Article original de Brandon Smith, publié le 23 Avril 2020 sur le site alt-market
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
Le cycle de l’information évolue si rapidement de nos jours qu’il devient difficile d’écrire une analyse sur les événements actuels ; dès que vous publiez un examen de la situation, les gens sont déjà passés à la catastrophe suivante. Donc, aujourd’hui, je ne vais pas faire cela. Je vais plutôt examiner les tendances actuelles et nous projeter sur ce qui risque de se passer dans les prochains mois. Dans mon article « Comment la crise pandémique va probablement évoluer au cours de l’année prochaine« publié début mars, j’ai décrit ce que je pensais être les principaux développements sur un calendrier plus long. Certaines de ces prévisions se sont déjà réalisées.
J’aimerais maintenant aborder un calendrier plus court et me concentrer plus spécifiquement sur l’aspect économique des choses, ainsi que sur les effets des mesures de verrouillage du gouvernement et la manière dont elles vont se poursuivre. Oui, c’est vrai, si vous pensez que la « réouverture » de l’économie va se généraliser, ou qu’elle va durer, ne vous faites pas d’illusions. J’utilise un modèle de 60 jours parce que j’ai observé que la personne moyenne non consciente semble avoir environ deux mois de retard par rapport à nous [en cas de crise, NdT], dans le mouvement pour la liberté, pour ce qui est de voir les dangers à venir.
Tout d’abord, la question du confinement est dans l’esprit de presque tout le monde et, comme je le dis depuis un mois, il ne faudrait pas longtemps pour que les gens commencent à s’inquiéter de leurs perspectives financières une fois qu’ils auront réalisé que cette affaire pourrait ne pas être terminée « dans deux semaines », comme nous l’apprennent toutes les deux semaines les grands médias, les gouvernements des États et Donald Trump. Le mantra des « deux semaines avant la réouverture » est conçu pour maintenir le public apaisé et docile, et l’establishment continuera à l’utiliser jusqu’à ce que les gens en aient enfin assez, ce qui commence déjà à se produire.
Des manifestations contre le confinement des lieux de travail se déclenchent dans tout le pays et la situation ne fera qu’empirer à partir de maintenant. Comprenez cependant que les élites de l’establishment s’y attendaient probablement, surtout aux États-Unis, et qu’elles prévoient d’utiliser les troubles civils à leur avantage.
Ne soyez pas surpris si certaines régions du pays « rouvrent » effectivement le mois prochain, mais attendez-vous à ce que ces endroits soient principalement ruraux. Ne comptez pas sur la réouverture des villes de premier et de second rang, du moins pas au niveau d’activité qu’elles avaient avant l’épidémie virale. En fait, alors que les villes rurales tentent de revenir à la normale, de nombreuses grandes villes vont probablement augmenter fortement les restrictions plutôt que de les assouplir.
Pourquoi est-ce que je pense que cela va se produire ? J’ai remarqué qu’un étrange récit a été poussé dans les grands médias ces derniers temps, ce qui m’inquiète. Ces médias promeuvent agressivement l’idée que les états et les comtés ruraux sont sur le point d’être écrasés par le coronavirus, et que le relâchement des restrictions dans ces endroits est « un danger pour tout le monde ».
Or, si vous lisez entre les lignes de cette propagande, ce que je vois n’est pas le reportage des médias sur ce qui se passe actuellement, mais sur ce qu’ils prévoient pour bientôt. Dans ma région du Montana, il n’y a pas de propagation communautaire du virus, et c’est un phénomène commun à de nombreuses régions rurales d’Amérique. Toutefois, que se passera-t-il si les villes rurales rouvrent leurs portes alors que les grandes zones métropolitaines restent fermées aux entreprises ? À moins que des restrictions de voyage ne soient instituées, attendez-vous à ce qu’une INONDATION de citadins se déversent dans les zones rurales en quête d’un goût de liberté et à ce que certains bars et restaurants soient ouverts.
Si votre petite ville se trouve à moins d’une heure et demie de route d’une grande ville, préparez-vous à un défilé de yuppies sur la rue principale, à la recherche de vacances loin du confinement.
Ce n’est pas un problème en soi. Si les gens veulent quitter la ville pour aller dépenser de l’argent dans une petite ville américaine, c’est un avantage pour les communautés rurales en difficulté (et un étrange décalage de 180 degrés par rapport à la norme). Mais voici ce que je pense qu’il va se passer ensuite.
Après environ deux semaines de réouverture, les petites villes américaines connaîtront une augmentation massive du nombre d’infections et de la propagation du virus dans les communautés. Des « cluster » infectés vont se développer et certaines personnes vont mourir. Cela signifie-t-il que notre économie doit être gelée au point de s’effondrer ou que la loi martiale médicale est la réponse ? Non, absolument pas. Mais les médias se préparent déjà au grand « nous vous l’avions dit », et comme les infections rurales monteront en flèche, les gouvernements des États et le gouvernement fédéral vont commencer à réclamer de nouveaux confinements encore plus sévères qu’auparavant. Le reste du monde dira « c’est ce que ces Américains (conservateurs) obtiennent pour avoir été égoïstes et avoir essayé de rouvrir trop tôt ».
L’économie ne peut pas être ouverte une pièce à la fois, elle doit être ouverte d’un seul coup. Sinon, vous allez recevoir un énorme afflux de personnes dans les régions réouvertes et une quantité démesurée de cas d’infection va suivre dans ces régions, ce qui va amplifier la propagation du virus. Bien entendu, une réouverture complète du pays ne se produira pas.
Préparez-vous à un grand et faux match de catch entre les gouvernements des États et Trump en ce qui concerne la manière de gérer la fin des confinements. Notez cependant que Trump fait tellement volte-face entre le pouvoir des états et le pouvoir exécutif que personne ne sait vraiment quelle est sa position sur la question ; c’est voulu.
Nous entendons beaucoup de plaintes concernant le fait que l’Organisation mondiale de la santé et la Chine cachent ou suppriment des informations sur le coronavirus et l’étendue du danger pour le public. Pourtant, en janvier, M. Trump a minimisé la pandémie de la même manière, en affirmant que les données chinoises étaient fiables et que le virus était sous contrôle. La semaine dernière, Trump semble avoir pris à partie l’OMS et la Chine, mais tout cela est-il réel ?
Le personnage de Trump est censé être ambigu et caméléon, afin de pouvoir nous être présenté ainsi. Pour la gauche politique, c’est un croque-mitaine, un méchant conservateur maladroit et un étatiste qui détruit le pays ; il agit comme un catalyseur pour les rendre encore plus fous qu’ils ne le sont déjà. Pour certains membres de la droite politique, Trump est un sauveur, ou un martyr. Ils le placent sur un piédestal si haut qu’il ne peut faire aucun mal et certains pensent même qu’il mène en fait une « guerre secrète » avec les élites en utilisant des tactiques subversives, malgré le fait que la moitié de son cabinet soit composée d’anciens élèves du secteur bancaire et du Council on Foreign Relations.
Cette absurdité a divisé le mouvement pour la liberté en différents camps – ceux qui réalisent que Trump est une fraude, et ceux qui le traitent comme un dieu machiavélien.
Je m’attends à ce que Trump fasse de nouveau volte-face dans les deux prochains mois. Pour l’instant, il se comporte comme un champion du peuple en défendant les manifestants anti-confinement et en faisant pression pour une réouverture rapide. Après la prochaine vague d’infections et de décès, ne soyez pas pris au dépourvu s’il appelle soudainement à des procédures de confinement strictes.
D’un point de vue économique, de nouveaux confinements après une courte réouverture dévasteront les petites entreprises qui réclament déjà de l’oxygène. Le plan de relance des petites entreprises tant vanté a été un échec, et il a été réduit à néant en moins d’une semaine. Un autre plan de relance est sur la table, mais il est contesté. Si un autre plan de sauvetage est adopté, il disparaîtra une fois de plus, la plupart des petites entreprises ne recevant toujours pas un centime. En résumé : Les entreprises trop grandes pour faire faillite vont recevoir leur argent, et les petites entreprises n’en recevront pas ou peu après les 60 prochains jours. Cela signifie que 50% des emplois du pays sont maintenant sur le billot et que la plupart ne reviendront pas parce que ces entreprises étaient déjà dans les cordes avec des marges très minces et des dettes importantes.
L’économie est morte dans l’œuf, la goupille de la grenade a déjà été tirée, la majorité des Américains ne s’en rendent tout simplement pas encore compte.
En termes d’aide gouvernementale individuelle, certains employés licenciés sont cependant bien assis, du moins pour un certain temps. Les mesures de relance commencent à toucher les nouveaux chômeurs en plus de leurs allocations de chômage normales, de sorte que même si les entreprises rouvrent, elles peuvent avoir du mal à trouver des personnes pour travailler pour elles. Vous pouvez gagner plus d’argent grâce aux chèques du gouvernement dès maintenant qu’à travailler à plein temps dans presque toutes les entreprises de services, tout en évitant la « Rona« [emplois sous payés, NdT]. Mais ce dont ces personnes ne se rendent pas compte, c’est que cette manne va se dissiper rapidement.
D’autres chômeurs récents attendent toujours leur chèque, ce qui montre que la réponse du gouvernement est inégale.
Les mesures de relance se tarissent rapidement et chacun, ainsi que leur mère, a la main tendue pour obtenir la sienne, les entreprises constituant la plus grosse ponction. Le fait que le plan de relance des petites entreprises ait été avalé en moins d’une semaine devrait vous indiquer ce qui va se passer avec les mesures de relance individuelles. Mais au-delà de ce problème, il y a la question tacite des perturbations de la chaîne d’approvisionnement et de l’inflation.
À quoi sert le contrôle de votre gouvernement si 90 % des magasins sont fermés, si 50 % des articles que vous souhaitez acheter sont considérés comme « non essentiels » et soumis à des restrictions, et si les articles que vous êtes autorisé à acheter voient leur prix monter en flèche ? Les Américains ordinaires attendent un choc auquel ils ne sont pas préparés surtout lorsqu’ils vont réaliser que les chèques du gouvernement (revenu de base universel) vont à peine les maintenir en vie, sans parler de leur accorder des mois de loisirs rémunérés. Je pense que le grand public sera conscient de cette situation dans environ 60 jours.
Je le répète, la rupture de la chaîne d’approvisionnement se généralisera dans quelques mois. Les magasins sont sous pression en ce moment ; ils étirent les stocks pour combler les lacunes des rayons et limitent les achats sur une longue liste d’articles à un par client, mais ils ne sont pas encore en mode de crise. Avec la fermeture des plus grands producteurs de produits carnés et les difficultés rencontrées par les exploitations agricoles pour embaucher des travailleurs pour transformer les produits et autres biens, il ne fait aucun doute que les pénuries alimentaires vont devenir un problème que le grand public ne pourra plus ignorer.
Les fermetures ont provoqué une baisse initiale de certains prix en raison de la fermeture de restaurants et d’une offre excédentaire, mais cela va bientôt se terminer car l’offre est sur le point d’être détruite par manque de production. L’effondrement économique n’entraîne que rarement, voire jamais, des avantages pour les consommateurs ; c’est une erreur de l’époque de la dépression qui, pour une raison quelconque, est encore perpétuée aujourd’hui par des économistes sans formation.
Le nom de ce type d’événement est « crise de stagflation » et c’est une chose contre laquelle je vous mets en garde depuis des années. Elle signifie une inflation des prix des produits de première nécessité alors que la déflation se produit au niveau des salaires, de nombreux actifs et de certaines marchandises. Le marché du pétrole est un indicateur de ces mécanismes en action. Lorsque le pétrole plonge, le public obtient de l’essence bon marché, mais l’effondrement des prix représente également un effondrement de la demande mondiale d’énergie, et donc un effondrement de la production. Un effondrement de la production entraîne une diminution de l’offre, et donc une hausse des prix. Le cycle se poursuit jusqu’à ce que tout se brise et que la population soit réduite à l’un des deux choix suivants : la pauvreté ou l’autosuffisance.
L’ampleur de la crise sera beaucoup plus claire dans les deux prochains mois pour la majorité. Il en résultera des troubles civils en été, probablement suivis par des niveaux de pauvreté extrême en hiver. Aucune mesure de « réouverture » ne fera beaucoup pour arrêter l’avalanche qui a déjà commencé. La solution est toujours la même : relocaliser le commerce et la production et vous soustraire, vous et votre communauté, à la dépendance de l’économie contrôlée par l’establishment. C’est certainement difficile, mais c’est possible. Ce qui n’est pas possible, c’est de réparer l’économie brisée et corrompue que nous avons maintenant ou d’arrêter l’effondrement actuel. C’est une course folle pour les gens qui vivent au pays des licornes.
Brandon Smith
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