Article original de Brandon Smith, publié le 22 mars 2018 sur le site alt-market.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
Dans le Mouvement de la Liberté, nous nous référons souvent à la tactique historique du « pain et des jeux »
romains en décrivant la distraction massive et délibérée du public
d’aujourd’hui. À l’époque où les empereurs romains ont supplanté le
Sénat et dominaient la vie politique et sociale, il était jugé
avantageux de créer diverses formes de « divertissements »
souvent violents, afin de garder les citoyens occupés et donc moins
susceptibles d’agir physiquement contre la structure du pouvoir. Alors
que l’Empire souffrait d’un déclin économique, on retrouve l’utilisation
du pain et des jeux du cirque à notre époque, mais la méthode a été
raffinée et les manipulations sont devenues à certains égards plus
subtiles.
Par exemple, dans la Rome antique, les horreurs du Colisée avaient pour
but d’éloigner l’attention du public du gouvernement. Aujourd’hui, le
feuilleton gouvernemental détourne l’attention des vrais tenants du
pouvoir de la finance mondiale.
La Maison Blanche elle-même a été transformée en une autre émission
de téléréalité, et la couverture médiatique par les médias traditionnels
est implacable. Avec Donald Trump (qui n’est pas un étranger dans le
monde de la téléréalité) au centre, il est difficile pour les citoyens
d’évaluer ce qui est politiquement légitime et important. Ce dont on
nous bombarde, c’est d’un drame sans cesse plus tendu entre Trump, son
équipe et les médias, et au lieu d’ignorer ce théâtre, beaucoup de gens
cherchent désespérément à interpréter le sens derrière ce spectacle qui
n’en a aucun.
Toutes les deux semaines, un autre épisode se développe dans lequel Trump, jouant le personnage du « populiste » agressif et impétueux, vire un des membres de son « cabinet » comme si The Apprentice
n’avait pas pris fin, mais avait simplement été transféré au bureau
ovale. Certaines personnes trouvent cela amusant car Trump jour dans son
domaine d’excellence. Ceux sur la gauche politique interprètent cela
comme un abandon imprudent et la confirmation de leurs craintes que
Trump était mal adapté au métier de président. D’autres membres du
Mouvement de la Liberté qui soutenaient à l’origine la campagne de Trump
cherchent maintenant assez désespérément une justification. Ils
voulaient tellement éviter les maux inévitables d’un régime Clinton
qu’ils sont maintenant disposés à donner à Trump un blanc-seing pour
presque n’importe quoi, et ils soutiennent que le turnover sans fin à
la Trump White House n’est que la manière de Trump de remplir sa promesse électorale de « drainer le marais ».
Il est important de noter que Trump n’est PAS en train de vider le
marécage de l’élitisme à Washington D.C. Le public est tellement
concentré sur « à qui Trump botte les fesses » qu’ils oublient de prêter
attention aux institutions qui ne partent jamais. Mais qu’est-ce que je
veux dire par là ?
Regardons quelques-uns des changements de personnel très largement
médiatisés à la Maison Blanche. Dina Powell, une ancienne de Goldman
Sachs, a récemment été remplacée comme conseillère à la sécurité
nationale, et l’argument selon lequel Trump « draine le marécage »
persiste. Pourtant, Powell a été remplacée par H.R. McMaster, un membre
du Council on Foreign Relations, pas vraiment un étranger des cercles
élitistes.
Gary Cohn, un autre agent de Goldman Sachs, a quitté son poste de
conseiller économique en chef et a été remplacé par Larry Kudlow, « conservateur ». Apparemment Trump est en train de « nettoyer la place »
et d’éliminer les influences globalistes pour préparer sa guerre pour
équilibrer le déficit commercial. Pourtant, Kudlow était un coordinateur
de campagne qui a travaillé en étroite collaboration avec des gens
comme Bill Clinton et John Podesta, ainsi que d’autres personnalités
démocrates majeures. Il a débuté sa carrière en tant qu’économiste à la
Federal Reserve Bank of New York et il a supervisé la chute de Bear
Stearns, l’une des étincelles qui a déclenché la crise du crédit en
2008. Ce type n’est en aucun cas un vrai conservateur, et il n’est pas
non plus un substitut anti-mondialiste à Gary Cohn.
Le licenciement de Rex Tillerson, l’un des drames les plus récents, a
conduit à la nomination au poste de secrétaire d’État du directeur de
la CIA, Mike Pompeo. Pompeo est souvent décrit comme un ancien « membre du Congrès du Tea Party »
mais il est un partisan acharné de la surveillance de masse du peuple
américain par la NSA à travers les programmes liés à la FISA et a
qualifié Wikileaks de « service de renseignement hostile ». Tout d’abord, cela ne fait que prouver que le label Tea Party
a été si complètement coopté par l’establishment qu’il est risible de
s’y référer comme ayant une quelconque relation avec les vrais
conservateurs et champions de la liberté. Deuxièmement, cela montre
également que Trump n’a aucune intention de faire des changements
significatifs au sein de la Beltway. Seuls les changements cosmétiques sont autorisés.
Et ainsi de suite. Si on regarde de près l’administration Trump, on
découvrira que les membres du cabinet évoluent constamment, mais les
organisations et les idéologies élitistes et globalistes que ces gens
représentent sont toujours présentes à la Maison Blanche. Ils ne partent
jamais.
Le marais n’est pas « drainé » il est simplement
déplacé pour que le peuple américain ne puisse pas facilement suivre les
noms des créatures marécageuses et les positions qu’elles occupent.
Depuis l’époque de Woodrow Wilson, un président prétendûment contrôlé
à l’intérieur de la Maison Blanche par son conseiller, le colonel Mandel House (le fondateur du Council on Foreign Relations),
il est une pratique courante pour les globalistes d’utiliser les
présidents comme mandataires. C’est-à-dire que le président est
généralement une mascotte présentée au public comme la cible des
critiques politiques ou comme un outil de ralliement pour pousser la
population dans une direction particulière. Pendant tout ce temps, les
vrais tenants du pouvoir travaillent derrière le rideau, dictant la
politique vers les voies de la mondialisation ou du désastre.
Trump est un cas intéressant car cela concerne cette guerre de
quatrième génération. Jamais dans les temps modernes la rhétorique d’un
président n’a été aussi ouvertement hostile aux globalistes, tout en
hébergeant ces mêmes globalistes au sein de son administration. Jamais
auparavant une bataille fabriquée entre la Maison Blanche et la
globalisation en tant qu’idéologie n’a été utilisée comme une
distraction du globalisme lui-même. C’est quelque chose de complètement
nouveau.
J’ai mis en garde sur cette question de façon constante avant même
que Trump ne soit élu, et c’est la raison pour laquelle j’ai prédit
qu’il deviendrait président. Trump, à mon avis selon les preuves
disponibles à ce jour, est une simple opposition contrôlée. Il est une
feuille de route pour la lutte des globalistes contre les idées de
conservatisme, de souveraineté et de nationalisme. Au lieu d’attaquer
ces idées de front (une bataille perdue), les élitistes ont présenté un
homme de paille sous la forme de Donald Trump. Les actions de Trump
semblent suivre des lignes directrices conservatrices mais ses
politiques sont mal exécutées, ce qui ouvre la voie à de futurs échecs à
une échelle épique.
Comme je l’ai mentionné dans mon article « La Guerre Commerciale de Trump : un écran de fumée parfait pour un krach boursier » le
calendrier des initiatives de Trump ne pourrait pas être plus parfait…
pour les financiers internationaux et les banques centrales.
Actuellement, la Réserve fédérale et d’autres banques centrales du
monde entier se lancent dans un processus de resserrement des mesures de
relance qui soutiennent artificiellement les marchés boursiers et les
marchés obligataires depuis le krach de 2008. En particulier, la
décision de la Fed de continuer à relever les taux d’intérêt et de
réduire son bilan alors que des données économiques négatives sont
entrées en jeu a mis en lumière la mèche d’une explosion financière. La
dépendance du marché à l’égard de la dette bon marché est totale. Les
niveaux d’endettement des entreprises atteignent des sommets inégalés
alors que les entreprises s’enfoncent de plus en plus dans le rouge dans
une tentative désespérée de gonfler leurs propres cours boursiers en
procédant à des rachats d’actions. La Fed a facilité cette manipulation
de marché depuis un certain temps, mais maintenant la fête est finie.
À chaque nouvelle hausse de taux et réduction du bilan, les marchés
deviennent plus volatiles et instables. La Fed, sous la présidence de
Jerome Powell, est bien consciente de ce qu’elle fait, considérant que
Powell a mis en garde contre les conséquences de cette situation dès
2012. Il est cependant très improbable que les banquiers centraux soient
mis en cause pour l’effondrement de l’économie.
Alors que mars laisse sa place à avril, il est également important de
noter que les réductions du bilan de la Fed devraient atteindre 30
milliards de dollars par mois ou plus. Jusqu’à présent, la Fed a montré
une habitude à couper bien au-delà de ses objectifs déclarés
publiquement. Avec des marchés qui chutent de milliers de points chaque
fois qu’il y a une réduction de bilan, l’instabilité ne va augmenter
qu’exponentiellement.
Aussi, est-ce juste une coïncidence que chaque nouvelle annonce de
Trump sur les tarifs douaniers et la guerre commerciale semble avoir
lieu en même temps que les hausses de taux et les réductions de bilan de
la Fed ? Cela donne l’impression que Trump est la cause des baisses
boursières ultérieures plutôt que la banque centrale, n’est-ce pas ?
Le théâtre de ce Soap Opera de Trump continue à construire
le récit d’une présidence destructrice dirigée par un novice maladroit.
Le déclenchement d’une guerre commerciale par Trump sans les préparatifs
nécessaires, comme inciter les entreprises à réintroduire les unités de
fabrication aux États-Unis et créer ainsi une indépendance au niveau de
la production, est un excellent écran pour l’effondrement des marchés
boursiers et la vente massive des bons du Trésor américain par les
créanciers étrangers.
Pour ceux qui se demandent pourquoi les éléments globalistes vont
délibérément couler l’économie américaine, je suggère qu’ils lisent mon
article « Explications sur la fin du jeu économique ».
En résumé, pour atteindre leurs objectifs déclarés d’un système
monétaire mondial unique, ainsi que la centralisation totale de
l’administration économique mondiale, certains appendices du système
actuel doivent être sacrifiés. Un de ces appendices est l’économie
américaine telle qu’elle existe actuellement, avec le dollar américain
comme monnaie de réserve mondiale.
Une telle attaque contre notre pays et notre société ne se ferait pas
sans être visible ni sans représailles possibles. Par conséquent, les
élites bancaires ont besoin d’un bouc émissaire. Je l’ai déjà dit et je
le répète – il n’y a pas de meilleur bouc émissaire que Trump à la
Maison Blanche. Pourquoi ? Parce que la Maison Blanche de Trump a été
peinte depuis l’élection comme un symbole de conservatisme
inconditionnel, même si ce n’est pas le cas. La diabolisation des
principes conservateurs tels que le gouvernement limité, les vrais
marchés libres, la liberté personnelle, etc. devient beaucoup plus
facile quand les globalistes peuvent les rattacher à une catastrophe
internationale telle qu’un effondrement financier.
Et, depuis que Trump a été placé comme chef de file des idéaux
conservateurs, attacher la catastrophe à Trump, c’est attacher aussi
indirectement la catastrophe au reste d’entre nous.
La seule façon de saper cette tactique de guerre de quatrième
génération est que les conservateurs ignorent ce feuilleton à la Maison
Blanche et questionnent publiquement les politiques de Donald Trump
lorsqu’elles ne répondent pas aux normes logiques ou pratiques. Soutenir
aveuglément Trump à cause de sa rhétorique ne fait que nuire à notre
cause à long terme, et refuser de reconnaître le fait qu’il s’est
entouré de globalistes avec lesquels il est censé être en guerre ne fait
que nous préparer à la tragédie. Si nous restons sceptiques et
maintenons nos principes, cependant, il devient beaucoup plus difficile
pour les médias traditionnels ou n’importe qui d’autre de nous impliquer
dans une grande calamité pour laquelle Trump sera blâmé.
Brandon Smith
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