Article original de Tyler Durden, publié le 25 Décembre 2015 sur le site ZeroHedge
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
Deux choses deviennent claires quand on analyse la santé financière de la production d’hydrocarbures aux États-Unis :
1) le secteur n’est pas du tout homogène, il présente un large éventail de santé financière ;
2) une partie du secteur semble agonisante, les bouées de
sauvetage pourraient inclure des capitaux propres venant des marchés
publics, des ventes d’actifs, des private equity ou des consolidations.
Si tout le reste échoue, le Chapter 11 [équivalent américain des tribunaux de commerce, NdT] pourrait être nécessaire. Voilà l’évaluation de Citi sur la révolution du schiste en Amérique, que les Saoudiens ont désespérément tenté d’écraser depuis plus d’un an maintenant.
Comme Citi et d’autres l’ont noté, un an ou deux après que nous
avions longuement discuté de cette question, les producteurs non
rentables aux États-Unis sont presque entièrement dépendants des marchés
de capitaux pour leur survie. «Le secteur du schiste est maintenant financièrement sous stress-tests, exposant le secret caché du schiste : de
nombreux producteurs de schiste dépendent d’injections du marché des
capitaux pour financer leur activité courante, car ils ont dépensé sans
compter leur trésorerie jusqu’ici», a écrit CitiGroup en septembre. Voici un aperçu de ce que veut dire la banque :
Bien sûr, tout cela fonctionnait bien dans un environnement
caractérisé par des prix du pétrole brut relativement élevés et une
politique monétaire ultra accommodante. Le coût du capital était faible
et les investisseurs affamés de rendements étaient indulgents,
permettant à l’industrie pétrolière des États-Unis de maintenir le
forage et le pompage longtemps après qu’elle aurait du être en faillite.
Maintenant, c’est selon l’adage il faut payer les pots cassés. Dans le sillage de la hausse de la Fed [des taux d’interêts, NdT], les High Yield [hauts rendements, NdT] capotent [ils ne sont plus refinançables, NdT] et comme UBS l’a noté au cours de l’été, «les industries liées aux matières premières pèsent 22,8% du total de l’indice du marché High Yield sur une base nominale pondérée ;
les secteurs les plus risqués, concernés par un éventuel défaut (défini
comme un défaut de paiement, une faillite ou une restructuration
contrainte), pèsent 18,2% de l’indice et incluent les producteurs de
pétrole et de gaz (10,6%), de métaux, les mines (4,7%) et les services
autour du pétrole dont les industries d’équipement (2,9%)». Comme Bruce Richards, directeur général de Marathon Asset Management l’a déclaré à Bloomberg la semaine dernière, «le prix du baril de pétrole pourrait tomber en dessous de $30 en raison d’une surabondance de l’offre, et près d’un tiers des entreprises du secteur de l’énergie feront défaut au cours des trois prochaines années».
«C’est est la pire année non récessionniste que nous ayons jamais eue sur le marché des rendements élevés», a déclaré Richards. Il a dit que Marathon Asset Management, basée à New York, a ajouté des positions courtes sur les valeurs dans l’énergie.
Mis à part les gains de cette semaine, et en dépit d’une hypothèse
largement erronée à propos de l’impact que la levée de l’interdiction
d’exportation de brut d’Amérique aura sur l’index WTI (West Texas Intermediate), les fondamentaux sont ici un cauchemar.
L’Irak pompe à des niveaux record, l’offre iranienne est prête à se
déverser sur les marchés à partir du mois prochain une fois que les
sanctions auront été levées, et l’OPEP a une politique complètement
décousue. En outre, les producteurs vont aller au maximum de la limite
du nombre d’emplois qu’ils peuvent supprimer et de la réduction des
dépenses en capital (en fin de compte, vous devez conserver suffisamment
de capital humain et de capacités financières pour rester
opérationnel). C’est incontournable : les faillites arrivent.
Comme le note la Fed de Dallas dans ses dernières perspectives
trimestrielles sur l’énergie, les risques de faillites sont maintenant à
leur plus haut niveau depuis la crise et les choses semblent
sombres pour l’avenir.
Voici les extraits du rapport :
De la Fed de Dallas
Le prix West Texas Intermediate (WTI)
du pétrole brut a chuté d’environ 23% jusqu’ici, au quatrième
trimestre. Les attentes ont évolué vers un prix plus faible en raison
des perspectives de sanctions contre l’Iran qui sont susceptibles d’être
levées au début de 2016, du fait aussi que l’Organisation des pays
exportateurs de pétrole (OPEP) a abandonné toute prétention à gérer un
plafond de production et que la baisse de production des États-Unis a
ralenti. La surproduction des approvisionnements entraîne le prix du
pétrole à un plus bas de dix ans. Le déséquilibre entre l’offre et la
demande mondiale a provoqué son effondrement à des niveaux jamais vus
depuis plus de dix ans. La production de pétrole mondiale dépassera la consommation d’une moyenne de 1,7 million de barils par jour (mb / j) en 2015, selon les estimations de décembre réalisées par l’Energy Information Administration (EIA).
Cette offre excédentaire est plus élevée que lors de la crise
financière asiatique et la Grande Récession. L’OPEP a gonflé les marchés
avec près de 1 mb / j de plus cette année que ce que l’EIA avait
initialement prévu en novembre 2014. En 2016, l’offre mondiale devrait
dépasser la demande de 0,6 mb / j en moyenne (graphique 1).
Lors de la réunion de décembre de l’OPEP, la levée imminente des
sanctions contre l’Iran a contribué à une dissonance de plus en plus
audible au sein du cartel. La réunion s’est terminée par une déroute, et
les ministres du pétrole ont abandonné toute prétention à définir un
plafond de production pour la première fois depuis des décennies. Un
large fossé a semblé se creuser entre l’Arabie saoudite et ses alliés du
Golfe, d’une part, et l’Iran et les autres membres de l’OPEP
de l’autre. Ces divisions sont provoquées par trois causes
sous-jacentes.
Premièrement, il y a un profond désaccord sur la
façon de s’adapter face à la mise à disposition des marchés du pétrole
iranien, une fois les sanctions levées, alors que l’Arabie saoudite,
l’Irak et d’autres cherchent à maintenir leurs parts de marché.
Deuxièmement, l’augmentation des tensions dans le conflit syrien ont aggravé les rivalités régionales.
Troisièmement, le faible prix du pétrole affecte
différemment les pays membres en raison de leurs positions financières
différentes. Ces causes sous-jacentes vont rendre improbable avant 2016
tout accord sur le rétablissement des plafonds de production ou toute
autre action coordonnée par l’OPEP.
Les faillites dans le secteur du pétrole et du gaz ont
atteint des niveaux jamais vus pour un seul trimestre depuis la Grande
Récession. La baisse des prix du pétrole a prélevé une rançon
importante sur les producteurs de pétrole et de gaz des États-Unis, en
partie parce que beaucoup font face à des coûts de production plus
élevés que ceux de leurs homologues internationaux. Au moins neuf
sociétés de pétrole et de gaz aux États-Unis, qui représentent plus de
$2 Mds de dette, ont déposé le bilan à ce jour au quatrième trimestre.
Si les faillites continuent à ce rythme, d’autres peuvent suivre en
2016. Les entreprises en amont se sont également ajustées à ces bas prix
du pétrole en réduisant les dépenses en immobilisations ; ces dépenses
sont en baisse de 51% au quatrième trimestre 2014 par rapport au
troisième trimestre 2015 (graphique 5).
Goldman Sachs a prévenu au début du mois: «… Nous réitérons notre préoccupation qu’un stress financier peut se révéler trop faible et trop tardif pour éviter au marché d’avoir à effacer cette surproduction par un stress opérationnel avec des prix proches des coûts de production pour forcer des réductions de production, probablement autour de $20 le baril.»
Note du Traducteur
Cet article provient d’un article de dedefensa
qui vient d’ajouter l’élément énergétique et sa composante financière
comme un élément du tableau de la grande crise d’effondrement du
système.
Autant on peut imaginer des discussions de couloir plus ou moins
secrètes dans les réunions du Bilderberg, de la Trilatérale ou du CFR
pour orienter le projet mondialiste, autant il semble difficile de
penser qu’un petit cercle restreint peut contrôler efficacement la
machine financière ou énergétique. Voila donc bien des sources de crises
à venir ou déjà en cours à surveiller comme le lait sur le feu.
Pour les détails de la corrélation entre énergie et dette, je vous renvoie à un article de Gail Tverberg.
Les faillites d'aujourd'hui seront les richesses de demain ... d'excellentes opportunités d'acheter à vil prix les richesses indispensables de demain !
RépondreSupprimerEncore faut-il trier le bon grain de l'ivraie et bien anticiper ce qui sera valorisable
RépondreSupprimerL'étude fait par l'auteur de cet article confirme toutes les peurs dont j'avais pour le secteur pétrolier. On aime tous les prix pétroliers plus bas, mais cela est à la disparition d'une autre partie du marché. Dans ce cas, c'est les producteurs qui ont besoin de l'appui financiers venant des coffres publics. On ne sait pas exactement ce qui va se passer à l'avenir, seulement que cela ne cause pas une autre crise financier.
RépondreSupprimerhttp://www.langlois-associe.com