Article original de James Howard Kunstler, publié le 17 Mars 2017 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
Eh bien, évidemment, ils se sont agacés sur la Trump
Tower. Pourquoi pas? La dernière de Trump, toute fraîche, c’est qu’il a
tweeté « mis sur écoute » comme tiré d’un minable feuilleton des années 1950, J’étais un espion pour le FBI. (Je connais des gens qui disent encore la « glacière ».)
Il a donc provoqué lui-même ─ ou plutôt le pauvre Sean Spicer ─ une
semaine de littérature légaliste, par des journalistes agissant comme
défenseurs des services secrets de l’État profond.
Quoi qu’il en soit, les documents Vault 7 de Wikileaks, publiés
plus tôt dans le mois, ont clairement indiqué que les services secrets
des États-Unis ont la capacité de couvrir et de confondre les pistes de
toute entité ─ y compris les services entre eux ─ qui s’aventure à
pénétrer tout royaume supposé privé ou sécurisé. Et, en passant, cela
établit probablement la question de qui ils sont. Quelles que soient les
contraintes statutaires qui existaient autrefois contre la CIA pour
l’empêcher d’espionner les citoyens américains, ses dirigeants les ont
oubliées depuis longtemps.
Vous pouvez aussi supposer que les forces combinées d’Hillary et
d’Obama, ainsi que de l’establishment démocrate encore enraciné,
auraient essayé fin 2016 d’arrêter la Menace Trump à tout prix.
Quelqu’un a voulu les salir en envoyant les emails de la DNC et de
Podesta à Wikileaks, et il était impératif de se défendre ─ surtout
contre le directeur du FBI James Comey (un républicain, après tout),
tous se jetant sur madame Clinton. Par conséquent, l’histoire fabriquée
de c’est la Russie qui l’a fait a obtenu plus de publicité que
toute autre hallucination politique depuis le sénateur Joe McCarthy, à
l’apogée de son influence, toute la presse jouant à l’unisson comme un
orchestre entier de cornemuses.
Il est difficile de voir comment Trump pourrait jamais établir la
vérité de cette affaire. L’un des traits étranges de ces guerres
intestines est que le ministère de la Justice ─ pour autant que nous le
sachions ─ ne dépose pas les attestations des dizaines de personnes des
services opérations de la myriade d’agences sous le parapluie de la NSA
pour établir qui a fait quoi. Quoi qu’il en soit, il y a assez de ragots
lâchés autour de Washington, pour que Trump puisse avoir une assez
bonne idée de qui, dans les diverses agences, veut lui faire la peau et
travaille contre lui, et on se demande pourquoi il n’en vire pas 13 à la
douzaine. Peut-être est-ce encore à venir.
Mais il ressemble aussi un peu au Golem d’or de la Re-Grandeur,
errant dans un champ de mines politiques si dense, avec tant de pièges
explosifs qu’il est déjà incapable de mouvements. Tout d’abord, il y a
le problème du plafond de la dette ─ qui n’a jusqu’à présent reçu
presque aucune attention des médias d’information collectifs collés aux
basques des Kardashian. Comme l’a souligné David Stockman sur son blog,
le Trésor américain a amassé un « trésor de guerre » de 500
milliards de dollars à l’automne dernier (via diverses manigances de
comptabilité), dans l’espoir que la présidente Hillary en aurait besoin
pour surmonter une tempête financière au début de son règne.
Puis, l’inconcevable s’est produit et Hillary a beaucoup gagné dans
les mauvais États et pas assez dans les bons, eh bien… Immédiatement
après la victoire de Trump, le Trésor et ses servants de la Réserve
fédérale ont organisé une dilapidation rapide du trésor de guerre, à une
vitesse d’environ 90 milliards de dollars par mois depuis novembre, de
sorte que maintenant, il ne reste plus environ qu’un mois d’avance ─ de
l’argent pour gérer le quotidien du gouvernement américain. Avec
l’échéance de l’ancien accord sur le plafond de la dette, le Congrès
devrait décider de le relever afin de permettre légalement au Trésor de
reprendre ses opérations massives d’emprunt, sinon le gouvernement ne
sera pas en mesure de payer ses factures ou de payer les pensions. Il
pourrait même faire défaut sur ses obligations « sans risque ».
Ces dangers sont théoriques pour le moment, d’autant plus qu’il y a
toujours plus de fraude comptable utilisable lorsque tout le reste
échoue. Mais plus l’impasse du plafond de la dette se poursuit au
Congrès, plus le président Trump sera pris au piège. La cerise sur le
gâteau est le mouvement de la Réserve fédérale pour relever ses taux
d’intérêt, le jour même où la trêve sur le plafond de la dette a expiré.
Cela va foudroyer le système, rendant beaucoup de prêts plus chers à
rembourser, étouffant les marchés de l’immobilier (à un moment où
l’immobilier commercial est déjà en train de sombrer) et drainant toutes
sortes d’autres mojo (cependant faussement manipulés) de l’économie Potemkine.
Comme si être pris au piège dans un champ de mines politique n’était
pas assez mauvais, la dernière planche de sécurité de Trump est bloquée,
suspendue au dessus des sables mouvants pour dinosaures qu’est la
réforme des soins de santé. À ce stade, la croisade est pire que d’aller
nulle part ─ elle est aspirée dans le bitume primordial, où les
mastodontes et les camelops dorment toujours.
James Howard Kunstler
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