Article original de Andrew Korybko, publié le 07 avril 2018 sur le site Oriental Review
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
La Chine a répondu
aux barrières douanières de Trump avec ses propres restrictions
économiques, bien que son marché ait toujours été notoirement difficile à
pénétrer en raison des propres politiques « protectionnistes »
en faveur de ses producteurs nationaux. Mais le gouvernement a assoupli
ses règlements antérieurs ces dernières années afin de faciliter la
vision globale du pays avec la connectivité de la Route de la Soie
(OBOR). La guerre commerciale
en cours entre les États-Unis et la Chine menace de formaliser une
compétition économique de longue date entre ces deux grandes puissances
rivalisant pour le contrôle de l’ordre mondial, Washington souhaitant
conserver sa domination unipolaire d’autrefois qui s’affaiblit alors que
Pékin veut faire émerger un système multipolaire marqué par une
diversité d’acteurs théoriquement égaux.
La friction entre ces forces contradictoires est la base de la nouvelle guerre froide en cours, bien qu’il y ait beaucoup d’autres choses à dire sur cette lutte mondiale.
Les États-Unis pensaient « reconquérir Pékin »
grâce à leur alliance de la fin de la Guerre froide avec la Chine contre
l’URSS pour permettre à Washington de faire ce qui lui plaît avec ce
que ses décideurs se sont persuadés être leur plus grand État proxy à ce
jour. La trahison de la Chine à travers la tentative ratée de la Révolution de couleur de la place Tiananmen de 1989
a changé pour toujours la façon dont les dirigeants communistes de ce
pays d’Asie de l’Est considèrent l’Amérique. Néanmoins, les naïfs
libéraux-mondialistes de l’époque Clinton pensaient qu’ils pourraient
soudoyer la Chine pour qu’elle reste « loyale » à l’ordre mondial dirigé par les États-Unis qui a émergé après la guerre froide en s’appuyant sur des investissements « gagnant-gagnant » pour enrichir les élites américaines tout en aidant la Chine à se moderniser rapidement.
Pas la peine de le dire mais cette présomption s’est avérée totalement fausse.
Le soi-disant « Consensus de Washington » et les « règles du jeu »
qui s’y rattachent sont truqués afin de profiter aux États-Unis et
perpétuer indéfiniment leur hégémonie mondiale, raison pour laquelle la
Chine a continuellement enfreint les règles à son avantage. Elle a été
autorisée à le faire pendant si longtemps à cause de la relation
susmentionnée qu’elle avait avec les élites américaines
libérales-globalistes naïves qui ont profité de ce système au détriment
des Américains moyens. L’administration Obama a tenté de « contrebalancer » les conséquences géopolitiques inévitables de cette tendance en proposant le partenariat mondial dit du « Groupe des Deux ou Chimerica » avec la Chine, mais Pékin a rejeté cette approche.
En 2013, la Chine s’est sentie suffisamment confiante pour annoncer
le nouveau méga-projet OBOR, qui allait révolutionner la domination
économique américaine et le « leadership » unipolaire, mais alors les États-Unis et la Chine ont soudainement « changé » leur rôle économique mondial à la suite à l’élection de Trump. Le discours du président Xi à Davos en janvier 2017
l’a vu proclamer la Chine comme le champion d’une version réformée du
modèle de la mondialisation que l’Amérique a mené, alors que le
président Trump n’a pas caché sa préférence pour les politiques
protectionnistes-nationalistes que la République populaire utilisait
elle-même par le passé.
Le reste du monde est maintenant obligé de choisir entre ces systèmes concurrents.
Tout comme pendant la guerre froide, la nouvelle version voit la réapparition d’un autre mouvement des non-alignés (Neo-MNA) qui tente de trouver un terrain d’entente en « hybridant »
le meilleur des politiques des deux champions mais d’une manière plus
complexe et globale qu’auparavant à cause des dimensions géopolitiques
et économiques inextricables qui transcendent l’ancienne adhésion dogmatique à une idéologie unique. S’il n’y a plus d’« idéologie »
surdéterminante, il reste le pur intérêt personnel du néo-réalisme et
c’est ici que la Russie peut jouer un rôle central durant cette période
transitoire de changement systémique global en aidant les Néo-MNA à « équilibrer » leurs relations entre les deux « blocs » et récolter les avantages qui en résultent.
Andrew Korybko est le commentateur politique
américain qui travaille actuellement pour l’agence Sputnik. Il est en
troisième cycle de l’Université MGIMO et auteur de la monographie Guerres hybrides : l’approche adaptative indirecte pour un changement de régime
(2015). Ce texte sera inclus dans son prochain livre sur la théorie de
la guerre hybride. Le livre est disponible en PDF gratuitement et à télécharger ici.
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