samedi 9 février 2019

Au milieu de l’hiver profond

Article original de James Howard Kunstler, publié le 21 décembre 2018 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr



Débâcle sur la Seine le 3 Janvier 1880 – Vue du quai Saint-Michel

Des vents malades balayent la plaine fruitière au cœur cruel de l’hiver. L’Amérique ne peut rien résoudre. L’état de l’Union est une sorte de nausée hystérique, et la nation s’accroche dans son berceau d’identités diverses toxiques en attendant que l’histoire la gifle et la remette sur ses pieds. La grande sœur de l’Histoire, la Réalité, est là, témoin de tout. Le printemps… arrive.




La débâcle arrive au printemps. La nature déverrouille ce qui était gelé. Les corps sortent de la glace fondante et mûrissent. L’air est électrique et les coups de tonnerre font peur aux foules qui se rassemblent sur la place publique, les parkings Walmart, avec des rumeurs de guerre. La terre tremble et les monuments tombent. C’est ainsi que les choses se présentent pour 2019.

Parfois, les nations perdent tout. L’effondrement complexe de la vie américaine se poursuit alors que le public et ses dirigeants ne comprennent pas les forces en jeu. Ce que la Réserve fédérale a réellement accompli avec ses dix années de politique de prolongation et de prétention n’était pas une « reprise » économique, mais une maladie dégénérative du contrat social. Si vous regardez de plus près, vous pouvez sentir ce qui se déchaînera lorsque le sol dégèlera.

Il y aura des liquidations sur les marchés financiers. Quelque chose de sinistre gronde au niveau des obligations. Plus de rendement élevé pour vous ! Parmi les victimes d’un gel du crédit dans les prêts « à haut risque » : l’industrie du pétrole de schiste. Ce printemps, elle commencera à tanguer, car l’argent ne sera plus disponible pour les opérations aux coûts exorbitants dont la fracturation hydraulique. L’effondrement rapide de l’industrie du pétrole de schiste va choquer le pays, mais ce n’est en réalité que le contre-coup de l’augmentation rapide et acrobatique qu’elle a connue depuis 2005, en partant du principe erroné que les profits n’ont aucune importance dans une entreprise commerciale. Seule la baisse sera encore plus forte que la hausse : il n’en restera que quelques années insignifiantes d’activité. Et, bien sûr, le marché obligataire représente la contre-vérité suprême de l’époque : les dettes peuvent être accumulées à jamais et ne jamais être remboursées.

M. Trump se retrouvera avec un sac si grand que les observateurs pourraient le confondre avec un Père Noël Bizarro. Mais les colis à l’intérieur ne seront pas constitués de prunes au sucre. En fait, il sera rempli de bordereaux de déclarations de faillite et de feuilles roses [Notifications de licenciement, NdT]. Dans un an, il n’y aura peut-être plus de fonds spéculatifs sur la planète Terre. Ou d’opportunité d’emploi, à moins d’être très doué pour désherber ou cueillir des fruits. M. Trump va tenter un sauvetage, mais Herbert Hoover aussi, qui a eu trois bonnes années pour essayer ceci et cela pendant que la Dépression balayait la terre comme un champignon mortel. La différence, bien sûr, c’est que M. Hoover a été reconnu comme l’un des esprits les plus brillants de son époque, et pourtant la Réalité lui a finalement réservé de bien mauvaises manières.

Le Parti démocrate aurait dû être jeté dans une pièce molletonnée il y a deux ans, mais il est toujours en train de hurler dans son carcan de mauvaise foi. Kamala, Liz et Kirsten se battront dans la boue pour en prendre le contrôle, mais jusqu’à présent, les seules cartes qu’elles peuvent montrer sont les jokers des races et du genre. Pendant ce temps, l’impasse du blocage du gouvernement n’est peut-être pas la décision « gagnante » que Nancy Pelosi pensait qu’elle serait. Pourquoi pensez-vous qu’elle imaginait que les électeurs n’accuseraient que le Golem d’Or de la Grandeur ? Elle pourrait être virée de son poste de « Speaker » quand nous serons en retour obligés de relever nos manches de chemise.

Toujours à l’arrière-plan : le revirement probablement choquant de la longue et lugubre affaire du RussiaGate dans laquelle une vingtaine d’anciens fonctionnaires du FBI, du ministère de la Justice, de la CIA, du département d’État et d’autres coins sombres de l’État profond répondent des accusations de sédition devant la cour fédérale. Beaucoup d’entre elles sont liées, d’une manière ou d’une autre, à Hillary Clinton, qui pourrait en être la cible elle-même. Robert Mueller risque également d’être accusé de poursuite abusive dans l’affaire du général Michael Flynn lorsqu’il retirera son plaidoyer de culpabilité en mars. Un moment important sera celui où Dean Baquet sera licencié en tant que rédacteur en chef du New York Times, après des années d’exploitation du « journal de référence » comme un exercice de TPM non-stop.

La répression financière et l’inversion de la tendance dans le RussiaGate laisseront les deux principaux partis dans la boue à mesure que la marée refluera. Et cela juste à temps pour que le mouvement des Gilets Jaunes traverse l’océan et fasse sortir les foules dans la rue pour envahir le National Mall avec le beau temps revenu. Enfin, une protestation à laquelle vous pouvez croire ! D’ici juin, il sera clair que l’ancien ordre sera balayé. La lutte pour le nouvel ordre qui se bat pour naître sera encore plus dure et plus meurtrière. Mais nous pourrions ne plus etre aussi confus sur ce qui est en jeu.

Too much magic : L'Amérique désenchantée 

James Howard Kunstler

Pour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d’abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu’au ciel.

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