mercredi 25 avril 2018

La troisième guerre mondiale sera une guerre économique

Article original de Brandon Smith, publié le 11 avril 2018 sur le site alt-market.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr 



 
Il y a dans les médias de masse une illusion de masse, créée, je pense, en grande partie par trop d’exposition à la fiction cinématographique et télévisuelle. C’est une hypothèse personnelle. Je crois qu’elle est beaucoup plus dangereuse que ce que beaucoup de gens pensent. L’hypothèse est que la prochaine grande guerre, si elle devait se produire, sera inévitablement une guerre nucléaire et que la catastrophe qui l’accompagnera mettra fin à tout ce que nous connaissons. Beaucoup de gens sont même excités à l’idée de la Troisième Guerre mondiale et de la notion selon laquelle cela « effacera l’ardoise » ouvrant la voie à une réforme humaine positive renaissant de ses cendres. Je suis ici pour dire que ce n’est probablement pas ce qui va se passer.


Il y a des armes beaucoup plus précises et efficaces que les armes nucléaires dans l’arsenal des globalistes de l’establishment qui manipulent les systèmes politiques dans divers pays.

Par exemple, l’utilisation de l’économie militarisée et des faux paradigmes. Comme je vous ai mis en garde depuis des années, un conflit entre l’Est et l’Ouest a été orchestré et ce conflit sera principalement économique. J’ai décrit cette dynamique en octobre 2016 dans mon article La division Est–Ouest est liée au dollar, pas à une guerre nucléaire.

L’excitation et la crainte entourant la guerre nucléaire potentielle distraient, je pense, de la menace beaucoup plus légitime d’une guerre financière mise en scène entre l’Est et l’Ouest. Il est important de se rappeler que toutes les guerres sont invariablement des guerres de banquiers − c’est-à-dire que presque toutes les guerres profitent aux financiers internationaux en créant un environnement propice à la centralisation de la richesse et du pouvoir politique. Cette notion tend à prêter à confusion chez certains analystes et activistes dans le mouvement de la liberté.

Il y a une étrange obsession pour ces gens autour de l’idée qu’il existe une véritable division internationale et que cette division inclut les gouvernements orientaux d’un côté et les gouvernements contrôlés par les globalistes de l’autre. Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité.

Considérant la réalité que les mêmes représentants et institutions globalistes qui imprègnent la finance et la politique occidentales occupent également des positions d’influence dans des pays comme la Russie et la Chine, j’ai du mal à croire qu’il y ait une sorte de « division » dans les échelons supérieurs de leurs structures de pouvoir respectives. À toutes fins utiles, les mêmes influences empoisonnées, de Goldman Sachs à JP Morgan en passant par les Rothschild, tous dirigeants de grandes corporations jusqu’à Henry Kissinger (M. « Nouvel Ordre Mondial ») pèsent aussi sur la politique économique et sociale à l’Est.
J’ai écrit au sujet du faux paradigme Est/Ouest depuis au moins 2014 en compilant des preuves sur les influences globalistes en Russie et en Chine ; vous pouvez en lire plus ici et ici.

L’essentiel est le suivant : la Russie et la Chine soutiennent pleinement les institutions contrôlées par les globalistes comme la Banque des règlements internationaux (BRI : la banque centrale des banques centrales) et le Fonds monétaire international (FMI). Les gouvernements des deux pays ont demandé au FMI d’affirmer que le cadre de leur panier de droits de tirages spéciaux constituait la base d’un nouveau système de monnaie de réserve mondiale. Encore une fois, la Russie et la Chine veulent que le FMI, une entité contrôlée par les globalistes, devienne le dirigeant de facto d’une nouvelle structure monétaire mondiale.

Cet appel en faveur d’un changement monétaire mondial complet n’a pas été pris en compte aussi sérieusement qu’il aurait dû l’être, principalement parce que les économistes dominants soutiennent qu’il n’y a pas d’alternative au dollar américain si liquide. Ce n’est plus vrai, cependant.

Avec la montée en puissance des cryptomonnaies simples à générer et le mécanisme d’échange par les blockchains faciles à tracer, les globalistes disposent désormais de l’outil liquide idéal pour remplacer le dollar comme monnaie de réserve mondiale. Tout ce dont ils ont besoin maintenant est d’un événement de crise pour couvrir la transition. C’est-à-dire que les masses doivent être complètement distraites par le théâtre d’un désastre organisé. Cela créerait le niveau approprié de peur et de confusion nécessaire pour mettre en œuvre des changements à spectre complet dans les systèmes financiers du monde sans grande résistance de la part des populations souffrant des effets de cette réinitialisation.

Il semblerait qu’un événement de crise se déclenche maintenant sous la forme d’une guerre commerciale internationale. À mon avis, cette guerre commerciale est conçue pour devenir si intense qu’elle sera un jour considérée comme une « guerre mondiale ».

La Chine se prépare à s’éloigner du dollar américain depuis au moins 2005 quand elle a commencé à émettre ce que les médias financiers occidentaux appelaient des « obligations panda » ou obligations libellées en yuans. À l’époque, l’idée était presque traitée comme une blague. Ce n’est plus le cas car la Chine a augmenté la liquidité de marché jusqu’à lui faire atteindre des milliers de milliards de yuans au cours des 13 dernières années grâce à divers instruments libellés en yuan et elle a même commencé à acheter du pétrole en yuans au lieu d’utiliser le dollar. Cela a créé ce que l’on appelle un marché du « pétro-yuan » un mouvement qui avait été prévu à l’avance par beaucoup d’entre nous dans les médias alternatifs  mais, pour les médias dominants, cela a été présenté comme une surprise. Les contrats à terme, libellés en « pétro-yuan » sont négociés à l’échelle mondiale et compte tenu du fait que la Chine est le plus grand importateur/exportateur du monde, il ne reste que peu de temps avant que de nombreux partenaires commerciaux chinois passent du dollar au yuan.

Tout cela culmine, c’est une action finale, la fin du jeu pour le développement de la guerre commerciale. Cette action sera la vente massive du dollar lui-même par la Chine et ses alliés. Avec des preuves établissant que la Chine arrête ses achats des bons du Trésor américain, cette action peut arriver beaucoup plus tôt que beaucoup de gens ne le pensent. Les opposants continuent d’affirmer que la Chine « ne rompra jamais avec les États-Unis et le dollar » pourtant, c’est exactement ce qui se passe. Il semble que ces personnes n’accepteront pas la réalité de la situation avant de la voir s’installer sur leur pelouse sous la forme d’un effondrement monétaire.

En ce qui concerne les distractions, l’activité de guerre commerciale a été très efficace. Par exemple, au cours des derniers mois, j’ai souligné l’étrange relation entre les annonces de la Réserve fédérale concernant les hausses de taux d’intérêt, les réductions de bilan et les annonces de Donald Trump sur les barrières douanières relevées contre la Chine et d’autres pays. Dans presque tous les cas, les actions de la Fed provoquent une chute importante des marchés boursiers (comme la semaine dernière quand Jerome Powell a annoncé une augmentation des hausses de taux d’intérêt et de nouvelles réductions de bilan). Trump annonce simultanément des mesures douanières plus agressives.
Les médias dominants accusent automatiquement Trump et la guerre commerciale pour l’instabilité des marchés actions tout en ignorant complètement la corrélation directe entre la Réserve fédérale qui retire le soutien artificiel aux marchés boursiers et leur déclin régulier. Les banquiers centraux ont créé une bulle massive sur les marchés, maintenant ils la font imploser et ils veulent le faire sans subir de retour de flamme pour eux-mêmes. Trump semble les aider à cet égard.

Même maintenant, il y a des économistes alternatifs et leurs disciples qui ne comprennent toujours pas ce qui se passe. Aux gens qui pensent encore que les actions de la Fed sont une « erreur de politique » que les banquiers ne sont pas conscients de ce qu’ils font et qu’ils vont finalement inverser le cours des choses et recommencer à soutenir les actions, ma question est : pourquoi le feraient-ils ?

Les bailleurs de fonds internationaux et les banques centrales ont tout à gagner en lâchant cette assurance-vie sur les actions, les obligations, l’immobilier, etc. Au milieu d’une panique de guerre commerciale, ils peuvent faire à peu près tout ce qu’ils veulent sans représailles. La responsabilité de toute catastrophe future peut maintenant être rejetée sur n’importe quel bouc émissaire. Certaines personnes vont blâmer Donald Trump et les conservateurs qui ont voté pour lui. Certaines personnes accuseront la Chine et la Russie d’être les coupables de nos maux. D’autres accuseront le « capitalisme » et les « marchés libres » en général de cette crise, même si nous n’avons pas bénéficié de véritables marchés libres depuis plus d’un siècle. Mais, très peu de gens blâmeront spécifiquement les banques mondiales.

Je peux vous dire exactement ce que les globalistes diront en salivant derrière cette panique ; ils accuseront l’égoïsme du « nationalisme » d’être le grand coupable et ils réclameront la mise en place d’un système économique mondial unique fondé sur un cadre monétaire mondial.

À bien des égards, une guerre économique mondiale pourrait être bien plus désastreuse qu’une guerre nucléaire. En cas d’effondrement économique, tout autant de personnes pourraient très bien périr à cause de l’arrêt des infrastructures commerciales et des systèmes de fret, mais les dommages peuvent être plus facilement dirigés et contrôlés de manière centralisée par les élites financières. La richesse peut être déplacée vers n’importe quel type et nombre d’actifs n’importe où sur la planète − donc l’idée que les globalistes ont quelque chose à perdre dans ce scénario est plutôt naïve. En attendant, les banques prévoient de voler encore plus de pouvoir aux organisations existantes comme le FMI. Alors que certains pays subissent une crise économique, les institutions globalistes ne feront que croître.

Dans une guerre nucléaire, il n’y a que désordre indescriptible. Dans une guerre économique, la domination centralisée reste possible. Le plus grand désastre ne serait pas la tragédie du chômage de masse, la dégradation des infrastructures, la perte de la stabilité monétaire ou la perte d’une production alimentaire et énergétique fiable. Non, le plus grand désastre serait la prospérité sans interruption des conglomérats bancaires et des organisations de type banque centrale alors que de grandes parties du monde s’écrouleraient. Le plus grand désastre sera ce qui se passera APRÈS l’effondrement − la consolidation d’un « nouvel ordre mondial » si les élites bancaires ne sont pas démasquées comme le véritable catalyseur de la prochaine guerre mondiale.

Brandon Smith

Note du traducteur

Brandon insiste dans sa logique des complicités oligarchiques par delà les frontières à un moment où les tensions géopolitiques sont exacerbées. On pourra voir assez rapidement maintenant si les oligarchies sont si complices. Il sera aussi fort intéressant de voir la réaction de cet auteur du point de vue de l'Amérique déclassée.

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