dimanche 24 janvier 2016
Découverte
Article original de James Howard Kunstler, publié le 11 Janvier 2016 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
Il semble que l’année 2016 sera l’année ou les humains vont apprendre que les choses qu’ils apprécient ne valaient pas autant qu’ils le pensaient. Ce sera un processus pénible, car un grand nombre d’êtres humains ne se débarrasse de choses qui perdent rapidement leur valeur − par exemple, les actions de la Bourse de Shanghai − que pour entasser autant d’argent qu’ils le peuvent sous la forme du dollar américain, dont la valeur et les intérêts vont également subir un ajustement très douloureux par rapport à leur valeur réelle.
Bien sûr, cela remet en question ce qu’est l’argent : essentiellement une affaire de confiance dans un mythe. En d’autres termes, c’est une histoire expliquant pourquoi nous nous comportons comme nous le faisons à propos de certaines choses. Certains éléments de l’histoire ont une relation plus étroite avec le réel que d’autres. L’élément du dollar américain a un lien plutôt faible.
Lorsque différentes autorités comme le BLS, la Réserve fédérale, le New York Times, prétendent que l’économie américaine est forte, nous pouvons traduire que les grandes corporations cotées en Bourse sont en mesure de mettre en place une façade qui semble solide comme un village Potemkine. Prenons l’exemple d’Amazon. Cette société continue à développer ce qui semble être une bonne idée. Et cette compagnie renforce cette idée dans l’imaginaire collectif par l’envoi d’un grand nombre de marchandises à bas prix jusqu’à votre porte, toutes achetées avec des cartes de crédit. Cela sonne comme une gratification (presque) instantanée. Cela a aussi incité les investisseurs à se goinfrer des actions d’Amazon.
Il est bien clair maintenant que les ventes au détail des commerces traditionnels sont majoritairement en train de péricliter. Cela signifie que moins de gens vont jusqu’au Target [Chaine de magasins américaine du style de Wal-Mart, NdT] ou autre lieu spécialisé pour acheter ces marchandises. On suppose que les gens achètent des trucs sur Amazon à la place. Ce qui nous intéresse dans cette histoire est l’idée que chaque objet acheté ces temps ci, fait par conséquence un voyage avec UPS [le transporteur d’Amazon, NdT]. Bien sûr, les gens vont également au Target, mais je doute qu’ils le fassent seulement pour un seul achat.
Cette dynamique devrait remettre en question la façon dont les personnes vivent aux États-Unis, dispersées partout dans un paysage urbain tentaculaire qui a de faibles perspectives d’être réformé ou même atténué. Soit vous allez vous-même au Target pour une mijoteuse et quelques autres courses, soit Amazon doit envoyer son camion brun passer devant chaque maison. Quoi qu’il en soit, cela intègre une quantité absurde de transports, et tôt ou tard, le modèle de la chaîne de magasins ayant pignon sur rue et le modèle de livraison à domicile d’Amazon vont échouer.
Maintenant, je ne crois pas que ce sera la fin du commerce de détail, mais cela va ouvrir la porte à une transition douloureuse quelle que soit la prochaine itération de ce commerce de détail. Cela sera probablement beaucoup plus petit et plus local avec moins de choses. Malheureusement, il est difficile d’imaginer que l’on va résoudre ce dilemme sans imaginer aussi une transition loin du modèle de la banlieue dortoir. La perte de la foi dans ce modèle représentera probablement la plus grande perte de richesse imaginaire dans l’histoire humaine. C’est ce qui devait advenir de toute manière, car ce modèle de développement représente également la pire allocation de ressources de l’histoire de l’humanité. Cela semblait une bonne idée à l’époque, mais maintenant son temps est passé.
Je suppose que la perte de confiance dans la valeur de toutes sortes de biens va jouer de façon séquentielle. Cela va commencer par des actifs financiers parce que la valeur de beaucoup d’entre eux est tout simplement une histoire basée sur la confiance, et à l’âge du trading à haute fréquence, il est devenu terriblement difficile de différencier ce qui est une bonne affaire de ce qui n’est qu’une escroquerie. On se demande, par exemple, combien de ces jeunes bien habillés dans les bureaux des agences bancaires ont pu mettre de prêts automobiles subprime sur le marché, les grouper en gros paquets de titres [titrisation, NdT] et les découper en tranches avec des rendements attrayants comme contrepartie minable en face des actifs des fonds de pension et des compagnies d’assurance. Mon sentiment est que la situation est au moins aussi mauvaise qu’elle le fut en 2007.
Le problème est que lorsque ce vampire va s’écrouler, pour paraphraser les mots immortels de George W. Bush, vous devrez vous demander combien d’autres choses de la vie quotidienne crouleront avec elle et les conséquences tout à fait concrètes pour les gens ordinaires. La phase de découverte du pétrin où nous sommes a commencé très sèchement lors de la première semaine de cette nouvelle année. Je vais me hasarder à prédire que les dommages vont être arrêtés brièvement au milieu de l’hiver pour venir prendre leur revanche en mars. Cela peut donner aux gens réfléchis la chance de faire une pause et d’évaluer la situation.
James Howard Kunstler
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