un modèle simple comme celui de Hubbert? Pour comprendre ce point, je vais essayer maintenant de construire des modèles du monde simples ("taillée pour l'esprit") et de voir quels sont les paramètres à l'origine de ces courbes penchées en avant. Nous verrons que l'asymétrie est principalement causée par un facteur que l'on peut appeler la «pollution».

Modélisation du monde, taillée pour l'esprit


"Taillée pour l'esprit» est un terme inventé par Seymour Papert dans son livre "Tempêtes de l'esprit" (1980). L'idée est que, pour être convaincu qu'un certain phénomène est réel, ou qu'il peut arriver pour de vrai, vous avez besoin de comprendre ce qui le rend réel. Pour cela, un modèle doit être assez simple que vous puissiez lui donner un sens dans votre esprit. Ce fut l'un des problèmes avec "The Limits to Growth" étude de 1972; le modèle est si complexe que les gens ont tendance à ne pas croire ses résultats principalement parce qu'ils ne comprenaient pas comment le modèle fonctionnait, comme je le montre dans mon livre sur ce sujet (Bardi 2011). Donc, nous allons voir si nous pouvons faire des modèles du monde taillée pour l'esprit, en essayant d'expliciter leur relation avec la thermodynamique. Telle est la teneur d'une présentation que j'ai donnée en Espagne cette année, "l'entropie, le pic pétrolier et la philosophie stoïque".

Pour la construction de ces modèles, je vais utiliser "la dynamique du système", la même méthode utilisée pour l'étude "Les limites de la croissance". Il s'agit d'une méthode de simulation basée sur la description des systèmes comme étant composé de «stocks» liés les uns aux autres par des «flux» contrôlés par des «vannes». L'exemple classique de ce type de systèmes est celui d'une baignoire. La baignoire est le stock; vous pouvez la remplir à l'aide d'un courant d'eau, ou vous pouvez la vider en laisser l'eau d'écouler. C'est ce qu'on appelle "la dynamique de la baignoire" et vous pouvez lire un bon article sur ce sujet par Linda Sweeney et John Sterman. Il ne devrait pas être nécessaire de dire qu'une baignoire doit obéir aux lois de la physique, mais parfois il l'est. Vous devez vous rappeler que la masse doit être conservée afin de comprendre comment une baignoire se remplit ou se vide. Plus généralement, l'énergie doit être conservé - c'est la première loi de la thermodynamique. Vous devez vous rappeler également la deuxième loi de la thermodynamique qui dit que dans tout ce qui arrive spontanément, l'entropie doit augmenter. En fin de compte, le fait que l'eau s'écoule à partir du drain d'une baignoire doit faire avec l'augmentation de l'entropie de l'univers.

Donc, nous allons essayer de faire un modèle simple, taillée pour l'esprit, qui décrit comment un système économique exploite une ressource non renouvelable. Nous commençons avec un stock que nous appelons «Ressources». Nous supposons qu'il s'agit d'un stock d'énergie sur la base de l'idée que l'énergie peut être transformée en d'autres types de ressources (disons, métaux), mais pas l'inverse. La ressource pourrait être, par exemple "du pétrole brut", qui est la principale ressource sur laquelle repose notre civilisation. Ensuite, nous avons une autre boîte que nous appelons «Capital» que représente l'énergie stockée dans lds formes qui peuvent être utilisés. Nous pourrions dire que ce stock est une section de l'économie; disons, "l'industrie du pétrole" ou qu'il représente toute une civilisation. Ensuite, nous attirons les flux d'énergie du stock de ressources vers le capital et vers la dissipation de la chaleur à basse température, comme la seconde loi de la thermodynamique le commande. Voici le modèle.



C'est le même modèle que j'ai montré dans des posts précédents (par exemple ici), mais ici je me suis tourné de 90 degrés dans le sens horaire afin de souligner le fait que l'énergie va "vers le bas" depuis des potentiels thermodynamiques élevées vers des potentiels thermodynamiques inférieurs; Tout comme ce que l'eau fait dans une baignoire ou dans une fontaine. Contrairement au cas d'une fontaine ou d'une baignoire, cependant, ici, le débit est régi par rétroaction: les ressources sont transformées en capital en proportion de la quantité de ressources et de capital. Notez également que la ressource se désintègre en partie sans rien produire (Rate3). C'est en raison de l'inefficacité du processus de production; penser à des déversements de pétrole ou de gaz naturel ventilés et brûlés.

Comme vous le voyez, la courbe de production (Rate1 sur la figure) est en forme de cloche et symétrique. Ce modèle, en effet, est équivalent au modèle de Hubbert (Bardi et Lavacchi 2009). Le problème est que vous pouvez jouer autant que vous voulez avec le modèle, changer les valeurs des trois constantes, mais les courbes ne montrera pas l'effet Sénèque; c'est-à-dire que le déclin ne sera pas plus rapide que la croissance. Donc, nous manque quelque chose, ici?

Il semble que, en effet, il nous manque un élément qui, lui, est présent dans les modèles mondiaux de l'étude "The Limits to Growth". Ce qui nous manque, c'est la pollution ou, pour mieux dire, les effets de la pollution. Dans le modèle simple ci-dessus, l'énergie dégradée est sans danger dissipée dans l'espace; il n'a pas d'effet sur les autres éléments du modèle. Mais nous savons que, dans le monde réel, ce n'est pas vrai. La pollution a un coût: de l'argent et des ressources doivent être dépensés pour la combattre; que ce soit l'eau ou l'empoisonnement de l'air ou des effets tels que le réchauffement climatique.

Afin de simuler les effets de la pollution, nous pouvons définir comme un troisième stock qui draine l'énergie du stock de capital en proportion de la taille des stocks de capital et de pollution. Notez que, comme il y a plusieurs constantes, j'ai regroupé sous le nom de "l" (de l'expression «perte/loss») ceux qui vont directement à partir d'un stock dans l'espace (L1, L2, L3). J'ai gardé la lettre «k» pour les flux qui vont d'un stock à l'autre. Voici le modèle. Je vous montre un exemple de sortie où j'ai choisi les paramètres qui mettent l'accent sur l'effet de Sénèque.



Les paramètres de cette course sont k1 = 0,03. k2 = 0,3, l1 = 0, l2 = 0,01, l3 = 0,015, Ressources (t0) = 1, Capital (t0) = 0,001, la pollution (t0) = 0,001

Voici la courbe de production, seule, à partir d'un terme différent.


Ainsi, le modèle peut générer une courbe de production assimilée-Sénèque qui montre clairement la "falaise de Sénèque". Elle monte lentement, puis s'effondre rapidement. Comme le dit Sénèque, "le chemin de la ruine est rapide."

Maintenant, pouvons-nous dire avec des mots ce qui génère la falaise de Sénèque? Oui, nous le pouvons. Ça s'organise comme ceci: d'abord, considérer que l'effet de la pollution est de drainer le capital économique. Deuxièmement, considérer que le stock de pollution se développe en se nourrissant du stock "économie"  - il doit attendre que l'économie ait augmenté avant de pouvoir se développer. C'est ce délai qui provoque une augmentation du taux de drainage de l'énergie comme le processus se poursuit. Comme la taille du stock "économie" détermine le taux de production, nous voyons aussi que ce paramètre descend rapidement après le pic. C'est l'essence même de l'effet Sénèque.

Passons maintenant plus en profondeur dans le modèle. Quelle est exactement cette «pollution» qui provoque tant de problèmes? C'est ce que les auteurs des "Limites de la croissance" ont appelé "pollution persistante" pour montrer que c'est quelque chose de différent du rayonnement infrarouge disparaissant dans l'espace sans faire de dégâts. Il s'agit d'un concept très général qui comprend tout ce qui est généré par le capital et drainera les ressources du capital. La catastrophe de Fukushima est un bon exemple de la pollution comme rétroaction qui mord l'industrie qui l'a produit. Ca pourrait être un empoisonnement de l'air ou de l'eau. Ça pourrait être le réchauffement climatique et il pourrait aussi y avoir des guerres. Les guerres sont de grands producteurs de pollution et une guerre nucléaire ferait que l'effet Sénèque aurait lieu presque instantanément.

Maintenant que nous comprenons comment le modèle fonctionne, nous pouvons revenir à l'étude de Brandt et expliquer pourquoi dans la majorité des cas historiques de la production de pétrole, les courbes sont symétriques ou montrent des formes "anti-Sénèque". Nous avons dit que l'effet Sénèque est généré par la pollution; oui, ce résultat ne signifie pas que l'extraction du pétrole ne produit aucune pollution? Pas du tout, bien sûr. Cela signifie seulement que ceux qui extraient du pétrole n'ont pas à payer pour la pollution qu'ils produisent. Pour faire un exemple pratique, dans le cas de l'extraction du pétrole des États-Unis des 48 états inférieurs, la pollution persistante a principalement pris la forme de CO2 et autres gaz à effet de serre ajouté à l'atmosphère. C'est un facteur qui ne nous a pas encore mordu, mais, finalement, quelqu'un devra payer pour les dommages causés par la formation du réchauffement climatique. Lorsque le note viendra - et elle vient - nous découvrirons peut-être qu'elle est plus chère que ce que nous pouvons nous permettre de payer.

Est ce que le progrès technologique peut nous sauver de la falaise de Sénèque? Eh bien, pas automatiquement. En fait, il pourrait rendre la falaise plus raide! Une façon de simuler la technologie est de supposer que les constantes du modèle ne sont pas constantes mais varient durant l'avancement des cycles. Par exemple, une augmentation de la valeur de la constante "k1" correspond aux améliorations technologiques dans la capacité à exploiter la ressource. Cela augmentera la quantité totale produite à la fin du cycle, mais générera également une chute abrupte après le pic, comme je l'ai expliqué dans un de mes documents (Bardi 2005). Une idée plus intéressante serait de modifier le modèle par une baisse progressive de la constante "k2". Cela devraient stimuler le développement de technologies qui réduisent la production de pollution. En d'autres termes, le modèle nous dit que "la production propre" est une bonne idée dans le sens où elle aurait tendance à rendre le cycle de production plus symétrique.

Vous pouvez essayer d'autres façons de modifier le modèle, par exemple en augmentant sa complexité en ajoutant plus de stocks. Que diriez-vous d'un stock "de la bureaucratie" qui s'accumule et dissipe l'énergie? Eh bien, il agira de même que le stock "pollution"; peut-être pourrions-nous dire que la bureaucratie est une forme de pollution. Par ailleurs, de toute façon, avec l'ajout de ce stock, le modèle se rapproche du modèle de Tainter qui dit que les civilisations déclinent et s'effondre en raison d'une augmentation de la complexité qui apporte plus de problèmes que d'avantages. Si vous continuez d'ajouter plus d'éléments au modèle, à la fin vous obtenez quelque chose qui peut être similaire au modèle "World3" utilisé dans l'étude "The Limits to Growth". Nous avons vu précédemment la dessus que ce modèle génère des courbes asymétriques par l'avant.

Il existe de nombreuses façons de modifier ces modèles et l'effet Sénèque n'est pas la seule issue possible. Jouer avec les constantes que vous pouvez également générer le comportement inverse; c'est la courbe "anti-Sénèque", avec le déclin plus lent que la croissance. Comme on peut s'y attendre, cela se produit à l'aide des constantes qui réduisent au minimum l'accumulation de la pollution persistante. Mais, en général, l'effet Sénèque est une option «robuste» de ce type de modèles et il agit pour une grande variété d'hypothèses. Vous ne pouvez ignorer la falaise Sénèque qu'à vos propres risques.

L'effet Sénèque dans le monde réel


Avons-nous des exemples historiques de l'effet Sénèque? Eh bien, plusieurs, mais pas beaucoup pour laquelle nous disposons de données quantitatives. La civilisation romaine, par exemple, a pris environ sept siècles à atteindre son apogée et à peu près de trois siècles pour tomber, au moins dans sa partie occidentale (et Sénèque lui-même peut avoir perçu le déclin romain à son époque). Toutefois, les données que nous avons sur des paramètres tels que la population romaine ne sont pas assez bon pour voir l'effet sous la forme d'une courbe asymétrique avant.

Nous semblons avoir ces données, à la place, pour la civilisation maya. Voici une image prise de Dunning et al (1998). L'échelle horizontale est très longue: 10.000 ans à partir de la limite Pléistocène / Holocène.


Dans ce cas, la pollution prend la forme de l'érosion des sols qui draine les ressources en capital et génère l'effondrement de la population. Nous devons être prudents avec cette interprétation, parce que certains auteurs pensent que l'effondrement maya a été provoquée par le changement climatique. Mais le modèle de monde développé ici semble être compatible avec les données historiques.

Pour quelque chose de plus proche de nous, voici une image tirée de l'article de Dmitry Orlov "Le pic pétrolier est l'histoire". Il montre la production pétrolière russe.




L'Union soviétique était une économie presque fermée avant de s'effondrer; un «mini-monde» en lui-même. Remarquez comment la production pétrolière russe a baissé rapidement après le pic; une falaise Sénèque classique. Notez également comment la production a repris par la suite. À un certain point, l'Union soviétique a cessé d'exister en tant que système économique isolé et il est devenu une partie du système économique du monde entier. À ce moment, le modèle simple que nous utilisons ne fonctionne plus; probablement parce que le stock de capital a reçu un afflux de ressources qui venait d'une région à l'extérieur du modèle.

Conclusion: un banquet de conséquences


Très souvent, nous n'arrivons pas à comprendre les effets retardés de nos actions. John Sterman nous rappelle ce point dans un discours sur le réchauffement climatique en citant Robert Louis Stevenson comme disant, «Tout le monde, tôt ou tard, s'assoit à un banquet de conséquences." Les modèles présentés ici nous disent que la falaise Sénèque est le résultat de conséquences tardives.

Comme toujours, l'avenir est quelque chose que nous construisons avec nos actions et les modèles peuvent seulement nous dire quel genre de mesures nous conduira, à terme, à un certain résultat. Utilisé de cette façon, les modèles peuvent être extrêmement utiles et peuvent même être appliqué aux systèmes qui sont beaucoup plus modestes que toute une civilisation, par exemple pour une seule entreprise ou à nos relations personnelles avec d'autres personnes. Dans tous les cas, l'effet Sénèque sera le résultat de beaucoup d'efforts pour que tout fonctionne comme d'habitude. De cette façon, nous pouvons avoir une pénurie plus rapide de la ressource qui maintient le système en marche: qu'il s'agisse d'une ressource physique ou une réserve de bonne volonté. La manière d'éviter ce résultat peut être de laisser le système fonctionner comme il veut, sans essayer de le forcer à aller dans le sens que nous voulons aller. En d'autres termes, nous devons prendre les choses dans la vie avec un certain stoïcisme, comme l'aurait probablement dit Sénèque lui-même.

Pensant à la situation mondiale et aux problèmes qui se posent, le réchauffement climatique et l'épuisement des ressources, ce qui les modèles nous disent, c'est que la falaise de Sénèque peut être le résultat inévitable de mettre trop de pression sur les ressources naturelles déjà très appauvries. Nous devrions essayer, à la place, de développer des actions possibles des ressources commes les énergies renouvelables (ou nucléaire). Dans le même temps, nous devons éviter d'exploiter les ressources hautement polluantes et coûteuses tels que les sables bitumineux, schistes bitumineux, pétrole en eau profonde, et, en général, l'application de la philosophie "creuse, Baby, creuse". Toutes ces stratégies sont des recettes de malheur. Malheureusement, ce sont aussi des exemples de exactement ce que nous faisons.

Je ne sais pas ce que Sénèque dirait s'il pouvait voir cet effort planétaire que nous faisons afin de mettre en pratique l'idée qu'il a exprimé dans sa lettre à son ami, Lucilius. Je peux seulement imaginer qu'il le prendrait avec un certain stoïcisme. Ou, peut-être, il le commenterait avec ce qu'il a dit dans son "De Providentia" "Laissez la nature faire affaire à sa guise avec la matière qui lui appartient, soyons joyeux et courageux face à tout, pensant que ce n'est rien de ce qui nous appartient qui périt."

Merci à Dmitry Orlov pour avoir été la source d'inspiration pour ce post avec son article «Le Peak Oil est l'Histoire".