Article original de Dmitry Orlov, publié le 5 janvier 2021 sur le site Club Orlov
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
De nombreux pronostiqueurs ont fait des pronostics pour la nouvelle année, en se basant sur la conviction qu’une année donnée est en quelque sorte nettement et significativement différente des précédentes. Bien sûr, nous savons tous qu’un horodatage n’est qu’une mesure du temps avec une précision particulière, et que tout appel à la numérologie a une connotation occulte – ce que les Pères de l’Église ont appelé autrefois « l’hérésie calendaire ».
Oui, la Terre tourne effectivement autour du Soleil (ce qui permet de passer outre les objections de la Société de la Terre plate des globalistes) et il existe des points géométriques intéressants sur son chemin, appelés solstices et équinoxes, mais c’est à peu près tout. Et, oui, il y a des rituels liés à ces points intéressants, comme souhaiter à chacun une « bonne année » ! Mais en ce qui concerne les prévisions, je serais heureux de laisser cela aux astrologues… sauf que certains de mes lecteurs ont réclamé une sorte de prévision, et je vais donc essayer de leur rendre service.
Il y a eu quelques changements dans le monde ces derniers temps qui semblent très importants à connaître. Malheureusement, ces choses ne peuvent pas être expliquées à un grand nombre de personnes parce qu’elles n’ont pas dans leur tête les concepts de base nécessaires pour les comprendre. Au lieu de cela, leur tête a été remplie de divers autres concepts et croyances synthétiques dont les conséquences sont douteuses. Par exemple, un grand nombre de personnes semblent penser que le « globalisme » existe. Bien sûr, si le globalisme est la conviction idéologique que la Terre est un globe plutôt que, disons, un dodécaèdre, alors, bien sûr, je crois au globalisme. Les gens croient à toutes sortes de choses – aux réptiloïdes, aux insectoïdes, aux vaccins à ADN humain, au Bitcoin, au Grand Reset… Vous pouvez croire tout ce que vous voulez, mais je ne suis pas vraiment intéressé par tout cela.
Je me contenterai plutôt de faire quelques observations sur la façon dont le monde a changé au cours de la dernière année et demi plus ou moins 6 mois (je crois que c’est la bonne fenêtre temporelle). Il s’agit de changements irrévocables, irrécupérables, du type « on ne peut pas remettre le dentifrice dans le tube ». Je pense qu’ils sont assez évidents, et je m’excuse de vous faire perdre votre temps si c’est votre analyse, mais ces faits semblent avoir échappé à un grand nombre de personnes, alors je vais les mentionner.
Tout d’abord, la financiarisation est morte. C’est-à-dire que l’idée qu’il est possible de découpler la sphère financière de l’économie physique, en laissant la première s’épanouir tandis que la seconde se languit, a conduit ses praticiens à un état de folie (permanente ou temporaire – nous ne le savons pas encore) mais ce n’est tout simplement pas ainsi que le monde fonctionne. Avec la financiarisation est mort le concept d’une économie post-industrielle où les nations peuvent rester riches sur la base d’une sorte d’adossement mutuel, ne produisant rien de tangible et n’échangeant que des services. Ajoutez à cela tous les trucs « virtuels » et « numériques » : tout cela n’est là que pour vous distraire pendant que le monde réel s’écroule autour de vous.
La seule économie qui importe encore est une économie réelle de l’exploitation minière, de la production d’énergie, de la recherche et du développement scientifiques, de la fabrication et des projets d’infrastructure à grande échelle, avec des dépenses sociales suffisantes pour soutenir ces activités. Les pays qui ont tout cela et qui les traitent comme des priorités nationales vont de l’avant (après avoir réduit leurs dépenses tout en massacrant leurs secteurs parasites comme le tourisme international). Les pays qui ont tout misé sur la globalisation, la financiarisation, le post-industrialisme et la virtualisation font tout au plus du surplace ; la plupart d’entre eux se noient dans les dettes. Accorder au renard que sont les entreprises transnationales, le droit de diriger votre poulailler national est un geste suicidaire.
Deuxièmement, les dernières braises de l’impérialisme occidental ont enfin été éteintes. L’impérialisme occidental a survécu aux deux guerres mondiales du XXe siècle en passant le relais impérialiste à la Grande-Bretagne puis aux États-Unis (la Grande-Bretagne conservant une partie de sa grandeur passée grâce à une relation spéciale avec les États-Unis). Nous avons donc eu un demi-siècle, plus ou moins, d’une sorte d’empire anglophone où la langue anglaise et les influences culturelles américaines ont infecté une grande partie de la planète, les élites occidentales (principalement anglophones et nord-européennes) étant aux commandes.
L’URSS lui a servi de contrepoids en quelque sorte, imposant un niveau de santé mentale tout en aidant les mouvements de libération nationale dans le monde entier, mais après son échec en 1990, l’Occident est entré dans une sorte de transe maénadique, dont il est finalement sorti avec une gueule de bois permanente… Il suffit de regarder l’état actuel du noyau en état de mort cérébrale de l’ancienne puissance impériale : la Grande-Bretagne. L’Irlande du Nord étant sur le point de disparaître et de rester dans l’Union européenne, le Royaume-Uni se dissout ; et l’Écosse faisant de même par le biais d’un nouveau référendum, la Grande-Bretagne ne sera plus. Le croupion avec l’Angleterre et le Pays de Galles redeviendra alors le Royaume d’Angleterre, comme c’était la cas avant 1707.
Et regardez qui est le roi putatif de ce royaume : un clown du nom de Boris Johnson, dont le cabinet est entièrement composé de diplômés d’Oxford, tous plus bêtes les uns que les autres ! C’est ce qu’il reste de cerveaux d’un empire autrefois puissant. Et le roi Boris Ier d’Angleterre, bien que clown, est une amélioration par rapport à son honteux prédécesseur, Theresa May, une affreuse inadaptation mentale. Comparée à Thérèsa, la reine-mère qu’ils gardent enfermée dans le grenier, avait l’air positivement baisable. Et c’est maintenant le meilleur que ce pathétique vestige d’un empire autrefois puissant a à offrir !
Les choses vont-elles mieux dans l’Empire britannique 2.0 – la forteresse des Yankees de l’autre côté de l’Étang ? Là-bas, ils se battent pour remplacer un clown de télé-réalité à tête orange par quelqu’un qui va probablement terminer un mandat présidentiel (ou une partie de celui-ci) sans jamais reprendre conscience. Pour l’accompagner, ils lui ont donné une « Matilda« jamaïcaine – une arnaqueuse qui va très probablement « prendre l’argent et s’enfuir ». Il a été difficile de chasser la Menace orange du pouvoir en raison d’une vague de nostalgie qui s’est emparée de la moitié de la population qui veut continuer à bien vivre avec l’argent des autres. L’autre moitié s’y oppose, car beaucoup d’entre eux estiment qu’il devrait être possible de continuer à bien vivre simplement en imprimant de l’argent et en le distribuant. Aucune des deux parties ne gagnera.
En attendant, l’impression monétaire se poursuivra jusqu’à ce que ça craque. Il est difficile de blâmer les Washingtoniens pour leur folle impression de monnaie ; quand la vie vous donne une presse à imprimer, vous imprimez des citrons (ou quelque chose comme ça). Maintenant que les deux tiers des dépenses du gouvernement américain sont financées ainsi, beaucoup de gens commencent à dire « ça ne sera plus très long maintenant », alors que la question « combien de temps » reste toujours aussi inutile dans l’air froid de l’hiver. Mais si vous roulez et que le panneau routier indique « La route se termine, la falaise est devant vous », de quelles informations supplémentaires avez-vous besoin pour décider si vous devez freiner ou accélérer ?
Ou bien vous voulez juste exploser la voiture. Auparavant, chaque fois que les impérialistes capitalistes se trouvaient dans une impasse, ils déclenchaient des guerres mondiales. La première guerre mondiale a tué beaucoup de paysans européens, laissant la place à l’expansion industrielle d’après-guerre. La Seconde Guerre mondiale a fait exploser toute cette industrie, donnant aux Américains la possibilité de gagner de l’argent pour la reconstruire. Dans les années 70, ce poids lourd industriel a commencé à manquer de gaz (de pétrole, en fait). Mais à peine 20 ans plus tard, l’URSS est morte et les vautours de l’Ouest sont venus se régaler de ses restes. Mais aujourd’hui, 40 ans après, la Chine est la puissance économique mondiale, la Russie est résurgente et militairement invincible, et… il est temps de déclencher une nouvelle guerre mondiale ? Bien sûr, mais contre qui ?
Attaquer la Chine déclencherait un conflit régional excessivement complexe et prolongé qui ne pourrait pas être soutenu sans pièces détachées fabriquées … en Chine. Attaquer la Chine donnerait également à la Russie l’occasion de transformer une grande partie de l’Eurasie en un bastion sous contrôle russe. D’un autre côté, attaquer la Russie serait un suicide rapide. Comme l’a dit Poutine, en cas de guerre, « nous irions au ciel comme de saints martyrs tandis que l’ennemi mourrait simplement comme un chien, puisqu’il n’aurait même pas le temps de se repentir ». Poutine a également promis de contre-attaquer en direction des centres de décision : vous ordonnez une attaque sur la Russie et – bang ! – vous êtes morts, directement dans votre bunker. Si en 1941 la Russie avait eu les armes qu’elle possède aujourd’hui, Hitler serait mort le 22 juin de cette année-là, quelques minutes après que les premières bombes nazies aient atterri sur Kiev.
Soyons clairs sur ce point : Les Américains le savent ; les Russes le savent ; et les Américains savent que les Russes le savent. En réponse aux ridicules bruits de harcèlement du secrétaire d’État américain Mike Pompeo, le ministère russe des affaires étrangères a tweeté un tableau de Napoléon battant en retraite de Moscou avec la légende dérisoire « C’est par là, les durs… ».
Si l’impasse dans laquelle se trouve le capitalisme impérialiste occidental appelle à la guerre mais que l’état actuel des affaires mondiales empêche les impérialistes occidentaux de déclencher la prochaine guerre mondiale, quelle est la solution ? La réponse est de déclencher une guerre contre votre propre peuple. Dites-leur que c’est à cause d’un virus (un virus de la grippe de type corona, quelque peu mortel mais bien plus tranquille que toutes les précédentes grippes graves depuis celle dite Espagnole il y a un siècle) et attaquez-les, enfermez-les et détruisez leurs vies et leurs entreprises. Faites croire à la population que des personnes en bonne santé peuvent être malades et contagieuses. Forcer tout le monde à entrer dans un camp de concentration numérique. Utilisez votre contrôle des médias pour qualifier de théoricien du complot quiconque est en désaccord avec ce plan.
Un plan ambitieux de ce genre a besoin d’un plan marketing pour l’accompagner ; c’est pourquoi nous avons quelque chose qu’ils ont appelé le Grand Reset. Le terme est un peu exagéré, mais s’ils l’appelaient comme ce qu’il est en réalité – un confinement local – personne n’achèterait l’histoire. Ce plan prévoit de réduire la population mondiale (pardon, locale) (peut-être par une vaccination forcée ?), laissant ainsi une grande marge de manœuvre aux riches pour qu’ils restent riches tandis que les pauvres deviennent indigents. Ou quelque chose de ce genre. Des personnes brillantes et très riches ont travaillé sur ce plan pendant des décennies, et c’est ce qu’elles ont trouvé. Impressionnant, n’est-ce pas ?
Que pouvez-vous faire à propos de tout cela ? Eh bien, j’aimerais vous le dire, mais tout ce que vous pouvez faire à ce sujet serait très probablement illégal. Et si je vous disais de faire quelque chose d’illégal, alors il me reviendrait de vous dire aussi comment fuir ce système. Mais les méthodes pour le fuir avec quelque chose d’illégal ont tendance à être très individualistes, leur efficacité étant inversement proportionnelle à leur fréquence d’application. Je ne peux donc que vous encourager à penser par vous-mêmes et à faire vos propres recherches. Bonne chance et, bien sûr, bonne année !
Le livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateurs de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de l’effondrement des sociétés ou des civilisations.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire