Article original de Andrew Korybko, publié le 26 mars 2018 sur le site Oriental Review
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
Le secrétaire d’État, Rex Tillerson, a été remplacé par le chef de la CIA, Mike Pompeo.
Il y avait des rumeurs que c’était dans les tuyaux depuis un
certain temps, mais Trump l’a finalement décidé pendant que Tillerson
revenait de sa première tournée en Afrique. Le transfert de Pompeo de la
CIA au Département d’État achève le « nettoyage » de l’« État Profond »
que Trump a tacitement commandé depuis son entrée en fonction. Le corps
diplomatique américain n’hésite pas à manifester son hostilité envers
le président, mais les alliés libéralo-globalistes des administrations
Obama, Bush et Clinton verront assurément le reste de leur influence se
réduire sous le mandat de Pompeo, tout comme leurs homologues de la CIA
l’année passée. Cela ne signifie pas qu’ils seront complètement
étouffés, mais simplement que Trump chargera son nouveau secrétaire
d’État nommé de finir le processus de « nettoyage de la maison » que Tillerson a commencé.
En rétrospective, Tillerson n’a jamais été rien de plus qu’un outsider qui était désigné pour être un pion de « l’État profond »
dans les pattes du président, pas assez puissant pour prendre ses
propres décisions et inexpérimenté au point où cela a obligé beaucoup de
ses ennemis à démissionner en protestation. C’était la combinaison
parfaite que recherchait Trump parce que cela lui a donné plus de
contrôle sur cet appareil qu’il ne l’avait prévu, mais il sait qu’il est
maintenant temps de relâcher un peu son étreinte par proxy en se
concentrant sur des problèmes plus pressants tels que diriger la guerre
commerciale avec la Chine, d’où la nécessité pour Pompeo de prendre le
relais et de reconstruire le Département d’État durant cette période
cruciale de transition.
Ce que l’on entend par là, c’est que Trump consolide finalement son
pouvoir après avoir conclu divers compromis avec certains de ses ennemis
les plus féroces, et une partie du prétendu gentlemen’s agreement
est qu’il confie un contrôle substantiel de la politique étrangère
américaine aux néoconservateurs. Entre combattre ses ennemis dans la
bureaucratie permanente, essayer de faire avancer son agenda domestique,
se préparer pour les prochaines élections de mi-mandat plus tard cette
année et se préparer pour sa campagne de réélection de 2020, Trump a
réalisé qu’il n’avait tout simplement pas assez de temps pour créer une « troisième force »
à partir de zéro pour remplacer à la fois les libéraux-globalistes et
les néoconservateurs. C’est pourquoi il a pris la décision de se ranger
du côté de ces derniers contre le premier à ce stade.
Andrew Korybko est le commentateur politique
américain qui travaille actuellement pour l’agence Sputnik. Il est en
troisième cycle de l’Université MGIMO et auteur de la monographie Guerres hybrides : l’approche adaptative indirecte pour un changement de régime
(2015). Ce texte sera inclus dans son prochain livre sur la théorie de
la guerre hybride. Le livre est disponible en PDF gratuitement et à télécharger ici.
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