Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
Tous les incidents précédents de flics blancs tuant des noirs étaient trop ambigus pour sceller l’affaire. Michael Brown à Ferguson, Missouri (une sombre affaire) ; Tamir Rice à Cleveland (agitant un pistolet à billes qui ressemblait à un colt .45 automatique) ; Trayvon Martin (son assassin George Zimmerman n’était pas un flic et n’était pas « blanc ») ; Eric Garner, Staten Island (une policière noire sergent sur les lieux ne l’a pas arrêté) ; Philando Castile, Minneapolis (le flic était hispanique et la victime avait une arme). Même le récent meurtre en février du joggeur Ahmaud Arbery à Brunswick, en Géorgie, comportait quelques éléments sommaires (Arbery a-t-il essayé de saisir le fusil de chasse ?) – YouTube a effacé la vidéo ( ?) – et il a fallu des mois pour que les deux suspects blancs (pas des flics) soient arrêtés.
Le meurtre de George Floyd n’avait aucune de ces faiblesses. De plus, la vidéo présentait une image d’oppression à peu près universelle : un homme avec son genou sur le cou d’un autre homme. Cela ne dit-il pas tout ? Vous n’avez pas besoin d’une chanson de Bob Dylan pour l’expliquer. La police de Minneapolis a tergiversé pendant quatre jours avant d’inculper le policier Derek Chauvin de meurtre de niveau 3 (sans préméditation, mais avec un mépris imprudent pour la vie humaine). Les trois autres policiers présents sur les lieux, qui sont restés bêtement là sans rien faire, n’ont pas encore été inculpés. Coupez, imprimez et donnez l’exemple à la foule.
La nation était déjà sous le choc de l’étrange verrouillage de la vie quotidienne pendant douze semaines suite au Covid-19 et des ravages économiques qu’il a entraînés pour l’emploi, les entreprises et les revenus. Au Minnesota, l’interdiction de rester à la maison a été levée le 17 mai, mais les bars et les restaurants sont restés fermés jusqu’en juin. Le Memorial Day, le 25 mai, a été l’une des premières journées vraiment douces de la mi-printemps, avec 25 degrés. Les gens étaient à l’extérieur, peut-être même se sentaient fringants après des semaines d’un isolement lugubre. Aussi, une fois que la vidéo de la mort de George Floyd a été diffusée, le scénario s’est mis en place : descendez dans la rue !
Peu d’Américains ont été insensibles aux marches de protestation qui ont suivi. Le remords, la censure et les larmes coulaient de tous les portails officiels, de la bouche et des yeux de toutes les personnalités politiques du pays. Le tableau du genou de l’officier Chauvin sur le cou de Floyd était prêt pour passer à la postérité. En effet, il existe probablement des dizaines de statues dans le monde qui expriment l’oppression d’un peuple sur un autre. Et pourtant, les sentiments du public au lendemain de la mort de George Floyd avaient une saveur de cérémonie : Le peuple exige le changement ! Mettez fin au racisme systémique ! Pas de justice, pas de paix ! Combien de fois avons-nous vu ce film ?
Ce qui change – et soudainement – c’est que maintenant ce ne sont plus seulement les noirs qui luttent pour s’épanouir aux États-Unis, mais tous les autres groupes ethniques qui ne sont pas des VIP de fonds spéculatifs, des employés de BlackRock Financial ou des lobbyistes de K-Street – et même ces personnages privilégiés pourraient se retrouver dans des circonstances délicates avant longtemps. Les perspectives des jeunes adultes semblent les plus sombres de toutes. Ils sont confrontés à une économie tellement désordonnée que personne ne peut trouver quelque chose à faire qui paie suffisamment pour subvenir aux besoins de base de la vie, en plus d’être escroqué par les fausses promesses de l’enseignement supérieur et le racket de prêts d’argent qui l’anime.
Il n’est donc pas surprenant que, lorsque la nuit tombe, les démons sortent. Les choses sont brisées et brûlées. Et tout cela après avoir été enfermés pendant des semaines au nom d’une maladie qui tue surtout les gens dans les maisons de retraite. Aussi laid que soit le mouvement ANTIFA, c’est exactement ce qui arrive quand les jeunes réalisent que leur avenir leur a été volé. Ou, plus littéralement, lorsqu’ils sont désœuvrés et fauchés et qu’ils voient la richesse fabuleuse qui les entoure dans les gratte-ciel de verre des banques, les halls d’exposition de voitures et les concours de célébrités et de gens fortunés paradant à demi-nues pour les filles à la télé. Ils sont figurants dans un nouveau film intitulé « Le 4ème tournant« rencontre « La longue urgence« , mais ils ne le savent peut-être pas.
Envie de changement ? Vous n’aurez pas à attendre longtemps. Cette société pourrait être méconnaissable dans quelques mois. D’une part, il y a de fortes chances que la violence actuelle dans les rues ne se calme pas comme elle l’a déjà fait. Il n’y a jamais eu de chômage aussi soudain et massif, même pendant la Grande Dépression, et nous ne sommes même plus le pays qui a vécu cet épisode difficile. Presque tous les arrangements de la vie contemporaine battent de l’aile, d’une manière ou d’une autre. Les grandes entreprises, les petites entreprises, le show-business… tout s’écroule. Le grand secret derrière tout cela n’est pas que le capitalisme a échoué ; c’est que le capital dans le capitalisme n’est plus vraiment là, du moins pas dans les montants que de simples apparences comme l’évaluation des actions suggèrent. Nous l’avons gaspillé, et maintenant nos institutions s’efforcent puissamment de prétendre que « l’impression » d’argent est la même chose que le capital. (Ce n’est qu’une dette supplémentaire.) Notez que les marchés boursiers sont en hausse ce matin à l’ouverture ! Allez comprendre…. [merci la Fed, NdT]
Changer ? Nous le faisons bien et difficilement, et pas à un rythme auquel nous étions préparés. C’est extrêmement déstabilisant. Cela produit des frictions, de la chaleur et de la lumière, qui deviennent facilement violentes. Nous pouvons certainement faire beaucoup de choses pour réorganiser la vie américaine sans devenir des communistes ou des nazis, mais beaucoup d’activités doivent disparaître avant que nous puissions voir comment cela pourrait fonctionner. Le poids d’une complexité obsolète nous écrase, comme le genou de Derek Chauvin sur le cou de George Floyd. Ils étaient tous deux, à leur manière, des hommes ordinaires, pris dans le maelström de la métaphore. Cet été long et chaud proverbial dont on entend parler depuis si longtemps… ? Il est là.
James Howard Kunstler
Pour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d’abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu’au ciel.
Note du traducteur
Concernant les 2 protagonistes, les semaines à venir devraient amener leurs lots de révélations. Hasard ou quelqu'un a donné ce faux billet à la victime ? Comment des groupes d'ANTIFA ont-ils si vite réagit ? Prescience des évènements ou un coup monté pour déstabiliser les acteurs de la prochaine élection aux USA ? Cela éclaire aussi la militarisation croissante des forces de police aux USA et la violence hallucinante dont sont capables certains policiers qui traitent leur propre population comme s'il s'agissait d'une zone de guerre.
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