Article original de Alexander Mercouris, publié le 06 Juin 2016 sur le site theduran.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
Le ministère russe de la Défense a confirmé que le Sukhoi T-50 – le chasseur de cinquième génération de la Russie – entrera en service l’année prochaine.
Comme c’est souvent le cas avec les développements militaires russes,
divers médias occidentaux ont à plusieurs reprises cherché à jeter le
doute sur la viabilité du programme Sukhoi T-50.
Il a été diversement suggéré que l’ensemble du programme avait été revu
à la baisse en raison de contraintes budgétaires – avec les Russes qui
auraient décider d’acheter plus de SU35s à la place – et que le Sukhoi T-50 n’était de toute façon pas un avion particulièrement avancé ou efficace.
Un rapport indien
qui a dénigré la qualité de leur futur chasseur de cinquième génération
sur une base de Sukhoi T-50 que les Russes proposaient aux Indiens, a
notamment reçu une large publicité, avec ses diverses réclamations
acceptées comme des faits.
La réalité est que le programme Sukhoi T-50 semble avoir été finalisé
globalement sans problème, ce qui reflète la façon prudente et
conservatrice avec laquelle l’ensemble du programme a été réalisé. Mais
c’est encore une réalisation majeure, étant donné que le Sukhoi T-50 est
le premier chasseur russe entièrement nouveau produit depuis plus de 30
ans.
Le Sukhoi T-50 est néanmoins clairement un chasseur typiquement
russe, avec de nombreuses caractéristiques, traditionnelles pour de tels
jets, et qui les distinguent de ceux des autres pays. Ainsi, le Sukhoi
T-50 est plus orienté vers la haute performance que furtif. Il est
capable de vitesse de croisière supersonique sans utilisation de la
postcombustion du moteur. Il est très maniable, transporte une charge
d’armes lourdes et est principalement axé sur le combat aérien.
Avec tout cela, le Sukhoi T-50 contraste fortement avec le chasseur
américain F35 multi-mission, beaucoup plus complexe, qui sacrifie la
performance pour mener à bien une variété de rôles différents et qui,
dans un environnement de combat aérien, repose davantage sur ses
systèmes d’armes électroniques que sur ses performances.
Cela ne veut pas dire que les systèmes d’armes électroniques du
Sukhoi T-50 sont primitifs ou dépassés. Au contraire, nos informations
suggèrent qu’ils sont très avancés, à la fois avec le Sukhoi T-50 et
pour le F-35, en utilisant des radars actifs (Electronically Scanned
Array – AESA). Toutefois, c’est un avion qui ne dépend pas autant de ses
systèmes que le F-35.
En ce qui concerne le rapport indien, la seule plainte de fond
concerne les moteurs du Sukhoi T-50, qui ne sont pas suffisamment
fiables. Elle n’est pas fondée, puisque les Russes ont toujours prévu
d’équiper le Sukhoi T-50 avec un moteur plus avancé et fiable quand il
sera disponible.
Le nouveau moteur est en fait actuellement en développement et
devrait remplacer le moteur actuel après 2020. Dans l’intervalle,
jusqu’à ce que le nouveau moteur soit prêt, le Sukhoi T-50 utilise une
version fortement modifiée du moteur AL31, précédemment utilisé par la
famille des SU-27. Loin d’être un signe de retard technique, c’est une
étape logique pour amener autrement un aéronef complet en service. Il
n’y a pas de sens de développer au ralenti pendant plusieurs années ce
qui est à tous les autres égards un avion très puissant, jusqu’à ce
qu’un nouveau moteur soit prêt, alors qu’il existe déjà un moteur
parfaitement capable de l’alimenter.
La critique indienne reflète en réalité une philosophie qui a flétri
les programmes d’armement indiens depuis les années 1970, et qui
consiste à insister sur la technologie concevable la plus avancée,
plutôt que d’accepter toute la technologie déjà disponible. C’est cette
philosophie qui explique pourquoi les programmes d’armement indiens
prennent généralement autant de temps. À titre d’exemple, on pense au
jet léger indien Tejas,
dont les premières esquisses datent de 1969 et le premier vol de 2001,
mais qui n’est pas entré en service avant 2015, date à laquelle
l’ensemble de son concept était depuis longtemps devenu obsolète. De
même, le développement du char de combat indien Arjun a commencé en 1972; mais il n’est pas entré en service avant 2004.
En fait, il y a tout lieu de penser que le chasseur Sukhoi T-50 sera
un ajout puissant pour les forces aérospatiales russes, en laissant la
Russie à l’avant-garde des puissances militaires aériennes mondiales.
Alexander Mercouris
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