Article original de Chris Hamilton, publié le 17 septembre 2018 sur le site Econimica
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
La croissance de l’emploi aux États-Unis est menacée d’arrêt brutal et la croissance de la consommation et de l’activité économique est confrontée à un problème similaire. L’arrêt brutal est simplement le résultat d’une croissance rapide de l’emploi par opposition à une décélération rapide de la croissance démographique au sein de la main-d’œuvre potentielle… résultant en un taux d’activité qui atteindra un maximum dès 2019 ou alors pas plus tard que début 2020. Et comme la nuit suit le jour, la récession s’ensuivra dès que la croissance de l’emploi diminuera.
Le taux de participation de la population active américaine âgée de 25 à 64 ans était de 75,2% au milieu de l’année 2018. Au cours de la période postérieure à 1980 (depuis que les femmes sont entrées en masse sur le marché du travail), les taux d’activité les plus élevés se situaient entre 76% et 78% (voir le graphique ci-dessous). À ce moment-là, pratiquement tous ceux qui étaient capables et/ou désireux de travailler avaient un emploi. Le quart restant de la population âgée de 25 à 64 ans s’occupe d’éducation des enfants, de soins, ou est dans un cursus d’éducation prolongé, ou encore en retraite anticipée, incarcéré, en invalidité, avec une inadéquation des compétences ou avec des difficultés physiques ou mentales qui rendent le travail peu probable ou impossible. En termes simples, si la croissance de l’emploi se poursuit à un rythme proche du rythme actuel, d’ici la fin 2019, la main-d’œuvre ne sera tout simplement pas en mesure d’assurer une croissance supplémentaire.
Si la population américaine continue d’augmenter, pourquoi la main-d’œuvre potentielle n’est-elle pas en mesure de fournir la main-d’œuvre nécessaire à une économie en croissance ? Le graphique ci-dessous montre la croissance annuelle de la population américaine âgée de 15 ans et plus, de 1951 à 2028, au cours de la prochaine décennie. Les carrés en noir avec des chiffres jaunes montrent que la croissance démographique totale des personnes âgées de 15 ans et plus a doublé pour atteindre +2,9 millions de personnes par an en 1975 et 1998, décélérant à +2,7 millions en 2008. On en est maintenant à +2,1 millions en 2018. Mais ce qui est plus important, c’est la démographie qui constitue toute la croissance, passant des colonnes bleues représentant la croissance de la population âgée de 15 à 64 ans à la population âgée de 65 ans et plus.
À mesure que le chef de famille avance dans la vie, son revenu annuel moyen, ses dépenses et son taux d’activité sur le marché du travail augmentent, atteignent un maximum au milieu de sa vie et diminuent avec l’âge (graphique ci-dessous). Ainsi, si la grande majorité de la croissance démographique se produit chez les personnes âgées dont le revenu et les dépenses ne représentent que la moitié des années de pointe… et que les taux de participation à la population active s’effondrent, alors la croissance de la population active potentielle sera gravement touchée.
Le graphique ci-dessous montre la croissance annuelle de la population active potentielle multipliée par les taux de participation des différents groupes d’âge. L’impact de la croissance de la population, qui est passée de la population en âge de travailler à la population âgée, a gravement affecté la main-d’œuvre potentielle, et cette situation ne fera que s’aggraver à l’avenir. La croissance annuelle maximale potentielle de la population active a atteint un sommet en 1998, ajoutant 1,9 million de personnes… presque entièrement parmi la population en âge d’activité. En 2008, la croissance potentielle totale de la main-d’œuvre était en baisse d’environ 15% (par rapport au sommet), mais le changement était déjà bien amorcé, la croissance de la population en âge de travailler étant en baisse de 25% à 1,4 million par année. D’ici 2018, la croissance potentielle de la main-d’œuvre ne représentera que 35% du plus haut. D’ici 2028, la croissance annuelle de la population active ne représentera plus que 15% de celle observée au sommet de la croissance.
Alors, comment cela se traduit-il en termes de croissance de l’emploi ? Le graphique ci-dessous montre l’évolution annuelle de la masse salariale hors secteur agricole par rapport à l’évolution annuelle de la main-d’œuvre potentielle. Chaque période de croissance de l’emploi, bien au-delà de la croissance de la population active, est cerclée. Les années où les taux de participation au marché du travail ont culminé entre 25 et 64 ans sont indiquées en jaune, car il s’agissait des années où le marché du travail a manqué de main-d’œuvre potentielle disponible… et où la récession était imminente.
D’ici la fin de l’année 2018 ou au plus tard au milieu de 2019, si l’emploi poursuit sa croissance tendancielle, la population active sera essentiellement à court de personnes aptes au travail. Autrement dit, l’économie sera à court de nouveaux consommateurs et cette situation de croissance minimale de la main-d’œuvre ne fera que s’aggraver au cours de la prochaine décennie (et oui, cela tient compte des taux actuels d’immigration… si ces taux continuent de ralentir, la situation ne fera qu’empirer).
Bien sûr, sans tenir compte des graves problèmes auxquels font face les États-Unis… Les États-Unis sont encore en meilleure posture sur le plan démographique et de croissance de sa population que beaucoup ou même la plupart des pays développés et en développement du monde. Les États-Unis disposent de ressources suffisantes pour se nourrir et remplir les réservoirs, prendre soin les uns des autres, maintenir et promouvoir la paix (pour une fois). Malheureusement, la nation (et une grande partie du monde en général) ont décidé de croire aux contes de fées financiers et aux faux indicateurs qui ne nécessitent aucun choix ou changement difficile. Cependant, nous avons encore des options quant à la façon dont nous aborderons ce qui sera probablement l’époque la plus difficile de l’histoire de notre pays… mais plus nous attendons, plus les autres options deviennent difficiles et pénibles.
Chris Hamilton
Note du traducteur
En terme d'immigration, on pense aux Mexicains mais il s'agit aussi de l'attractivité de l'économie américaine pour attirer les diplômés européens et asiatiques vers la Silicon Valley par exemple. Sans cette main d’œuvre qualifiée, c'en sera fini de l'Imperium américain.
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