Article original de Dmitry Orlov, publié le 28 Juin 2016 sur le site ClubOrlov
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
Compte
tenu de ce qui se passe en ce moment avec le Brexit, il est difficile
de ne pas écrire un petit quelque chose à ce propos, et je ne vais même
pas essayer de résister à la tentation. Les marchés boursiers sont en
chute libre, les banques sont sur la corde raide, l’or monte fortement
et les financiers de la City à Londres et à Wall Street courent dans
tous les sens avec leurs cheveux en feu. Mais au-delà de ces
superficialités financières, ce qui se passe réellement, c’est que la
lutte de classes est de retour comme une forme de vengeance au
Royaume-Uni avec le référendum, une forme susceptible de se propager.
Dans ce référendum, les générations les plus âgées, qui savent à quelle
classe elles appartiennent, ont voté pour virer leurs suzerains fourbes à
Bruxelles et à Londres, tandis que les plus jeunes générations, aux
cerveaux bien lavés par la propagande de l’UE, ne l’ont pas fait.
Certains experts ont affirmé qu’il y a une sorte de fossé entre
les générations, mais je pense que les générations plus âgées ont fait
une chose intelligente, et que cela peut être expliqué de manière
adéquate, par le fait que ses membres sont vraiment plus intelligents.
Vous voyez, les imbéciles ont tendance à mourir jeunes, et le simple
fait de survivre est un signe d’intelligence. Mais ce n’est qu’un à-côté
mineur.
Le point principal est que les élites fourbes ont grand besoin d’être
virées, à la fois en Europe et aux États-Unis. Il y a plusieurs
problèmes avec elles, que je voudrais énumérer brièvement:
• Elles ont tendance à être néolibérales, et à épouser toutes les
idées erronées qui viennent avec cette idéologie faillie. Les résultats
sont évidents : les retraités volés, les jeunes privés d’un emploi
enrichissant; des fabuleuses richesses pour une petite élite et
l’austérité pour tout le monde; plus de tout pour l’Allemagne, moins de
tout pour tout le monde. Un système financier qui est fondamentalement
un système de Ponzi, qui va certainement sauter, et peut être de la
façon dont je l’ai expliqué.
• Elles ont tendance à être sous l’emprise des néo-conservateurs à
Washington et, avec eux, elles vacillent d’une catastrophe à l’autre.
Les résultats sont encore évidents : une liste complète de pays détruits
(Afghanistan, Irak, Libye, Yémen, Syrie, Ukraine), un flot de migrants
de ces pays inondant l’Europe pour ce qui est la plus grande crise
mondiale de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale, et les
provocations extrêmement dangereuses et tout à fait inutiles contre la
Russie.
• Elles épousent une idéologie qui cherche à effacer toutes les
distinctions ethniques et culturelles et qui force une rectitude
politique repoussante pour tout le monde, sauf pour les musulmans (qui,
curieusement sont considérés comme en étant exonérés). Après avoir
éliminé les libertés humaines les plus importantes (y compris, la plus
importante, la liberté de la presse, qui en Europe est captive des
intérêts des grandes entreprises), les deux libertés restantes désormais
défendues en Europe sont la liberté impitoyable de la dérive du
continent et la liberté de se livrer à toute les perversions sexuelles
que vous voulez, y compris la bestialité et la pédophilie.
• Mais le plus gros problème avec ces élites transatlantiques est le
suivant : elles ne peuvent pas être virées. Plus elles échouent, plus
enkystées elles deviennent. De toute évidence, cela n’a rien à voir avec
l’éducation, ou le mérite, ou la popularité; c’est tout simplement une
question de classe. Les élites se considèrent comme des Übermenschen, vivant au-dessus des simples mortels. La démocratie
est un jouet pour eux. La plupart du temps, ils ont été en mesure de
manipuler la politique à leur avantage. Lorsque cela échoue, les petites gens doivent voter encore et encore jusqu’à ce qu’ils ne se trompent plus. Mais ce politiquement correct est maintenant en train d’échouer, des deux côtés de l’Atlantique, car il semblerait que les petites gens en aient finalement assez.
Le recours automatique est de commencer à insulter les petites gens,
dans une tentative pour les intimider et obtenir leur soumission. S’ils
ne veulent pas voir leur pays envahi par les migrants illégaux (noter
qu’avoir eu votre pays détruit par l’OTAN ne vous qualifie pas pour
l’asile politique), ils sont traités de racistes et de sectaires. S’ils
ne parviennent pas à saisir quelques-uns des éléments les plus fins de
la gouvernance bureaucratique de l’UE (parce que, franchement, qui
voudrait perdre du temps à comprendre tout ce non-sens?), ils sont
traités d’ignorants et d’égarés. Et, surtout, s’il y a un krach
financier (qui semble inévitable dans tous les cas de figure, voir la pyramide de Ponzi ci-dessus), alors ils seront blâmés pour leurs mauvais choix dans les urnes.
Peut-être le plus important de tout : tous les efforts sont faits
pour assimiler le patriotisme avec le nationalisme et le fascisme.
Maintenant, cela demande une explication, car ces concepts sont
parfaitement distincts :
• Le patriotisme est l’amour de sa terre et de son peuple indigène.
C’est un produit naturel, résultat organique d’une éducation reçue au
sein d’un certain groupe de gens qui ont aussi grandi là, et qui
transmettent le long héritage culturel et linguistique qu’ils aiment et
chérissent tous. Cela ne signifie pas que ceux qui ne sont pas de la
famille, du voisinage ou de la région soient inférieurs, mais ils ne
sont pas eux, et on les aime moins.
• Le nationalisme est un produit de synthèse généré en utilisant
l’éducation publique, qui est centré autour de certains symboles creux :
un drapeau, un hymne, quelques morceaux de papier jaunis, quelques
mythes créateurs et ainsi de suite. Il est soutenu par certains rituels
(défilés, discours, remise de médailles) qui composent un culte civique.
Le but du nationalisme est de soutenir l’État-nation. Lorsque le
nationalisme répond aux besoins de la terre et de sa population
autochtone, le nationalisme et le patriotisme sont alignés; quand le
nationalisme détruit ce lien, le nationalisme devient l’ennemi et les
patriotes forment des mouvements partisans, se lèvent pour détruire
l’État-nation.
• Le fascisme est la fusion parfaite de l’État-nation et des
entreprises, dans le cadre de laquelle la distinction entre les intérêts
publics et privés s’effacent et les grandes entreprises en viennent à
dicter la politique publique. Une expression presque parfaite du
fascisme sont les récents accords commerciaux transatlantique et
trans-pacifique négociés en secret par l’administration Obama, qui pour
le moment, au grand soulagement de tout le monde, semblent être
mort-nés.
Il devrait être évident que le fascisme doit être vaincu, et si nous
devions choisir une seule très bonne raison de virer les élites
transatlantiques, alors c’est celle de contrecarrer cette prise de
pouvoir par les grandes entreprises. Mais cela ne s’arrête pas là, parce
que le nationalisme et le patriotisme sont également en jeu. Le
patriotisme est une valeur humaine naturelle, base sans laquelle tout ce
que vous avez, c’est une population déracinée se déplaçant selon les
possibilités offertes. Le nationalisme est une innovation relativement
récente (les États-nations sont une invention du XVIIe
siècle) et en tant que telle dangereuse, mais dans le cas de certains
des États-nations les plus vieux et les plus efficaces, il fournit des
avantages importants : une tradition culturelle chérie et ancrée à une
langue nationale et à une littérature, la capacité de maintenir la paix
et de repousser les agressions extérieures. Et puis il y a l’Union
européenne, avec son drapeau représentant une constellation d’étoiles
qui sont évidemment en orbite autour de quelque chose, quelque chose qui
ne peut être qu’un trou noir, car il est invisible. Les États-Unis sont
de la même manière une entité artificielle, synthèse d’une très récente
déviance, avec leur drapeau représentant évidemment un plateau de
biscuits en forme d’étoiles qui ne sont, pour la plupart,
malheureusement, plus disponibles pour les petites gens, parce que les élites ont décidé qu’elles veulent tous les biscuits pour elles-mêmes.
Il est donc nécessaire de les virer. Si cela doit être fait en votant
(par opposition à la baïonnette), alors l’objet du scrutin est d’élire
quelqu’un qui est, d’abord et avant tout, capable de virer ces élites.
Les Britanniques semblent avoir fait cela; c’est maintenant au tour des
Américains. Une question intéressante qui est parfois posée (après que
les gens ont fait des réclamations délirantes comme quoi Donald Trump
est fou, misogyne, raciste, fasciste, mauvais homme d’affaires,
généralement pas très agréable ou tout autre argument négatif) est de
savoir s’il est qualifié pour gouverner. À mon avis, cette question se
réduit à une autre, beaucoup plus simple: est-ce qu’il est qualifié pour
virer des gens? Et la réponse est, oui, il est très certainement
qualifié pour virer des gens. En effet, «Vous êtes viré!» est
l’une de ses marques déposées. En fait, il vient récemment de virer son
propre directeur de campagne. Hillary Clinton, d’autre part, dirige
l’ensemble de la cohorte des personnes qui ont besoin d’être virées. Et
voilà pourquoi je pense qu’il y a une bonne chance que les petites gens se lèvent enfin et votent pour quelqu’un qui va le faire.
Dmitry Orlov
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