Article original de James Howard Kunstler, publié le 2 mai 2016 sur le site Kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
Dans cette décennie de danger maximal, un Dieu farceur nous a
donné deux candidats totalement détestés pour diriger une nation
défaillante alors que les événements avancent, poussés par toutes sortes
de récits pétillants. Par exemple : l’idée que des initiés
républicains peuvent bloquer le chemin de Trump vers la nomination. Ces
initiés sont peut-être des fantômes après tout. Par exemple, les
répugnants frères Koch [milliardaires finançant les campagnes électorales, NdT]
ont déjà basculé du côté d’Hillary. Trump ne ratera pas leurs
contributions à sa campagne pour une minute à New York (alors qu’Hillary
pourrait trouver un moyen de bourrer d’argent quelques coffres-fort de
la Fondation Clinton dans les Îles Caïmans).
Des événements, la semaine dernière, ont renforcé la donne de Trump
lorsque des manifestants à l’extérieur d’un rassemblement de The Donald à Costa Mesa, en Californie, ont agité des drapeaux et des pancartes mexicaines demandant le rétablissement de l’Aztlán del Norte.
Cela appuie sa position à propos de l’immigration clandestine, n’est-ce
pas? Trump a également gaffé, enfin c’est supposé l’être, en disant
qu’il ne restait à Hillary que sa carte féminine à jouer parmi ses atouts pour l’élection. Je ne suis pas si sûr qu’il ait tort à ce sujet – bien que l’aiguille de l’indignomètre ait dansé en traversant la ligne rouge après ce qu’il a dit.
En est-on arrivé là? Le parti des femmes contre le parti des hommes?
Quel genre de psychodrame idiot ce pays est-il en train de jouer? Maman
et papa luttant dans la boue lors d’une année électorale qui se vautre,
elle, dans la fange? Nous faut-il une grande prescription de
télé-réalité pour voir la mer plus brillante? N’y a-t-il pas de
meilleures façons de comprendre les difficultés que nous rencontrons?
Dernièrement Hillary a été vantée pour sa capacité à mettre Wall
Street sur un piédestal, après que Wall Street l’a
installée théoriquement à la Maison Blanche. Les électeurs (surtout les
femmes) pourraient vouloir prêter attention aux éloges d’Hillary, pour
le traitement par le président Obama des turpitudes bancaires non encore
résolues, sept ans après le braquage de 2008. Qu’est-ce que la loi Dodd-Frank (signée par O
en 2010) a accompli, sauf fournir des contournements plus lucratifs,
via un texte trop-complexe-pour-être-compris pour les banques trop
grandes pour faire faillite? Ce texte a été écrit par les lobbyistes des
banques et des avocats, et comportait environ 2 270 pages de plus que
l’ancienne loi, le Glass-Steagall Act, que Bill Clinton a vaporisé en 1999. Pensez-vous que Bill et Hillary pourraient avoir parlé ensemble de l’abrogation du Glass-Steagall Act à l’époque? Vous vous demandez ce qu’elle en pensait à l’époque… en étant avocate et tout ça?
Cette semaine, l’attention était fixée sur les primaires en Indiana,
où le diabolique Ted Cruz a désespérément tenté sa dernière carte contre
Trump, le juggernaut.
Il semble que l’ancien président de la Chambre John Boehner ait
effectivement réussi à planter un pieu en bois dans l’hypothétique cœur
de Cruz, par hasard en remarquant qu’il était «le fils de pute le plus misérable avec qui j’ai jamais travaillé».
Il est par ailleurs un peu difficile d’expliquer ensuite que Ted a
essayé une manœuvre en envoyant son nouveau pittbull Carly Fiorina [autre candidate battue et annoncée colistière de Cruz, NdT]
pour prétendre qu’il n’a jamais travaillé avec le Président de la
Chambre – une annonce risible pour un législateur national, dans le même
parti.
Tout cela serait amusant si les États-Unis n’étaient pas en train de
glisser dans le crépuscule de ce que beaucoup de gens appellent la modernité –
qui est un code pour l’hyper-complexité techno-industrielle que nous
avons pu apprécier ces derniers temps tous ensemble. Nous avons encore à
comprendre les rendements décroissants, en entassant plus de complexité
sur ce qui est déjà trop complexe. Le clou du spectacle, pour la
plupart des gens ordinaires, devrait être la Loi sur les soins
abordables (également signé par O en 2010). Alors que les stylistes astucieux de Dodd-Frank
ont facilement mystifié le public, la plupart des adultes opérationnels
comprennent ce que cela signifie quand leurs primes d’assurance maladie
augmentent de 20% et qu’avec la nouvelle franchise, il est impensable
d’envisager même d’aller aux urgences.
La triste vérité est peut-être que les rackets de ce genre sont
irréformables, et que nous ne pouvons pas commencer à faire les choses
différemment jusqu’à ce qu’ils s’effondrent. Il devrait être évident,
par exemple, que les soins de santé américains ont besoin d’être
organisés à l’opposé du système actuel – le gigantisme incarné par les
colossales fusion/acquisitions entre méga-hôpitaux, pour revenir à des
soins dispensés à la clinique locale, où les médecins et leurs
subalternes ne sont pas pressurés par une matrice oppressive d’extorsion
par les maîtres des charges financières. Il pourrait y avoir moins de
technologies clinquantes dans ce modèle à l’avenir, mais beaucoup plus
de pratique dans les soins, ainsi que la fin du pillage financier qui
met les ménages en faillite pour des maladies relativement courantes
(l’appendicectomie à $90 000).
De même, dans pratiquement tous les autres domaines de la vie
américaine, la tendance réelle encore non abordée dans cette campagne
électorale, serait de découpler et dés-escalader notre lourde, toxique
et hyper-complexe époque qui est en train de passer, pour trouver notre
chemin vers une réorganisation de ce que l’on sait être l’économie
politique.
En attendant : le spectacle de clown continue.
James Howard Kunstler
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire