samedi 27 juin 2020

Il y a 21 ans : La fin du bombardement de la Serbie

Article original de Ugo Bardi , publié le 10 juin 2020 sur le site CassandraLegacy
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

Et le début du déclin de l’Empire d’Occident

Bombardement par l’OTAN de la ville de Novi Sad, Serbie, 1999 – Source Wikipédia

Il y a 21 ans, le 10 juin 1999, la campagne de l’OTAN contre la Serbie prenait fin après 78 jours de bombardements. Nous ne savons toujours pas exactement le nombre de victimes, civiles et militaires, ni l’ampleur des dégâts et il serait difficile de dire qui a réellement « gagné » ce foutoir sanglant. Mais le bombardement de la Serbie a été un tournant pour de nombreuses raisons.


En 1991, l’effondrement de l’Union soviétique a marqué la fin de la « guerre froide » et a fait naître l’espoir d’un « dividende de la paix » une fois que le vieil ennemi de l’Occident se fut retiré. Il va sans dire que cela ne s’est jamais produit. Cela est apparu clairement avec la campagne serbe qui a vu l’ensemble du monde occidental s’allier contre un seul État de moins de 8 millions d’habitants.

Il n’y avait rien de spécial à ce que l’Empire occidental adopte une posture agressive après la chute de l’Empire soviétique rival. C’est la façon dont les empires fonctionnent : ce sont des organisations militaires qui se consacrent au transfert des ressources économiques de la périphérie vers le centre. Ainsi, les empires durent aussi longtemps que le coût de leur énorme appareil militaire peut être payé par les ressources qu’ils peuvent contrôler. Comme les ressources ne sont jamais infinies, elles ont tendance à être surexploitées et les empires souffrent d’un problème économique classique : les rendements décroissants. C’est la raison des cycles de croissance et d’effondrement des empires dans l’histoire.

Une des particularités des empires est leur capacité à masquer leurs mécanismes de fonctionnement. Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Empire d’Occident avait réussi à se dépeindre comme un « non-empire », une force pour le bien de l’humanité. Dans certaines limites, il n’avait pas tort : le gouvernement impérial de Washington a beaucoup fait pour reconstruire l’Europe occidentale, pour rétablir la paix et la justice, pour promouvoir la démocratie, pour tenir en échec l’empire soviétique rival. Jusqu’aux années 1990, il était encore possible de le croire, même si cela exigeait un certain degré de foi.

Nous pouvons dire que le tournant de la façon dont l’empire était vu a été la campagne de bombardement de la Serbie. Avec la meilleure volonté du monde, l’idée de « bombardement humanitaire » sonnait creux et absurde, peu importe combien de fois elle fut répétée par les grands médias. Le bombardement de l’ambassade chinoise de Belgrade, le 7 mai 1999, a marqué un tournant dans la perception de la campagne. C’est peut-être aussi le tournant qui a conduit à la fin des bombardements environ un mois plus tard.

Là encore, ce n’est pas une grande surprise : la trajectoire déclinante des empires dans l’histoire commence lorsque leur propagande cesse d’être crédible – et crue. Cela devait arriver, et c’est ce qui s’est produit. C’est le moment où l’empire commence à découvrir qu’il n’est pas aussi puissant qu’il le croyait. C’est le moment où les caisses impériales commencent à être vidées par les dépenses gigantesques qu’implique le maintien en vie d’une machine militaire monstrueusement surdimensionnée, devenue non seulement trop chère mais aussi obsolète.


21 ans après la fin de la campagne serbe, nous sommes arrivés à un point où le déclin de l’Empire d’Occident est évident. Trump est un empereur bruyant et méprisé qui semble incapable de maintenir l’empire uni entre les problèmes externes et internes. Le principal problème est peut-être simplement que l’Empire n’est plus crédible en tant que force de justice et de démocratie. On ne peut rien y faire, c’est l’histoire qui avance. Et nous avançons tous avec elle.

Ugo Bardi enseigne la chimie physique à l’Université de Florence, en Italie, et il est également membre du Club de Rome. Il s’intéresse à l’épuisement des ressources, à la modélisation de la dynamique des systèmes, aux sciences climatiques et aux énergies renouvelables.

Note du traducteur

Comme souvent, Ugo Bardi propose une analyse systémique pertinente mais aussi une incapacité à comprendre le réel. Trump veut aussi réduire les coûts en liquidant l'Empire même s'il veut garder une Amérique puissante et dominatrice.



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