jeudi 28 septembre 2017

La désinformation : comment fonctionne-t-elle ?

Article original de Brandon Smith, publié le 9 août 2012 sur le site alt-market.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr



Il fut un temps, pas si lointain, où les gouvernements et les groupes d’élites qui les contrôlaient n’avaient pas besoin de s’engager eux-mêmes dans des guerres de désinformation.

La propagande était relativement simple. Les mensonges étaient beaucoup plus simples. Le contrôle du flux d’information était facilement dirigé. Les lois avaient été renforcées avec la menace d’une confiscation de propriété et d’être exécuté pour quiconque s’écartait de la structure sociopolitique rigide. Ceux qui avaient des informations théologiques, métaphysiques ou scientifiques en dehors de la vision du monde collectif classique et scénarisé étaient torturés et abattus. Les élites gardaient l’information pour elles-mêmes et cachaient ses vestiges de la connaissance générale, parfois pendant des siècles avant leur redécouverte.



Avec l’avènement de l’anti-féodalisme et, surtout, le succès de la Révolution américaine, les élites ne pouvaient plus dominer l’information avec le tranchant d’une lame ou le canon d’un fusil. L’establishment des Républiques, avec leur philosophie de gouvernement ouvert et par le peuple, a contraint les minorités aristocratiques à tracer des moyens plus subtils d’entraver la vérité et de maintenir son emprise sur le monde sans se révéler au châtiment des masses. Ainsi, l’art complexe de la désinformation est né.

La technique, la « magie » du mensonge, a été raffinée et perfectionnée. La mécanique de l’esprit humain et de l’âme humaine est devenue une obsession infinie pour l’establishment.
Le but était malveillant, mais socialement radical. Au lieu de dépenser une énergie impossible nécessaire pour dicter la forme même et l’existence de la vérité, ils lui ont permis de dériver, obscurcie dans un brouillard de données arrangées. Ils ont enveloppé la vérité dans un nœud gordien de mauvaises directions et de fabrications si élaborées qu’ils se sont sentis sûrs et certains que la majorité des gens se rendraient et abandonneraient, longtemps avant d’avoir fini de démêler la tromperie. Le but n’était pas de détruire la vérité, mais de la cacher à la vue.

Avec les temps modernes, et avec des méthodes soigneusement élaborées, ce but a été en grande parti accompli. Cependant, ces méthodes présentent également des faiblesses intrinsèques. Les mensonges sont fragiles. Ils ont besoin d’une attention constante pour les maintenir en vie. L’exposition d’une seule vérité peut déchirer un océan de mensonges, les faire s’évaporer instantanément.

Dans cet article, nous examinerons les méthodes utilisées pour fertiliser et favoriser la croissance de la désinformation, ainsi que la manière d’identifier les racines de la désinformation et de les réduire efficacement, dans le but d’affaiblir l’ensemble du système de tromperie une fois pour toutes.

Méthodes de désinformation médiatique

Les médias traditionnels, une fois chargés d’enquêter sur la corruption gouvernementale et de maintenir les élites hors d’atteinte, sont devenus un cabinet de relations publiques pour les responsables corrompus et leurs gestionnaires globalistes. Les jours du « journaliste d’enquête » légitime sont comptés depuis longtemps (si ils ont jamais existé), et le journalisme lui-même s’est dégradé en un groupe riche de soi-disant « éditorialistes de télévision » qui considèrent leurs propres opinions sans fondement comme des faits avérés.

La cooptation élitiste des informations s’est déroulée sous une forme ou une autre depuis l’invention de l’imprimerie. Cependant, les premières méthodes de désinformation des médias se sont véritablement concrétisées sous la supervision du magnat du la presse, William Randolph Hearst, qui croyait que la vérité était « subjective » et ouverte à son interprétation personnelle.
Certaines des principales tactiques utilisées par les médias traditionnels pour tromper les masses sont les suivantes :

Gros mensonges, Rétractation discrète : les sources principales des médias (en particulier les journaux) sont notoires pour avoir rapporté des histoires en première page, visiblement malhonnêtes et dénuées de fondement, puis de s’être rétractées discrètement en dernière page au sujet de ces histoires en cas de flagrant délit. Dans ce cas, le but est de faire passer le mensonge dans la conscience collective. Une fois que le mensonge a finalement été exposé, il est déjà trop tard, et une grande partie de la population ne remarquera pas ou ne se souciera pas de la vérité lorsque elle apparaîtra.

Des sources non confirmées ou contrôlées deviennent des faits : les sites de télécommunications par câble citent souvent des sources « non identifiées », des sources gouvernementales qui ont un biais ou un agenda évident ou des « experts » sans fournir l’opinion d’un « autre expert ». L’information fournie par ces sources n’est généralement soutenue que par une foi aveugle.

Omission calculée : autrement connue sous le nom de « sélection de cerises ». Une information simple ou un élément avec un fond de vérité peut faire dérailler toute une histoire de désinformation, alors, au lieu d’essayer de la faire briller, ils font simplement comme si elle n’existait pas. Lorsque le fait est omis, le mensonge peut sembler tout à fait rationnel. Cette tactique est également largement utilisée lorsque les agents de désinformation et les journalistes corrompus s’engagent dans un débat ouvert.

La distraction et la fabrication de la pertinence : parfois, la vérité s’inscrit dans la conscience publique, peu importe ce que les médias font pour l’enterrer. Lorsque cela se produit, leur seul recours est de tenter de changer l’attention du public et de le distraire de la vérité qu’il était si proche de saisir. Les médias font cela en « sur-médiatisant » un sujet qui n’a rien à voir avec les questions les plus importantes en jeu. Ironiquement, les médias peuvent prendre une histoire sans importance, et en faisant des rapports ad nauseum sur ce sujet, font en sorte que de nombreux Américains supposent que parce que les médias n’arrêtent plus d’en parler, il faut que cela soit important !

Tactiques malhonnêtes lors de débats : parfois, des hommes qui s’intéressent réellement à la poursuite, par l’Américain moyen, d’une information légitime et honnête menée par les faits passent au travers des mailles et apparaissent à la télévision. Cependant, ils ne peuvent que rarement partager leurs points de vue ou leurs idées sans avoir à se battre face à un mur de tromperie et une propagande consciencieusement empaquetée. Parce que les médias savent qu’ils perdront leur crédibilité s’ils ne permettent pas à des invités d’avoir des points de vue opposés, de temps à autre, ils mettent en place et chorégraphient des débats télévisés spécialisés dans des environnements très restrictifs qui mettent l’invité sur la défensive et rendent difficile la possibilité pour lui de transmettre clairement ses idées ou les faits.

Les experts de la télévision sont souvent formés à ce qu’on appelle couramment la « stratégie d’Alinsky ». Saul Alinsky était un relativiste moral et un champion de l’utilisation du mensonge comme outil pour faire avancer le « bien supérieur » ; globalement, un Machiavel moderne. Son manuel de Règles pour les radicaux était censé être destinés aux militants de base qui s’opposaient à l’establishment et mettaient l’accent sur l’utilisation de tous les moyens nécessaires pour vaincre l’opposition politique. Mais est-il vraiment possible de vaincre un establishment construit sur des mensonges, en utilisant des mensonges encore plus élaborés et en sacrifiant son éthique ? En réalité, ses stratégies sont le format parfait pour les institutions et les gouvernements corrompus pour dissuader la contestation des masses. Aujourd’hui, les règles d’Alinsky sont utilisées plus souvent par l’establishment que par son opposition.

La stratégie d’Alinsky : gagnez à tout prix, même si vous devez mentir

Les stratégies d’Alinsky ont été adoptées par les gouvernements et les spécialistes de la désinformation à travers le monde, mais elles sont très visibles dans un débat télévisé. Alors que Alinsky encourageait le besoin de confrontation dans la société, ses tactiques de débat sont en fait conçues pour contourner une confrontation réelle et honnête des idées opposées avec des tours de passe-passe et des tactiques de contournements. Les stratégies d’Alinsky et leur utilisation moderne peuvent se résumer comme suit :

1) Le pouvoir n’est pas seulement ce que vous avez, mais ce que l’ennemi pense que vous avez.

Nous voyons cette tactique sous de nombreuses formes. Par exemple, en projetant l’image de votre propre mouvement comme étant un média majeur et celui de votre adversaire comme étant à la marge. Convaincre votre adversaire que sa lutte est futile. Votre opposition peut agir différemment, ou même hésiter à agir du tout, en fonction de leur perception de votre pouvoir. À quelle fréquence avons-nous entendu cette ligne : « Le gouvernement a des drones ‘Predator’. Il n’y a rien que les gens puissent faire maintenant… » C’est une projection d’invincibilité exagérée conçue pour susciter l’apathie des masses.

2) Ne jamais sortir de son domaine d’expérience et chaque fois que possible, sortir l’ennemi du sien.

Ne vous enfermez pas dans un débat sur un sujet que vous ne connaissez pas aussi bien ou mieux que votre opposition. Si possible, placez-les eux dans une telle situation. Sortez vous de ce piège par des tangentes. Recherchez des moyens d’accroître l’insécurité, l’anxiété et l’incertitude de votre opposition. Ceci est couramment utilisé contre les personnes interrogées au hasard sur les émissions d’information par câble dont les positions sont configurées pour être biaisées. La cible est aveuglée par des arguments apparemment non pertinents qu’elle est contrainte d’aborder. À la télévision et à la radio, cela permet également de réduire le temps de diffusion pour empêcher l’objectif d’exprimer sa propre position.

3) Faites en sorte que l’ennemi se range à vos propres règles.

L’objectif est de cibler la crédibilité et la réputation de l’adversaire par des accusations hypocrites. Si le tacticien peut attraper son adversaire même avec le plus petit échec, il crée une ouverture pour de nouvelles attaques et éloigne le débat d’une question morale plus large.

4) Le ridicule est l’arme la plus puissante contre l’homme.

« Ron Paul est un cinglé. » ;  « Les adorateurs de l’or sont fous. » ; « Les constitutionnalistes sont des extrémistes. » Le ridicule sans argument de fond est presque impossible à contrer parce qu’il est censé être irrationnel. Il met l’opposition en fureur, réaction qui est à votre avantage. Cela fonctionne aussi comme un point de pression pour forcer l’ennemi à faire des concessions.

5) Une bonne tactique est celle que votre public apprécie.

La vulgarisation du terme « Teabaggers » est un exemple classique ; il s’est répandu de lui-même parce que les gens semblent penser que c’est intelligent, et que vous aimez le dire. Gardez vos éléments de discours simples et amusants aide votre équipe à rester motivée et aide vos tactiques à se propager de façon autonome, sans instruction ni encouragement.

6) Une tactique trop utilisée devient un boulet.

Voir la règle n°5. Ne devenez pas la vieille info. Si vous maintenez vos tactiques à jour, il est plus facile de garder vos personnes actives. Tous les agents de désinformation ne sont pas payés. Les « idiots utiles » doivent être motivés par d’autres moyens. La désinformation traditionnelle change souvent de braquet d’une méthode à l’autre avant d’y revenir.

7) Maintenez la pression avec les tactiques et des actions différentes, et utilisez tous les événements du moment pour vos besoins.

Continuez à essayer de nouvelles choses afin de maintenir l’opposition dans l’incertitude. Quand l’opposition maîtrise une approche, frappez la sur le côté avec quelque chose de nouveau. Ne jamais donner à la cible la possibilité de se reposer, de se regrouper, de récupérer ou de se réorganiser. Profitez des événements du moment et modifiez leurs implications pour soutenir votre position. Ne laissez jamais une bonne crise se perdre.

8) La menace est généralement plus terrifiante que la chose elle-même.

Cela va de pair avec la règle n°1. La perception est la réalité. Laissez votre opposition dépenser toute son énergie dans l’attente d’un scénario insurmontable. Les scénarios trop catastrophiques peuvent facilement empoisonner l’esprit et entraîner une démoralisation.

9) La principale prémisse de la tactique est le développement d’opérations qui maintiendront une pression constante sur l’opposition.

L’objectif de cette pression est de forcer l’opposition à réagir et à commettre les erreurs nécessaires au succès ultime de la campagne.

10) Si vous poussez une idée négative assez fortement et assez profondément, elle trouvera son opposition.

En tant qu’instruments d’activisme de base, les tactiques d’Alinsky ont été historiquement utilisées (par exemple, par des mouvements ouvriers ou des spécialistes des opérations secrètes) pour forcer l’opposition à réagir avec violence contre des militants, ce qui conduira à un élan de sympathie populaire pour la cause de ces militants. Aujourd’hui, les faux mouvements de base (ou cooptés) et les révolutions utilisent cette technique dans le débat ainsi que dans les actions et les rébellions planifiées (voir la Syrie comme exemple récent).

11) Le prix d’une attaque réussie est une alternative constructive.

Ne laissez jamais l’ennemi marquer des points parce que vous êtes pris sans solution dans un problème. Aujourd’hui, c’est souvent utilisé de manière offensive contre les militants légitimes, comme les adversaires de la Réserve fédérale. Se plaindre que votre adversaire ne fait que « signaler les problèmes ». Demander qu’ils offrent non pas seulement une « solution », mais LA solution. Évidemment, personne n’a LA solution. Comme ils ne parviendront pas à produire le miracle que vous avez demandé, rejetez leurs arguments en totalité et tous les faits présentés seront grillés.

12) Choisissez la cible, gelez-la, personnalisez-la et polarisez-la.

Coupez la de son réseau de soutien et isolez la de toute sympathie. Les partisans de la cible s’exposeront. Traquez des personnes individuelles, pas des organisations ou des institutions. Les gens sont plus faciles à ébranler que des institutions.

La prochaine fois que vous verrez un débat dans les médias, regardez attentivement les experts, vous verrez probablement beaucoup, sinon toutes les stratégies ci-dessus, utilisées contre certains individus sans méfiance tentant de dire la vérité.

Méthodes de désinformation sur Internet

Les trolls d’Internet, également appelés « commentateurs payés » ou « blogueurs payés », sont de plus en plus ouvertement employés par des entreprises privées ainsi que des gouvernements, souvent à des fins de marketing et de « relations publiques » (Obama est célèbre pour cette pratique). Le « trolling » Internet est en effet une industrie à croissance rapide.

Les trolls utilisent une grande variété de stratégies, dont certaines ne sont déployées que sur internet, en voici quelques-unes :

1. Faire des commentaires scandaleux conçus pour distraire ou frustrer : une tactique d’Alinsky pour atteindre les gens émotionnellement, bien que cela soit moins efficace en raison de la nature impersonnelle du Web.

2. Présentez-vous comme un partisan de la vérité, puis faites des commentaires qui discréditent le mouvement : nous l’avons vu même sur nos propres forums −  les trolls se posent en tant que partisans du mouvement de la Liberté, puis publient des diatribes longues et incohérentes de manière à apparaître racistes ou fous. La clé de cette tactique est de faire des références aux arguments communs du mouvement de la liberté tout en balbutiant des bêtises, afin de rendre les arguments qui autrement seraient valides, comme ridicules par association. Dans des cas extrêmes, ces « trolls de type cheval de Troie » ont été connus pour faire des articles qui incitent à la violence – une technique visant évidemment à solidifier les fausses affirmations des propagandistes de think-tank comme le SPLC, qui prétend que les constitutionnalistes devraient être redoutés en tant que terroristes domestiques potentiels.

3. Dominer les discussions : les trolls s’insèrent souvent dans des discussions Web productives afin de les noyer et frustrer les personnes impliquées.

4. Réponses pré-écrites : De nombreux trolls reçoivent une liste ou une base de données avec des points de discussion pré-planifiés conçus comme des réponses généralisées et trompeuses face à des arguments honnêtes. Lorsqu’ils les publient, leurs mots semblent étrangement en plastique et bien récités.

5. Fausse association : cela fonctionne main dans la main avec le point n°2, en invoquant les stéréotypes établis par le « Troll cheval de Troie ». Par exemple appeler ceux qui militent contre la Réserve fédérale des « théoriciens de la conspiration ou des fous » ; associant délibérément des mouvements anti-globalistes avec des racistes et des terroristes locaux, en raison des connotations négatives inhérentes ; et en utilisant de fausses associations pour provoquer des biais et dissuader les gens d’examiner les preuves objectivement.

6. Fausse modération : prétendre être la « voix de la raison » dans un argument avec des côtés évidents et définis dans une tentative de détourner les gens de ce qui est clairement vrai dans une « zone grise » où la vérité devient « relative ».

7. Arguments de l’homme de paille : une technique très courante. Le troll accusera son opposition de souscrire à un certain point de vue, même s’il ne le fait pas, puis attaquera ce point de vue. Ou, le troll mettra des mots dans la bouche de son opposition, puis réfutera ces mots spécifiques.

Parfois, ces stratégies sont utilisées par des personnes ayant des problèmes sérieux de personnalité. Cependant, si vous voyez quelqu’un utilisant souvent ces tactiques ou en utilisant plusieurs d’entre elles en même temps, vous pourriez avoir affaire à un troll payé.

Arrêt de la désinformation

La meilleure façon de désarmer les agents de désinformation est de connaître leurs méthodes à l’intérieur et à l’extérieur. Cela nous permet de souligner exactement ce qu’ils font en détail au moment où ils essaient de le faire. L’exposition immédiate d’une tactique de désinformation telle qu’elle est utilisée est très destructrice pour la personne qui l’utilise. Cela la fait paraître stupide, malhonnête et faible pour avoir même tenté d’en user. Les trolls surtout sur Internet ne savent pas comment gérer quand leurs méthodes sont déconstruites juste devant leurs yeux et habituellement ils se replient et s’en vont lorsque cela se produit.

La vérité est précieuse. Il est triste qu’il y en ait tant de gens dans notre société qui en ont perdu le respect ; les gens qui ont négocié avec leur conscience et leur âme pour un confort financier temporaire tout en sacrifiant la stabilité et l’équilibre du reste du pays dans le processus.

La psyché humaine respire dans l’air de la vérité. Sans elle, l’humanité ne peut pas survivre. Sans elle, les espèces s’effondreront, affamées par le manque de subsistance intellectuelle et émotionnelle.
La désinformation ne menace pas seulement notre vision du fonctionnement de notre monde ; cela nous rend vulnérables à la peur, à l’incompréhension et au doute : tout ce qui mène à la destruction. Cela peut conduire de bonnes personnes à commettre de terribles atrocités contre d’autres, ou même contre eux-mêmes. Sans un effort concerté et organisé pour désamorcer les mensonges de masses produits en série, l’avenir est sombre.

Brandon Smith

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