Article original de James Howard Kunstler, publié le 13 Mars 2017 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
Reprenons notre souffle, alors que d’importantes
questions d’argent vont bouillonner en milieu de semaine, pour
considérer la tendance des humeurs de notre temps ici-bas ─ pendant
qu’un blizzard hurle du dehors par ma fenêtre et que les fonctionnaires
de la réserve fédérale marchent nerveusement dans les sombres allées de
l’Eccles Building.
Il est clair maintenant que nous avons quatre côtés du ring
dans la politique américaine actuelle : le Parti démocrate totalement
perdu et délirant ; les Républicains incapables ; l’État profond
intemporel avec ses soldats de la bureaucratie et ses garçons de
courses ; et Trump, le Golem-Roi de la Grandeur qui Revient. C’est quoi
le problème, pourriez-vous demander.
Les Démocrates sont réduits à une bande de néo-maoïstes sadiques
cherchant à éradiquer tout ce qui ressemble à la libre expression à
travers le pays au nom de la justice sociale. La coercition a été leur
méthode principale, surtout dans le domaine des idées où la « diversité »
signifie marcher sur le cou de votre adversaire jusqu’à ce qu’il feigne
d’être d’accord avec la novlangue des études supérieures et que le mot « inclusion » ne signifie bienvenue que si vous êtes juste comme nous. Je dis maoïstes parce que, tout comme la « garde rouge » de Mao, qui molestait les étudiants en 1966, leur mission est de « corriger »
la pensée de ceux qui oseraient s’opposer au leadership établi. Sauf
que dans ce cas, ce leadership établi a réussi à perdre une élection qui
devait être dans la poche. Le parti se trouve incroyablement affaibli
et soudainement sans but, comme une termitière construite sans reine,
les ouvriers et les soldats fuyant le centre de pouvoir dans une
hystérie autour de leur perte identitaire.
Ils se sont regroupés brièvement après la débâcle électorale pour
affronter un adversaire imaginaire, la Russie, le fantôme de l’ours, qui
aurait grimpé sur leur termitière et aurait tué la reine, mais
étrangement, aucune empreinte réelle du passage du fantôme n’a été
trouvée. Et depuis que ce fait a été clairement révélé par l’ancien chef
de la NSA, James Clapper, dans l’émission de NBC, Meet the Press,
l’hallucination sur la Russie a disparu de la première page des
médias − bien que, dans un dernier soupir intéressant de rectitude
politique, une histoire ait fait la première page,
détaillant le trafic haineux de l’Université de Georgetown dans la
traite des esclaves il y a deux siècles. Cela devrait suffire pour
fermer cet horrible cloaque une fois pour toutes !
Le Parti républicain, pour éviter de suivre les Whigs
dans les poubelles de l’Histoire, a fait une mauvaise affaire avec
cette nouvelle figure de proue qui est susceptible de rendre l’image du
parti pire que ce qu’il n’aurait jamais pu accomplir seul. Ce golden boy
a mis en demeure les caciques du parti de passer à l’action ou de se
taire à jamais au capitole, le lieu que le sénateur Rand Paul a cherché
partout la semaine dernière, où ils sont chargés de réformer le racket
qui sert de système de soins de santé du pays. Ils cherchent maintenant
comment ils vont cuire ce ragoût toxique avec de nouveaux cadeaux pour
leurs clients du cartel hospitalier, des compagnies d’assurance et du
Big Pharma. Le public qui a voté, détecte déjà l’odeur du poisson pourri
lors de ces premières dégustations de plat. Il y a de bonnes chances
que la recette finisse par être jetée dans la poubelle du Capitole, et
cela en soi pourrait mettre fin à la fête, car il est peu question du
fait que le système actuel connu sous le nom d’ObamaCare ou de la Loi
sur les soins abordables est une tumeur mortelle dans les reins de la
nation. Si les efforts pour résoudre ce problème échouent, les
républicains auront complété leur transformation du Parti du Non en Parti du Dégage.
L’État profond semble désireux de rompre ses liens avec les deux
partis en putréfaction et tente de remplacer le colosse grincheux par un
gouvernement ad hoc si nécessaire. Les chaînes de commandement
militaire et des services de renseignement restent intactes, ainsi que
leurs « actifs », et l’on peut facilement imaginer des
réunions anxieuses sur des scenarios en cours dans les salles du
Pentagone et à Langley. Et qu’est-ce qui se passerait si… ? « Et si nous ‘fumions’ juste cet enfoiré ? ».
Un vieux guerrier de l’Agence l’a fait remarquer à l’improviste, et
tous ses collègues se sont arrêtés dans leurs cogitations pour peser
l’idée. Certains ont hoché la tête en faisant la moue, et d’autres ont
seulement toussoté. Un jeune combattant dans le fond a mentionné « un petit quelque chose » sur lequel ils ont travaillé qui implique une laque et une neurotoxine dérivée d’une vipère du Gabon…
Et puis il y a notre Président lui-même : Donald J. Trump, dans la
solitude impressionnante de son dôme Twitteresque. Une étrange destinée
l’a amené jusqu’à sa place dans l’Histoire jusqu’ici, et beaucoup
d’entre nous qui étudient l’actualité depuis de nombreux mois en
arrivent au constat suivant : le dégoût sans limite des trois autres
coins de la puissance américaine ; la chute sans fin de la classe
moyenne au purgatoire de la dépossession, de l’oisiveté, des opiacés et
des tatouages ; l’accélération de l’inutilité de cette économie de la
consommation en déclin ; la matrice des rackets qui draine
systématiquement les actifs financiers de tout le monde tout en y
ajoutant l’humiliation d’un service de mauvaise qualité ; les guerres
inutiles et coûteuses dans des lieux lointains et leur conversion en
merdes permanentes ; la défiguration honteuse d’un paysage national
autrefois grandiose en une étendue sauvage de centres commerciaux
mourants et de rampes d’autoroute.
Donc, sur la scène se tient Le Donald, un géant parmi les minets
hystériques de notre temps, avec sa promesse de relever cette terre
souffrante. Je suppose qu’il nous veut du bien à sa façon torturée. Il y
a aussi beaucoup d’autres personnages de l’Histoire qui se sont
retrouvés au sommet : Idi Amin, Oncle Joseph Staline, Vlad l’Empaleur 1, Le Roi Léopold de Belgique, Adolf Vous-savez-qui, Pol Pot. La liste de ces « bienfaiteurs » est très longue.
James Howard Kunstler
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