jeudi 21 septembre 2017

Dans le noir

Article original de James Howard Kunstler, publié le 11 Septembre 2017 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr


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Le marché boursier augmente ce matin au son des informations, seulement 5,7 millions de personnes en Floride devront se passer de l’air conditionné, des douches chaudes et des Korig Mochachinos alors que l’aube se lève en ce lundi 11 septembre 2017. Je suis conscient que le cycle des informations juste après un ouragan est un peu vide pendant un jour ou deux, alors que les citoyens étourdis et confus s’aventurent sur les lieux pour évaluer les dégâts. Pour l’instant, il existe très peu d’informations sur les ondes du Web. Est-ce que Key West existe toujours ? Dur à dire. Nous en saurons plus ce soir.



La double frappe de Harvey et Irma a permis aux gens, chargés des affaires de la nation, d’avoir une chance incroyable de se débarrasser de ce problème de plafond de la dette. C’est la loi qui fixait une limite sur le montant de la dette du gouvernement national que la Réserve fédérale pouvait « acheter ». Certains d’entre vous pensent peut-être : acheter une dette ? Pourquoi quelqu’un voudrait-il acheter la dette de quelqu’un ? Eh bien, vous voyez, c’est une dette titrisée, c’est-à-dire des obligations émises par le Trésor des États-Unis, qui paient des intérêts, et il y a donc une incitation à l’acheter. Quoi qu’il en soit, par le passé, le taux d’intérêt réel était positif après avoir déduit le pourcentage d’inflation courante. C’est là que la situation devient intéressante.
La loi sur le plafond de la dette était supposée fixer des limites quant à la dette sous forme de bons que le gouvernement pouvait émettre (combien il pouvait emprunter), de sorte qu’il ne pouvait pas brûler de l’argent qu’il n’avait pas. Ce qui est exactement ce qui s’est passé malgré la limite de cette dette parce que le « plafond » a été augmenté environ cent fois entre le XXe et le XXIe siècle, de sorte que la dette accumulée s’élève à environ 20 000 milliards de dollars.

Les personnes rationnelles reconnaissent ces 20 000 milliards de dollars pour ce qu’ils sont, un volume surnaturel d’obligations et comprennent qu’elles ne seront jamais remboursées, alors, pourquoi ces artifices ? Pourquoi ne pas simplement laisser tomber ce prétexte, et continuer à faire tourner ce racket du gouvernement empruntant autant d’argent qu’il le veut, avec la Réserve fédérale créant cet argent (ou ce « quasi-argent ») sur ses ordinateurs jusqu’à l’infini. Cela semble fonctionner jusqu’à présent.

Les gens rationnels soupçonneraient également qu’à un moment donné, quelque chose pourrait lâcher. Par exemple, la valeur des dollars dans lesquels la dette est émise. Si la valeur des dollars diminue, la valeur réelle des obligations émises en dollars diminue et, quand cela va se produire, les nombreux détenteurs d’obligations déjà émises − les particuliers , les fonds de pension, les compagnies d’assurance, les fonds souverains des pays étrangers − auront une forte incitation à se débarrasser de ces bons le plus rapidement possible. Surtout si les magiciens de la Fed en coulisses et ses servantes, les banques, « les dealers de terrains », continuent à réduire les taux d’intérêt de ces obligations à tout prix.

La Réserve fédérale va-t-elle alors racheter tous les bons que d’autres déverseraient sur le marché ? Elle va essayer certainement. La Banque du Japon a fait exactement cela avec les bons de son propre gouvernement sans aucun effet néfaste apparent, même si vous vous demandez ce qui se passe quand un serpent mangeant sa propre queue atteint sa tête. Que reste-t-il, exactement, après l’avoir aussi mangé ? Ma propre estimation tient en trois mots : vous gagnez un aller-simple pour le moyen-âge. Je veux dire littéralement. Plus de moteurs, de lumières électriques, de chauffage central …

Dans ce pays, nous sommes confrontés à une situation dans laquelle, à la fois, la valeur de l’argent et le coût de l’emprunt seront en fin de course complètement détachés de la réalité, la réalité étant le coût et la valeur réelle de tous les biens et services échangés contre de l’argent. Voila : une crise monétaire royale nous plongeant vers l’enfer et la perturbation du commerce au niveau le plus macro imaginable. En outre, sûrement, il y aurait une perturbation massive des services gouvernementaux, y compris la sécurité sociale et l’assurance-maladie, mais s’étendant bien au-delà avant … le moyen-âge. Le mulet remplacera le Ford F-150. Mais The New York Times trouvera bien quelque chose à écrire de plus sur la Russie et les trans.

La valeur de l’argent et le coût de l’emprunt est d’une importance plus fondamentale qu’il n’y parait dans une économie dite avancée. Vous pouvez vous moquer de beaucoup de choses qui font tourner une société, mais quand cela dérape, vous flirtez sérieusement avec l’anarchie. En attendant, nous verrons comment la colle sociale maintient les choses ensemble dans les parties de la Floride qui vont avoir un aperçu des attractions médiévales dans les jours sans électricités à venir.

James Howard Kunstler

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